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22 ans de privatisation en Tunisie: un bilan mitigé
04/03/2009 | 1
min
22 ans de privatisation en Tunisie: un bilan mitigé
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Avec 217 entreprises au compteur jusqu’ici, le programme de privatisation des entreprises publiques en Tunisie a permis d'asseoir les fondements d'une économie plus libérale, ouverte sur l'extérieur et basée sur la promotion de l'initiative privée. En plus des jolis pactoles qui ont renfloué les caisses de l’Etat, le passage des entreprises aux mains des privés a entraîné la modernisation des outils de production et des procédures de gestion ainsi qu’une incontestable amélioration de l’image du pays et une meilleure visibilité des entreprises cédées au plan international. Mais tout n’est cependant pas rose dans le bilan du programme mis en œuvre à l’instigation de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International depuis 1987. D’autant plus que le désengagement de l’Etat des secteurs productifs ne s’est pas accompagné, selon les experts, d’une multiplication des investissements créateurs d'emplois et d’une dynamisation du marché financier par la réalisation d'offres publiques de vente.

Le gouvernement tunisien a cédé 217 entreprises publiques ou semi-publiques depuis le lancement du programme de privatisation il y a vingt-deux ans. Ces opérations ont rapporté au trésor public quelque 6,013 milliards de dinars, dont environ 90% d'investissements étrangers, selon un bilan officiel arrêté au 31 décembre 2008.
Au total, 114 entreprises (53%) ont été cédées totalement alors que 41 entités (19%) ont fait l’objet d’une liquidation, le reste ayant été vendu partiellement ou accordé sous forme de concession.

Le secteur des services tient le haut du pavé en matière de privatisation avec 53,9% des entreprises cédées, suivi par l’industrie (37,8%). L’agriculture et la pêche se situent toujours en bas du tableau avec 8,3%, en raison d’une politique assez protectionniste de l'Etat dans ce domaine.
La ventilation des recettes de privatisation par secteur atteste toujours de la suprématie du secteur des services qui accapare pour lui seul plus de 84 ,5% des revenus des opérations réalisées. Ce secteur a totalisé un volume de 4917millions de dinars (MDT), grâce notamment à la cession de 35% du capital de Tunisie Télécom au consortium émirati «Técom-Dig» pour la coquette somme de 3052 MDT. Le secteur industriel vient en deuxième position avec des recettes estimées à plus de 1000 MDT soit 17,6% du total.
Concernant l'agriculture, les revenus de la privatisation restent très limités, ne dépassant pas les 41 MDT.

Le désengagement de l’Etat des secteurs productifs, longtemps décrié par les syndicats, a entraîné une modernisation des techniques de production ainsi que des procédures de gestion des entreprises transférées au secteur privé. « La quasi-totalité des entreprises et des unités privatisées ont réussi à améliorer leurs performances», indique un récent rapport de la Commission d’assainissement et de restructuration des entreprises publiques ou à participation publique (CAREPP).
Hormis l’impact micro-économique qui concerne l’évolution des situations financière et concurrentielle de chaque entreprise transférée au secteur privé, d’autres impacts à caractère macro-économiques sont à relever. La privatisation a en effet donné un incontestable coup de fouet à l’investissement direct étranger et raffermi l'intérêt que portent les investisseurs étrangers à l’économie tunisienne.

La privatisation a également favorisé le développement de professions et d’activités nouvelles liées aux services financiers (banques d’affaires, OPCVM, sociétés de bourse…).

Mais plusieurs ombres demeurent au tableau. Bon nombre de grandes opérations de privatisation ne se sont pas accompagnées d’investissements créateurs d’emplois, selon certains spécialistes. « En réalité, les privatisations, en plus du fait qu’elles font passer une part plus ou moins importante de l’appareil productif local aux mains du capital mondial, n’ont pas permis d’augmenter de façon décisive l’investissement productif, puisque l’investisseur étranger se contente d’acquérir des unités productives existantes sans s’engager à investir et à créer des emplois », précise l’économiste Fathi Chemkhi dans une étude sur les impacts économiques et sociaux du programme de privatisation en Tunisie.
Autres « dommages collatéraux » des opérations de privatisation : les licenciements et la perte d’emplois. «L’importance des licenciements qu’occasionnent les privatisations en particulier, n’est pas facile à déterminer avec précision, tant ces opérations sont entourées d’un flou total, tout au plus connaît-on le nom de l’entreprise privatisée et le produit officiel de la vente », souligne M. Chemkhi, estimant à des dizaines de milliers le nombre d’emplois perdus, suite à des opérations de privatisation.

D’autre part, Il y a lieu de mettre en relief le peu d’intérêt que semblent prêter le secrétariat d’Etat chargé de la privatisation au marché boursier tunisien. Le nombre d’entreprises cédées via la bourse par offre publique de vente (OPV) ne dépasse pas le nombre des doigts d’une seule main. Un nombre qui n’a pas permis d’améliorer la liquidité et la profondeur du marché financier et de créer des conditions attrayantes pour les investisseurs.
A titre de comparaison, la capitalisation de la bourse de Casablanca a été multipliée par 83 fois grâce au passage d’un bon nombre d’entreprises marocaines privatisées par le marché financier. D’où la nécessité pour la Tunisie de combler ces lacunes afin de tirer parti, au mieux , du programme de privatisation lancé à l’instigation du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale.
04/03/2009 | 1
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