Le professeur en économie, Ridha Chkoundali, a indiqué que la Tunisie avait réussi à honorer ses engagements en 2023 à travers plus d’emprunts. « En 2023, nous avons payé douze milliards de dinars sous forme de dette intérieure et 8,7 sous forme de dette extérieure… En 2024, nous devons payer 12,4 milliards de dinars sous forme de prêts intérieurs et seize milliards de dinars sous forme de prêts extérieurs », a-t-il dit.

S’exprimant le 23 janvier 2024 durant « Émission impossible » de Borhen Bssais sur IFM, Ridha Chkoundali a affirmé que les prêts extérieurs sont passés de 7,6 en 2022 à 10,6 en 2023. Il a expliqué que les nouveaux prêts ont permis de couvrir la dette de la Tunisie. Néanmoins, ceci aura, selon lui, un coût économique important.

« Nous avons diminué les dépenses au niveau de la balance des paiements… Il s’agit des matières premières permettant de produire plus et des produits de base consommés par les Tunisiens tels que le café ou la farine… À supposer que les Tunisiens soient patients, la diminution des matières premières ne conduira-t-elle pas à une baisse de la production ? Ceci équivaut à des pertes au niveau des revenus fiscaux…

En 2023, les revenus fiscaux ont diminué de plus d’un milliard de dinars, ce qui nous a poussés à emprunter encore plus… Le coût économique est élevé, notamment au niveau du recul dans la croissance économique, de la hausse du chômage, de l'évolution de l’inflation ou encore de la hausse de la dette publique…

Pour ce qui est de la dette intérieure, le même phénomène peut être observé… Les prêts intérieurs ont évolué… Il y a aussi la hausse des revenus du secteur touristique et des transferts des Tunisiens résident à l’étranger…

Selon la loi de finances 2024, l’emprunt extérieur a fortement progressé… Le problème réside en l’origine encore non-identifiée des prêts… Nous ne savons pas vers qui nous tourner pour emprunter 10,3 milliards de dinars des seize milliards de dinars de prêts extérieurs…

Il y a beaucoup de paiements qui doivent être effectués durant le premier trimestre de 2024… En février, nous devons rembourser 850 millions d’euros… Il s’agit d’un prêt syndiqué contracté par le gouvernement de Youssef Chahed en 2017… Il y a 90 millions de dollars à payer aux Fonds Monétaire International... Cinquante millions de dollars à rembourser dans le cadre d’un prêt contracté auprès de l'Arabie saoudite… Quatorze millions de dinars en raison d’un prêt contracté auprès du Fonds Monétaire Arabe.

Il y a, aussi, d’importantes sommes à rembourser sous forme de prêts intérieurs : 702 millions de dinars dans le cadre d’un prêt syndiqué de 52 semaines, en plus de 383 millions de dinars… Le retard de paiement des prêts intérieurs entraîne des frais de remboursements supplémentaires », a-t-il poursuivi.

Le professeur en économie, Ridha Chkoundali a assuré que la Tunisie avait la possibilité, pour le moment, de rembourser sa dette et d’honorer ses engagements grâce à ses réserves en devises. Néanmoins, il a appelé à la méfiance puisque l’exploitation de celles-ci impactera les importations en matières premières et en produits de base.

Pour rappel, la ministre des Finances, Sihem Nemsia avait affirmé, à la date du 22 janvier 2024, que la Tunisie avait réussi à rembourser l’intégralité de ses dettes pour l’année 2023.

S.G