Le confinement généralisé des Tunisiens depuis une dizaine de jours est-il en train de générer des conflits entre les membres de la communauté nationale, et de créer une situation de danger où les uns se retournent contre les autres par instinct de survie et de lutte pour s’accaparer les ressources disponibles ?
Il semble que c’est bien le cas lorsqu’on observe la confrontation qui a éclaté entre les détracteurs et les soutiens au secteur privé. Les uns veulent une « contribution » importante du « secteur privé » à l’effort de guerre contre la pandémie du coronavirus, les autres se plaignent de ces attaques et défendent un secteur privé qui est traité comme un « bouc émissaire » alors qu’il est le créateur de richesses et subit de plein fouet l’impact d’une crise économique qui dure depuis plusieurs années dans le pays, aggravée par la crise du Covid-19 Les uns « diabolisent » un secteur privé qui s’est enrichi sur le dos de la population, les autres « l’angélisent » comme étant le vrai créateur des richesses, de l’emploi et le générateur de la croissance.
Une erreur courante consiste à se concentrer sur les « grands chiffres » ou les « grandes entreprises » et stigmatiser ces dernières. Étant « visibles » ces grands chiffres attisent la convoitise et sont automatiquement assimilés à des gains « illicites ou indus ». Mais en faisant cela, on ignore que par leur nature même, les « grandes entreprises » mobilisent des volumes importants de capitaux et ne réalisent pas nécessairement des taux de profits exceptionnels. Il faut voir de près et au cas par cas si ces profits sont trop élevés à cause de situations de rentes ou d’abus de pouvoir économique.
Diaboliser les grandes entreprises parce qu’elles réalisent de « grands bénéfices » est à la fois injuste et dangereux. De telles entreprises sont la plupart du temps le fer de lance, et les locomotives, de la croissance et du progrès dans les économies qui réussissent. En fait, nous manquons de grandes entreprises performantes en Tunisie. Mais nous devons nous assurer qu’elles ne doivent pas leurs tailles et leurs « grands bénéfices » à des rentes et des situations de privilèges, et nous assurer qu’elles soient innovantes et créatrices de valeur.
La querelle entre ceux qui « diabolisent » le secteur privé et ceux qui « l’angélisent » n’est que la manifestation d’un malaise profond en Tunisie qui concerne le rôle de ce secteur dans le développement économique et social. C’est un problème (parmi d’autres) qui sous-tend les appels à un « nouveau modèle de développement » depuis la révolution. C’est un problème qui été au centre des préoccupations, des débats et des douloureux évènements que la Tunisie a connu à la fin des années 1970. Il n’a jamais été résolu ou dépassé.
Cette question du rôle du secteur privé est fondamentale et nécessite un vrai débat national afin d’arriver à un « consensus » sur des orientations et des choix fondamentaux.
Lors d’un grand Forum organisé par l’Association des Economistes Tunisiens en Février 2016 nous avons appelé à un grand débat national sur quatre questions ou choix fondamentaux sur les plans économiques et sociaux. La question du rôle du secteur privé était une parmi les quatre principales questions posées et discutées.
Le Forum était arrivé à la déclaration suivante concernant cette question, à savoir la nécessité de : « Renforcer le rôle du secteur privé en vue de réaliser des taux de croissance économique élevés, en doublant le taux d'investissement privé dans le P.I.B. à plus de 25%. Ceci nécessite l’encouragement de l’entreprenariat, l’amélioration de l'environnement des affaires (simplification des procédures, suppression des obstacles), l’élargissement des domaines et des champs d'intervention, la diversification et l’amélioration des sources de financement » ; et de « Faire évoluer le secteur privé pour qu’il soit plus dynamique et compétitif, en matière de taille des entreprises et leur viabilité, de leur gestion et de leurs relations avec leurs partenaires. Ce renforcement est de nature à contribuer à plus d’innovation, de création de richesses et d'emplois décents, dans le respect des lois sociales et des obligations fiscales. »
Malgré ces conclusions générales, le débat n’a pas été au niveau espéré et n’a pas été poursuivi. Nous sommes restés dans l’ambivalence et les sous-entendus. La crise du coronavirus a été un détonateur de ce malaise profond. Le débat est à présent appelé à être approfondi et poursuivi.
