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Amira : les pharmaciens ne pourront pas renouveler l’accord avec la Cnam avec les conditions actuelles !
10/11/2022 | 10:51
5 min
Amira : les pharmaciens ne pourront pas renouveler l’accord avec la Cnam avec les conditions actuelles !

 

Le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (Spot) Naoufel Amira a affirmé que le syndicat n’est pas prêt à renouveler l’accord avec la Cnam dans les mêmes conditions que l’année précédente.

Rappelons dans ce cadre que le Spot avait indiqué il y a quelques jours que le contrat entre les pharmacies privées et la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) prend fin le 31 décembre 2022 et que les autorités de tutelle n'ont pas contacté les pharmaciens pour le renouvellement de cet accord, ce qui place en porte-à-faux pharmaciens et citoyens.

 

Invité de l'émission Expresso sur Express FM, M. Amira a martelé : « On ne peut pas signer une convention avec la Cnam sur cinq ans alors qu’elle n’a pas respecté celle d’avant. On est le seul pays à travailler sans carte vitale, la carte Lebess n’étant pas active ».

Et d’expliquer que pour que le Spot signe un accord sur un délai à moyen terme, il faut qu’il y ait la digitalisation, un paiement dans des délais acceptables, l’application des conventions, l’amélioration du quotidien du pharmacien, du malade et de la Cnam.

«Nous sommes restés dans le système de renouvellement d’un accord annuel, car la Cnam ne peut pas faire un accord sur cinq ans », a-t-il souligné. Et de marteler : « Nous avons passé une année très difficile en 2022 avec la Cnam et on ne peut pas renouveler l’ancien accord car à titre d’exemple les délais de paiement cet été ont atteint 160 jours alors que les pharmaciens privés doivent payer les médicaments au comptant outre le fait que certains pharmaciens n’ont pas été payés à cause du changement de code de certains médicaments ».

 

 

Le président du Spot a, en outre, rappelé que la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT) a deux genres de clients : le secteur privé solvable et bon payeur et le secteur public qui est la cause directe de la situation financière de l’institution.

Ainsi, le malade et le secteur privé sont pénalisés à cause de la mauvaise gestion de la situation et chaque jour la liste des médicaments manquants change mais en s’allongeant malgré les efforts de la PCT pour trouver des solutions mais malheureusement ses moyens demeurent limités.

Et de rappeler que nos besoins de médicaments ne dépassent pas 3% par rapport aux besoins africains.

« Notre avantage était d’avoir un seul interlocuteur, la Pharmacie centrale qui était solvable et les licences étaient rapidement octroyées : la Tunisie était avant-gardiste dans le domaine. Après la révolution, les problèmes ont commencé et en 2016, il a été décidé de prioriser le versement des salaires des retraités sur la santé. Aujourd’hui la dernière déclaration du directeur général des caisses sociales affirme que les dettes de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) envers la Cnam ont atteint 6,64 milliards de dinars », a-t-il expliqué.

 

S’agissant de l’Agence nationale du médicament, qu’on veut créer et qui est annoncée depuis 2013, Naoufel Amira a estimé que cela peut être une solution, en lui octroyant le pouvoir administratif de décider vite.

« Ce qui se passe de par le monde c’est que pour un nouveau médicament, les laboratoires envoient un lien de téléchargement pour l’autorité de contrôle. En Tunisie, c’est une autre paire de manches, il faut tout un dossier avec plein de paperasserie, puis il doit être analysé en Tunisie, or le Laboratoire national n’a plus la capacité de tout analyser, à cause de la hausse de la demande », a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Pour mettre en place ce genre de contrôle, il faut des moyens importants. Donc les délais s’allongent et ça prend des années. Donc, il faut changer le système ».

 

En ce qui concerne les laboratoires étrangers qui vont quitter le pays, le président du Spot a soutenu que les prix des médicaments n’ont pas augmenté depuis quinze mois, ce qui représente un effort considérable de la part des fabricants tunisiens de produits pharmaceutiques ainsi que de la Pharmacie centrale.

« Les moyens des laboratoires Tunisiens et étrangers ne sont pas les mêmes. Donc, on aura toujours besoins de laboratoires étrangers qui sont installés dans le pays depuis quarante et cinquante ans et qui emploient des Tunisiens », a-t-il noté.

Et de marteler : « Leur départ est une réelle perte, n’ayant pas trouvé une vision, la mise en place de réformes et le changement de lois. Ils ont eu beaucoup de patience, aujourd’hui, c’est à nous de faire les efforts pour les attirer de nouveau. Il faut être responsable et imposer des deadlines ! ».

 

Il y a deux jours, une séance de travail sur la situation de la Pharmacie centrale (PCT) a réuni le ministre de la Santé Ali Mrabet, la ministre des Finances et de l'Appui à l'investissement Sihem Boughdiri Nemsia, le PDG de l’institution et la PDG de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), en présence des cadres des deux ministères.

Rappelons que Le secteur vit une crise depuis quelques années à cause des problèmes des caisses sociales, aggravée par la situation des finances publiques. Ainsi, le pays vit au rythme des ruptures et des pénuries de certains médicaments.

Certains laboratoires pharmaceutiques ont décidé de quitter le pays. Les pharmaciens grossistes répartiteurs menacent d’entamer un lock-out à partir du 15 novembre prochain, à cause du refus des autorités compétentes de leur fournir une attestation d’exonération de retenue à la source sur les ventes de médicaments au titre de 2022. Chose qui a inquiété le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOPT) qui a exprimé sa profonde préoccupation face aux répercussions de cet arrêt d’activités sur le système de distribution de médicaments et sur le système de santé. Ils ont, d’ailleurs, appelé la cheffe du gouvernement ainsi que toutes les autorités compétentes à intervenir rapidement pour solutionner cette crise et éviter ses répercussions dramatiques.

 

I.N

10/11/2022 | 10:51
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