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Les entreprises tunisiennes victimes de mesures qui tardent !
05/05/2020 | 17:59
6 min
Les entreprises tunisiennes victimes de mesures qui tardent !

 

Les entreprises tunisiennes vivent une période difficile. La situation était déjà assez délicate, mais la crise du Covid-19 a été le coup de grâce. Plusieurs entreprises ne se relèveront jamais, d’autres traineront des séquelles pendant plusieurs années. La manière de gérer cette crise sera décisive pour la suite.

 

La situation économique était déjà assez délicate avant la pandémie du coronavirus. 2019 a été une année difficile et 2020 lui a emboité le pas.

L’arrêt d’activité a été le coup de grâce pour plusieurs entreprises tunisiennes, surtout que certaines mesures d’accompagnement tardent à être instaurées. Certes, la reprise de 50% d’activité a été accueillie une bénédiction pour les entreprises qui n’arrivaient plus à joindre les deux bouts, le tissu tunisien étant composé à plus de 80% de PME et TPE. Mais, beaucoup d’entre elles ne s’en sortiront pas s’il n’y a pas un retour d’activité à 100% et si l’Etat ne bouge pas rapidement pour les aider et préserver les emplois menacés.

L'expert en économie et ancien ministre des Finances Hakim Ben Hammouda prévoit une récession économique de 3,8% et d’un chômage de 18,8% sous l’effet de la pandémie.

 

Une enquête réalisée par l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) juste avant l’annonce des mesures du confinement ciblé est très révélatrice.

L’étude a été menée sur un échantillon de 600 entreprises par la méthode Cati (Computer-Assisted Telephone Interviewing) du 12 au 23 avril 2020 pour déterminer les moyens de paiement des salaires des mois de mars et avril et relever les différentes perceptions des chefs d’entreprises vis-à-vis de l’évolution de leurs activités après le confinement.

Malgré les mesures mises en place, une bonne partie des chefs d’entreprises étaient incapables de payer les salaires du mois d’avril (27%), 19% l’ont fait partiellement et 19% grâce au recours au décret-loi. 42% prévoient une réduction de leur effectif dans les 3 prochains mois : la diminution prévue est en moyenne de l’ordre 30,29%.

64,94% ne vont pas renouveler les contrats de duré déterminée, 23,38% diminueront les postes d'emploi en passant par le processus d’entreprises en difficulté, 22,08% par le chômage technique et 22,08% par voie de licenciement.

Les chefs d’entreprises prévoient une diminution du carnet de commandes de 21% en moyenne, une baisse de la production de 12,64% en moyenne et une diminution du chiffre d’affaires de de 24,63% en moyenne.

 

Ces chiffres montrent la crise que vivent les entreprises et le malaise des chefs d’entreprises. Certes, certaines mesures ont été mises en place par le gouvernement mais d’autres tardent à venir.

Ainsi, le ministre des Affaires sociales Habib Kechaou a annoncé que 32.000 professionnels, ayant déposé leurs dossiers sur la plateforme Batinda et rempli les conditions nécessaires, vont recevoir à partir du lundi 4 mai 2020 un SMS les informant que leurs dossiers ont été retenus pour bénéficier des 200 dinars d’aides du gouvernement.

Ceci dit, le dispositif des 200 dinars d’aide aux salariés n’est pas encore en place. 11.000 entreprises employant 300 salariés avaient déposé leur dossiers jusqu’à lundi matin, pour y bénéficier sur la plateforme Help entreprise. Les dossiers sont en cours de traitement et le ministre a promis à chaque dossier traité, que les versements des aides aux employés seront débloqués directement, mais ça reste assez long. Les entreprises du secteur privé pourront de nouveau bénéficier de ce mécanisme pour le mois de mai 2020. Pour ça, il faudra qu’ils déposent leurs dossiers de nouveau.

La bonne nouvelle, c’est que les entreprises pourront enchainer plusieurs shifts à condition que, dans les lieux de travail, il n’y ait que 50% des employés, a avait expliqué M. Kechaou.

Pour ceux qui sont incapables de respecter ce taux, les employés travailleront par alternance et le gouvernement versera 200 dinars d’indemnisation pour le reliquat des salaires pour ceux qui ont travaillé 50% du temps.