Le débat sur la répartition des richesses doit avoir lieu. Le débat sur la justice sociale et la justice fiscale doit avoir lieu. Le débat sur le rôle de l’innovation, de la création, et de l’effort dans l’accumulation des richesses, doit avoir lieu. Le débat sur le rôle de la recherche des rentes, des positions dominantes, des privilèges, l’évasion fiscale, la fraude fiscale, et de la corruption, doit avoir lieu.
Il n’y a pas lieu de diaboliser le secteur privé, ni de l’exonérer. Il y a lieu d’identifier et de réformer les politiques, les pratiques et les comportements qui favorisent la recherche des rentes, des privilèges et incitent à la corruption. Il y a lieu d’encourager celles qui favorisent l’innovation, la création et le progrès. Il y a lieu d’entreprendre ce travail difficile mais nécessaire. Mais, de telles réformes structurelles et profondes ne peuvent pas se faire dans l’urgence, dans la précipitation et dans la confrontation.
Ces quelques remarques s’appliquent aussi bien au secteur privé qu’au secteur public qui a ses « détracteurs » et ses « soutiens ». Elles nous suggèrent qu’il serait dangereux et hasardeux de vouloir résoudre tous ces problèmes pendant une crise aussi sévère que celle que traverse le pays.
Pour le moment, nous devons faire face au plus urgent et au plus immédiat.
Il me semble qu’il y a quatre impératifs sur lesquels nous pouvons être d’accord et constituer la base des choix que nous faisons.
D’abord il y a ce qui relève de l’immédiat et du crucial : l’Etat tunisien, comme ceux de presque tous les autres pays du monde, est appelé à faire face à une situation inédite qui nécessite la mobilisation de ressources très importantes et exceptionnelles pour faire face à la catastrophe sanitaire, humanitaire, sociale et économique. L’importance et la durée de ces interventions exceptionnelles sont très incertaines et peuvent évoluer d’un jour à l’autre vers l’aggravation ou l’allègement. Mais nous sommes convaincus de la nécessité de trouver des solutions exceptionnelles pour des circonstances exceptionnelles.
En deuxième lieu, et pendant ces temps difficiles, il est impératif que la Tunisie veille à préserver son capital humain et social. Il y a d’abord la santé des citoyens et la nécessité de les protéger des risques posés par le coronavirus. Mais il y a aussi la préservation de l’équilibre économique des familles et des travailleurs dont les revenus sont perdus, réduits ou devenus très aléatoires. Cette préservation nécessite des mesures spécifiques de soutien direct à tous ceux qui sont affectés, surtout les plus vulnérables.
Troisièmement, il est impératif aussi de préserver le tissu économique des entreprises et institutions qui produisent les richesses et qui seront appelées à reprendre, dans des délais plus ou moins longs, leurs activités pour employer, payer des impôts et créer la croissance.
En quatrième lieu, et pendant les situations de grande crise comme en temps de guerre, l’impératif de solidarité doit constituer un socle de base pour affronter la situation. Ce n’est pas en temps de guerre que les confrontations et les différences d’approche ou d’idéologie peuvent être résolus au mieux.
Etant donné ces impératifs, que peut-on envisager ou proposer ?
La solution doit permettre de mobiliser des ressources exceptionnelles, en faisant prévaloir le principe de solidarité, afin de financer les besoins immédiats de préservation du capital humain, sans porter atteinte au tissu des entreprises, tout en les soutenant, le cas échéant. Elle doit aussi s’inspirer des modalités qui ont toujours été utilisées en temps de guerre, à savoir demander à ceux qui détiennent le plus de richesses de souscrire à un « emprunt obligataire national de solidarité » ayant les caractéristiques suivantes :
- L’emprunt doit être très important et doit mobiliser suffisamment de volume pour couvrir les besoins exceptionnels, pouvant atteindre 1 à 2 milliards de dinars. Le montant exact et la période pendant laquelle ces sommes pourraient être levées doivent faire l’objet d’une analyse plus approfondie.
- Il doit avoir des conditions financières de faveur pour l’Etat pour bien marquer la nature de solidarité de l’emprunt, à savoir : un taux d’intérêt bien inférieur au taux courant du marché, une longue maturité (de 15 ou 20 ans), et une période de grâce (5 années)
- Il doit être souscrit par les personnes physiques, et non pas par les entreprises.
