
Il est quatre heures du matin. L’heure des poètes. Ou des insomniaques. Ou des régimes qui n’ont rien à dire de concret, mais tiennent tout de même à le dire très fort. C’est donc à cette heure particulièrement propice à la lucidité qu’a été publié le dernier communiqué présidentiel, dans la nuit de jeudi à vendredi 23 mai. Une réunion du conseil des ministres présidée par le chef de l’État. Et, comme chaque semaine, un chef-d’œuvre. Une pépite. Une offrande littéraire à la Nation.
Au pays des communiqués enchantés
Il faut dire que depuis quelque temps, les communiqués présidentiels sont devenus un genre en soi. Un mélange de sermon, de prêche mystique et de poésie de gare. Si la semaine dernière, la tonalité était martialo-épique, cette fois, place à l’extase. Le président a troqué l’épée pour la harpe, et c’est sur le registre du bonheur, de la joie et de la félicité collective qu’il a décidé de nous bercer.
Il l’affirme, il le proclame avec l’assurance tranquille de ceux qui ne doutent jamais : « La joie est entrée hier », à la faveur de l’abrogation de la sous-traitance dans le Code du travail. Rien que ça. Un texte législatif, et c’est tout un peuple qui sourit. Et ce n’est pas fini. Cette joie s’apprête à « pénétrer tous les autres secteurs ». La joie, donc, comme force de réforme structurelle. C’est conceptuel. C’est osé. C’est profondément lunaire.
Mais attention, ce n’est pas de la simple joie. C’est une joie investie d’une mission. Une joie rédemptrice, chargée de balayer les restes d’un « passé abject », pour mieux faire advenir un « demain radieux ». Oui, c’est le mot, « radieux ». Le chef de l’État ne gouverne plus uniquement, il illumine la patrie. Et ce futur, il le voit déjà, il l’aperçoit, tel un Messie : « Ce demain radieux, il est proche pour celui qui l’attend ». Merci pour la précision.
Réenchanter la réalité
L’ennui, c’est qu’à force d’user de métaphores, d’images, de champs lexicaux extatiques, on finit par perdre le contact avec la terre ferme. On plane. On lévite. Et l’on en vient à se demander, très sincèrement, si ce régime n’a pas basculé dans ce que la discipline, rendue célèbre par un certain Freud, appellerait une forme de délire lyrique : narration enflammée, discours grandiloquent, enflé, poétique, sentiment de mission divine, perte de contact avec la réalité. Toute la panoplie y est. Et ça devient presque fascinant.
Car pendant ce temps, dans les rues, la joie est plus difficile à débusquer que les libertés fondamentales. Mais qu’importe. Nous avons été informés que nous sommes heureux. C’est décrété. Promulgué. Gravé dans le marbre de la vérité officielle. Même Khalifa Chouchene, chroniqueur auto-certifié honnête, nous le confirme : « Les gens sont heureux ». Une idée en passant. Pourquoi pas le lancement d'un observatoire national du bonheur supervisé par un conseil des plus fidèles parmi les fidèles, avec un baromètre quotidien. Plénitude : 83 %. Extase patriotique : 91 %. Réserves de lucidité : en chute libre.
Bonheur national brut et mines renfrognées
Quant aux visages fermés, aux regards fuyants, aux mines renfrognées qu’on croise encore ici ou là, il ne faut pas s’y méprendre. Ce ne sont pas des signes de mécontentement. C’est juste que les gens sont concentrés sur la joie intense qu’ils ressentent, qu’ils intériorisent. Si les visages sont fermés et les mines renfrognées, si quelques signes de tensions ou d’agressivité apparaissent, c’est parce que les gens méditent leur bonheur.
Alors bien sûr, certains — les aigris, les vendus, les ennemis de l’intérieur — diront que ce discours relève de la fuite lyrique du réel, voire d’un réenchantement délirant du monde. Nous, on ne se permettrait pas. On observe. On note. On interroge. Innocemment. Toujours innocemment.
Mais il faut le dire : ce récit d’un pays en pleine illumination morale, cette tentative de faire passer une réalité sinistre pour une aube radieuse, commence à ressembler furieusement à un conte de fée mal ficelé. Avec une baguette magique défectueuse. Un conte où le peuple, ce personnage secondaire, ne vit ni heureux ni libre, et n’est pas près de voir la fin du cauchemar.
Et si certains persistent à croire que l’on s’approche du taux de bonheur national brut promis, c’est sans doute parce qu’ils confondent euphorie officielle et hallucination collective.
Mais enfin, réjouissons-nous ! La joie est entrée. Elle est là. Elle nous traverse. Elle nous transfigure. Elle nous pénètre. Jusqu’au prochain communiqué, en tout cas.



Voici la définition exacte de XUN : l'hypnocratie est un système de manipulation d'un groupe social visant a valoriser ce groupe en le présentant comme acteur reel d'une trajectoire de reconquête de statuts de réparation d'injustices etc
Cette dynamique est une fausse réalité visant à masquer et remplacer la réalité effective"
XUN souligne que ces campagnes de désinformation permanente et de manipulation collective ont été déployées a échelle réelle a Hongkong en Corée du Nord en Chine dans l'Allemagne nazie dans le régime de Pétain aux USA sous Edgar Hoover au Chili de Pinochet en Argentine des généraux dans la Libye de Kadhafi etc etc
Certains soulignent que le roman 1984 d'Orwell fut a cet égard premonitoire
- "Intéressant ! CDD ou CDI ?"
- "Hein? C'est quoi ça ? Attends, je vais demander au patron un supplément fumette ça va m'éclaircir les idées"
- "Tu crois ? Tu devrais aller te coucher plutôt "
Chantons ensemble, Yallah GO!
"Allah ma3ana ma3ana
Ya hanena w ya hanena
Youm el FARA7 jena
wel 3alam hannena
Allah ma3ana ma3ana ma3ana !"
Dans une autre version, Gospel cette fois-ci :
"JOY, JOY
God's great JOY
JOY, JOY
Down in my soul
Sweet, beautiful, soul saving JOY
O JOY JOY in my soul
Early in the morning
Before the break of day (4am)
I ask the Lord to make me whole
He holds me and the Lord keeps me
O JOY JOY in my soul
When I get weak and I can't go on (thank you Zaqafouniks)
I feel all my hope all my joy is gone
Late in the midnight hour (4am) I talk to my God
And he gives me
O JOY JOY in my soul
One of these old mornings it wont be very long
You just might look for me but I'm going home
I'm going up to glory oh yes I am where I'm goin to sing and shout o joy
O JOY JOY JOY.."
'?a peut lasser et d'ailleurs la plupart d'entre nous n'ont pas qu'à ça a faire
Ce que je me demande toujours c'est qui a intérêt au maintien de Kaes Saed au pouvoir

