
Leqembi (nom scientifique : lecanemab) représente une avancée majeure dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, une pathologie neurodégénérative qui affecte des millions de personnes à travers le monde.
Après une approbation initiale aux États-Unis en 2023, ce traitement vient d’obtenir en 2025 l’autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne.
Que faut-il en retenir ? Voici un tour d’horizon complet et actualisé.
1. Qu’est-ce que Leqembi ?
Leqembi est un anticorps monoclonal humanisé conçu pour cibler et éliminer les plaques de bêta-amyloïde dans le cerveau.
Ces dépôts anormaux de protéines sont l'une des principales caractéristiques biologiques de la maladie d'Alzheimer, notamment à ses tout premiers stades.
En d’autres termes, Leqembi agit comme un "nettoyeur" biologique, aidant le système immunitaire à repérer et détruire ces plaques toxiques avant qu'elles n'endommagent de manière irréversible les neurones.
Développé par deux laboratoires pharmaceutiques — Eisai (Japon) et Biogen (États-Unis) — Leqembi incarne une approche ciblée dans la lutte contre Alzheimer.
2. Comment agit Leqembi ?
La maladie d'Alzheimer est caractérisée notamment par l'accumulation de plaques de bêta-amyloïde entre les cellules nerveuses du cerveau, perturbant la communication neuronale et menant progressivement à la mort cellulaire.
Leqembi se lie spécifiquement à certaines formes de bêta-amyloïde, facilitant ainsi leur élimination par le système immunitaire.
Cependant, il est important de souligner que Leqembi ne répare pas les lésions déjà installées, ne restaure pas les fonctions cognitives perdues et son objectif est de ralentir l’évolution de la maladie, en particulier lorsqu’elle est détectée très tôt.
3. Quelle est son efficacité ?
Leqembi a démontré son efficacité dans l'essai clinique de phase 3 CLARITY AD. Après 18 mois de traitement, les patients sous Leqembi ont vu la progression de leur déclin cognitif ralentir de 27 % par rapport à ceux sous placebo. Ils ont également mieux conservé certaines aptitudes pratiques du quotidien, comme la gestion des finances ou l'organisation d'activités simples.
Ce ralentissement est qualifié de modeste par les spécialistes. Il ne s'agit pas d'un "retour à la normale", mais d'un allongement du temps pendant lequel les patients conservent encore un certain degré d'autonomie.
4. À qui s’adresse Leqembi ?
Leqembi est indiqué pour les patients souffrant d’un déclin cognitif léger ou d'une maladie d’Alzheimer au stade léger.
Il est réservé aux patients dont la présence de plaques amyloïdes a été confirmée par imagerie cérébrale (PET scan) ou par analyse du liquide céphalo-rachidien.
Le traitement n’est pas recommandé pour les formes modérées ou sévères de la maladie.
5. Comment est administré Leqembi ?
Le traitement consiste en une perfusion intraveineuse toutes les deux semaines. Chaque séance dure environ une heure.
En parallèle, des IRM cérébrales régulières sont requises pour surveiller d'éventuels effets secondaires graves, notamment les anomalies liées au traitement.
6. Quels sont les effets secondaires possibles ?
Le traitement par Leqembi n'est pas sans risques. Les principaux effets indésirables recensés sont les anomalies liées à l’imagerie cérébrale (ARIA), qui peuvent se présenter sous forme d’œdèmes (ARIA-E) ou de microhémorragies (ARIA-H).
D'autres effets secondaires possibles incluent des céphalées, des réactions liées aux perfusions comme la fièvre, les nausées ou les frissons, ainsi que des épisodes de confusion passagère.
Dans de rares cas, des complications graves ont été signalées, incluant des hospitalisations voire des décès. C’est pourquoi une évaluation minutieuse des risques et un suivi médical rigoureux sont indispensables.
7. Quel est son prix ?
Aux États-Unis, Leqembi est commercialisé à environ 26 500 dollars par an, soit environ 2 200 dollars par mois. Ce coût n'inclut pas les examens d’imagerie, les frais de consultation ni l'accompagnement médical nécessaire.
Le prix et l’accès au traitement en Europe dépendront des négociations spécifiques dans chaque pays, notamment avec les organismes d'assurance santé.
8. Quelles sont les autorisations officielles ?
Leqembi a obtenu une autorisation accélérée de la Food and Drug Administration (FDA) américaine en janvier 2023, suivie d’une autorisation complète en juillet 2023 après évaluation approfondie.
En mars 2025, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a accordé une autorisation conditionnelle pour Leqembi dans l'Union européenne. Cette décision repose sur les résultats de l’étude CLARITY AD et implique que le laboratoire devra continuer à fournir de nouvelles données sur l’efficacité et la sécurité du médicament.
La prescription de Leqembi en Europe sera encadrée par des règles strictes, réservée aux patients répondant à des critères médicaux précis.
9. Quelle est la position des experts ?
Les réactions dans la communauté scientifique sont partagées.
Du côté positif, Leqembi offre une preuve tangible qu'une thérapie anti-amyloïde peut ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer. Il s'agit du premier traitement de ce type à obtenir une autorisation complète et internationale.
Cependant, de nombreux experts soulignent que le ralentissement observé reste modeste et que l'impact fonctionnel réel sur la qualité de vie des patients devra être suivi sur le long terme. Le coût élevé du traitement et ses effets secondaires potentiels soulèvent également des questions éthiques sur son accessibilité et sa pertinence au regard des bénéfices attendus.
Pour beaucoup, Leqembi représente une étape importante vers de futures thérapies plus efficaces, mais il ne constitue pas encore "la" solution tant attendue.
En résumé
Leqembi est un anticorps monoclonal ciblant la bêta-amyloïde, administré par perfusion intraveineuse toutes les deux semaines.
Il est destiné aux patients aux premiers stades d'Alzheimer, avec confirmation biologique de la maladie.
Il a démontré un ralentissement modeste de la progression de la maladie dans les essais cliniques.
Le traitement présente des risques d'effets secondaires graves nécessitant un suivi attentif.
Son coût est élevé et son autorisation européenne est conditionnelle, en attendant des données complémentaires.
Actualisation avril 2025
En mars 2025, Leqembi a obtenu une autorisation conditionnelle de l'EMA pour sa commercialisation dans l'Union européenne.
Plusieurs pays européens, comme l'Allemagne et la France, examinent actuellement les modalités d'accès et de remboursement.
L'accès pourrait être limité aux centres spécialisés dans la prise en charge des troubles cognitifs, avec des critères de sélection très précis.


