
Aram Belhadj, docteur en sciences économiques, enseignant-chercheur à l'Université de Carthage et expert-consultant, a affirmé que la révision de la masse salariale ne signifiait pas la réduction des salaires. « La masse salariale est passée de 10,7% en 2010 à 16% en 2021 du PIB… Or, la moyenne de cette masse au sein d’autres pays émergents non-exportateurs de pétrole est de 8,7% du PIB. La Tunisie enregistre le double de ce chiffre ! Au Maroc, elle est à 10,7% du PIB et en Egypte à 5,2% du PIB », a-t-il rappelé.
Invité le 5 février 2022 par Fares Khiari sur les ondes de la radio IFM, Aram Belhadj a expliqué que plus de 70% des fonctionnaires publics étaient affiliés à quatre ministères (L’Intérieur, la Défense, la Santé et l’Education). Il a affirmé que la hausse du nombre de fonctionnaires au sein de ces ministères résultait en partie des recrutements aléatoires, falsifiés et basés sur le favoritisme.
« Nous devons procéder à un nettoyage au sein de ces départements ! Des individus ont intégré la fonction publique alors qu’ils n’y étaient pas éligibles. Nous devons nous pencher, d’un autre côté, sur la productivité. D’après l’Institut national de la statistique, elle est passée de 3,3% en 2000-2010 à 0,2% actuellement ! Le problème fondamental est celui de la productivité ! Il ne s’agit pas d’une question de nombre d’employés », a-t-il ajouté.
Aram Belhadj a considéré que le programme de réformes proposé au Fonds monétaire international n’aura pas d’impact sur la situation en Tunisie. Il a affirmé que les salaires des fonctionnaires publics devaient être révisés à la hausse. Il a estimé que des mesures telles que l’encouragement du départ à la retraite anticipé avaient déjà prouvé leur inefficacité. « La même mesure avait été mise en place en 2018. Le gouvernement avait estimé qu’entre 20.000 et 25.000 fonctionnaires allaient en bénéficier. Finalement, seulement 6.600 fonctionnaires ont demandé de partir à la retraite », a-t-il précisé.
Concernant les congés accordés pour la création d’entreprise, Aram Balhadj a affirmé que la situation générale du pays n’encourageait pas les investissements. « Le climat de l’investissement n’est pas favorable à la création d’entreprises ! Il y a des problèmes au niveau de la bureaucratie et de la lutte contre la corruption ! Aucun fonctionnaire public ne prendra le risque de quitter son emploi ! », a-t-il insisté.
Aram Belhadj a appelé le gouvernement à opter pour une véritable approche inclusive et à entamer un dialogue social franc. « Il n’y a aucun signe de dialogue avec les partenaires sociaux », a-t-il déploré.
S.G


Une masse salariale qui alimente le commerce informel, pourquoi et comment y remédier?