 

D’ailleurs, le directeur exécutif de l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) Majdi Hassen a exprimé sa déception face au plan de confinement ciblé et notamment cette reprise à 50% des capacités. Il avait expliqué que l’institut était pour une levée responsable du confinement : pour que chaque entreprise prenne ses responsabilités et fournisse les moyens de prévention à ses employés (distanciation, gel, masques …) outre le fait de se charger de leur transport.

«Laissez les entreprises travailler, pour dépasser leurs problématiques d’avril et pouvoir assurer les salaires du mois de mai qui coïncide avec les fêtes de l’Aïd», avait-il souligné.

 

S’agissant des aides prévues aux entreprises sinistrées, rien de nouveau pour le moment. La cellule de soutien aux entreprises sinistrées par le Covid-19 a démarré ses travaux il y a près d’un mois. Elle devait déterminer les critères des entreprises bénéficiaires, les plus affectées par la crise, ainsi que les mécanismes d'accompagnement et de suivi. Mais, dans les faits, un mois c’est beaucoup de temps perdu pour une entreprise qui doit faire face à ses engagements (salaires, loyers et diverses autres charges), sachant que pour le moment, aucune aide n’a été débloquée.

Plusieurs professionnels avaient appelé à l’accélération du débloquement des lignes de crédit et à accompagner par d’autres mesures chaque secteur ayant formulé des demandes supplémentaires de sauvetage selon sa particularité. Le coût de cette lenteur sera élevé en termes d’emplois et d’entreprises, la faillite guettant un grand nombre d’entre elles.

Le gouvernement doit bouger maintenant pour sauver ce qui peut encore être sauvé.

Dans un communiqué publié le 3 mai 2020, l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) avait affirmé : «Nous connaissons l'étendue des répercussions négatives qui ont affecté les entreprises, et nous nous rendons compte de l'ampleur des sacrifices de nombreux chefs d’entreprises qui, malgré la crise de liquidités étouffante, tenaient à fournir des revenus à leurs employés. Nous sommes également conscients des difficultés futures, c’est pour cela que l'union a œuvré ces dernières semaines à intensifier les contacts avec le gouvernement, la Banque centrale de Tunisie et l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) afin d'activer les mesures gouvernementales annoncées pour accompagner les entreprises et les professionnels et renforcer leur situation financière. Ce dialogue a abouti à un accord sur un ensemble de points qui seront annoncés prochainement pour aider les entreprises à rétablir l'activité et à financer le temps d'arrêt d’activité».

 

La réussite de la prochaine période sera décisive car d’elle dépend un retour graduel vers la normalité et vers la productivité. Elle sera certes difficile, le Covid-19 ayant ravagé le monde entier. Les principaux marchés d’export européens étaient très touchés, ce qui va se répercuter sur les entreprises tunisiennes. Le déconfinement n’est qu’une première étape, se remettre à flot sera le défi à relever. Mais, il ne pourra se faire qu’avec le soutien de l’Etat tunisien, l’objectif final étant de préserver le tissu économique tunisien, les emplois et surtout créer de la richesse pour notre pays.

 

Pour rappeler, la Tunisie est en confinement total depuis le 22 mars à cause de la propagation du Covid-19. Le dernier bilan du ministère de la Santé, annoncé lundi 4 mai, fait état de 1.018 cas confirmés sur un total de 24.853 prélèvements, 43 décès et 406 rétablissements.

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Imen NOUIRA

05/05/2020 | 17:59
6 min
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Commentaires
Anar
C'est lent lent lent
a posté le 06-05-2020 à 14:54
Un décret devait paraître tout de suite après la promulgation du décret-loi annonçant des mesures en faveur des entreprises paru le 16 avril 2020 .Entretemps les jort se succèdent mais pour les nominations et les entreprises agonisent et les banques déjà trop frileuses verront leurs clients péricliter un à un.
Gouvernement dormez encore
DHEJ
Les entreprises victimes des leurs formes juridiques !
a posté le 05-05-2020 à 17:32
Les entreprises victimes de leurs tailles ;

Les entreprises victimes du droit fiscal.