
Le Front de salut national a dénoncé, lundi 5 mai 2025, une nouvelle instrumentalisation de la justice à des fins politiques à travers le procès de figures de l’opposition, accusées sans preuves sérieuses.
Plusieurs figures de l’opposition comparaîtront mardi 6 mai 2025 devant la chambre spécialisée dans les affaires de terrorisme du tribunal de première instance de Tunis. Parmi elles : Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, Youssef Chahed, ancien chef du gouvernement, et Nadia Akacha, ex-cheffe du cabinet présidentiel. « Ces personnalités sont poursuivies pour des accusations désormais devenues classiques telles que formation d’un groupement terroriste ou complot contre la sûreté de l’État », souligne le communiqué.
Les faits reprochés remontent aux années 2012 et 2013 et concernent essentiellement la gestion du ministère de l’Intérieur sous Ali Larayedh. « Fait notable : ce dernier a été totalement blanchi des accusations relatives à des nominations illégales au sein des forces de sécurité. Les poursuites à son encontre, ainsi qu’à l’encontre de Sadok Chourou, ont été abandonnées. En revanche, toutes les charges ont été maintenues contre Rached Ghannouchi, non pas pour des actes précis, mais au seul motif de son statut de chef d’Ennahdha, présenté comme chef d’une supposée organisation terroriste. Autre cas révélateur : celui de Habib Ellouz, accusé sans qu’aucun lien ou acte concret ne puisse lui être imputé », précise le front de salut.
Les accusations visant les autres personnalités politiques sont, elles aussi, jugées infondées. « Elles reposent sur une chaîne de communications indirectes portant sur des informations présumées sensibles en provenance du palais présidentiel, transmises de Nadia Akacha à travers Rayen Hamzaoui, maire de la ville d’Ezzahra, qui les aurait relayées à l’ancien député Maher Zid, lequel les aurait ensuite communiquées à Rached Ghannouchi via Kamel Bedoui. Des allégations que Rayen Hamzaoui a totalement réfutées, niant tout lien avec Nadia Akacha. Aucun élément probant n’est venu contredire ses déclarations. Quant aux informations évoquées, elles sont banales et ne présentent aucun danger pour la sécurité de l’État, même si leur véracité était avérée », peut-on lire également.
Le Front ajoute : « c’est sur la base de telles charges que la chambre antiterroriste doit examiner demain ce que l’on appelle désormais l’affaire du « Complot 2 », symbole d’un glissement manifeste dans l’usage de la loi antiterroriste, détournée de son objet initial pour punir des opposants politiques, faire taire leurs voix et semer la peur parmi les citoyens ».
Dans son communiqué, le Front de salut national a dénoncé « une nouvelle dérive autoritaire ». Il s’insurge notamment contre la tenue de l’audience à distance, en violation du droit des prévenus à se défendre publiquement et réaffirme que « toute reddition de comptes à l’égard de responsables politiques ne saurait avoir lieu que dans des cadres politiques, respectant la liberté d’expression, le débat contradictoire et la transparence ».
Le Front exige l’arrêt de ces procès qu’il qualifie de « simulacres », la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, et appelle les forces politiques et civiles à « accentuer la pression pour restaurer l’État de droit, la justice indépendante et les conditions d’un procès équitable ».
H.K