Cette opération ne doit pas être similaire à une opération d’emprunt habituelle de l’Etat, ni à celle réalisée en 2014 qui a été souscrite en grande partie par les banques. Cet emprunt ne doit être souscrit ni par les banques, ni par les entreprises. Il serait souscrit uniquement par les personnes physiques les plus aisées dans le pays, qu’ils (elles) soient chef d’entreprises ou pas, pour des montants importants en relation avec leur richesse. C’est dans le cadre de l’impératif de solidarité que cela doit se réaliser, et non en tant que placement financier normal.
Il y a aussi des arguments économiques qui sous-tendent cette approche. Il est impératif pendant la prochaine période de soutenir la demande et l’activité économique, et d’éviter leur effondrement. Une contribution importante des classes pauvres et moyennes au financement de l’effort de « guerre » risque d’aggraver l’effondrement de la demande globale. Ceci n’est pas le cas pour une contribution importante des classes aisées qui sont ainsi appelées à financer l’Etat qui procèdera à son tour à la redistribution qui permettra de soutenir la demande globale, ce qui est dans leur propre intérêt dans la mesure où cela aidera les entreprises et la cohésion sociale.
La souscription exclusivement par les personnes physiques permet d’éviter de grever les entreprises qui ont besoin en ces temps difficiles de préserver leur trésorerie. Il est bien évident que la séparation entre la richesse des personnes physiques et celle de leurs entreprises n’est pas étanche. La souscription par les personnes physiques ou la ponction sur leurs ressources peut se répercuter sur les entreprises. Mais la relation n’est ni automatique ni totale. La ponction sur les ressources des personnes aisées peut aussi limiter les possibilités d’investissements nouveaux. Mais l’heure est pour les choix, et la priorité est actuellement pour sauver ce qui existe et surtout la cohésion sociale et la survie d’une nation.
Cette proposition ne constitue pas un plan économique complet pour faire face à la crise, mais un élément parmi d’autres. Les ressources mobilisées par un tel emprunt ne seront pas suffisantes et d’autres moyens doivent être mobilisés. Cette proposition se focalise uniquement sur la question de la solidarité. En ces temps difficiles et ces circonstances exceptionnelles, tous ceux qui aiment et œuvrent pour la préservation et la construction de ce pays doivent faire preuve de solidarité et s’abstenir de semer la discorde.
Aujourd'hui plus que jamais d'oublier la politique et essayer de sauver votre peuple. Essayez pour une fois de laisser de côté vos différents, car là il n'y a plus de quoi s'entretuer, on va tous vers l'inconnu, l'incertitude qui va résister à ce tsunami économique qui attend le monde entier et cela si on survivrait à cette pandémie ravageuse.
" Tant que nahdha est là rien nira "
Tant qu'il n'y a pas d'indépendance INTERNE de La Tunisie, cette nahdha continuera à aspirer llesang des tunisiens jusqu'aux os, et continuera à vider les caisses de la banque centrale.
Et vous en connaissez des choses que vous avez cachées, pourqu'ils deviennent du jour au lendemain des milliardaires. Et maintenant vous parlez de solidarité.
C'est trop naïf.
Non, non et non ! les tunisiens sont des gens libres, nationalistes et patriotes qui ont construit ce pays pendant des siècles et ce n'est pas parce que des traîtres sont venus maintenant chercher à l'hypothéquer, et les voler de surcroît qu'ils doivent être solidaires avec eux.
" Où est-il le raisin ?".
Maintenant on s'assure qu'ils ont pu prendre en gage et manoeuvrer à leur guise la banque centrale de Tunisie.
une estimation minimale et une opération de multiplication simple vous fait :
100 000.( 20 000 dinars ) = 2 milliards de dinars.
une fois ce devoir accompli, l'emprunt obligatoire que vous proposez pourra se faire dans le cadre de la solidarité. Ainsi on commencera à sentir qu'on vit dans un pays de droit au moins de point de vue justice fiscale.
Les fonctionnaires, quand ils voient une telle justice fiscale, pourront digérer sans grande difficulté une réduction de 10% de leurs salaire qui apportera 2 milliards de dinars de plus .
Ainsi on pourra subvenir au besoin des démunis, assurer une bonne infrastructure pour la santé, l'éducation et les transports.
on reproche au secteur privé de s enrichir démesurément:oui monsieur c est le cas des banques qui font un résultat 17% .
Heureusement elles ont contribué au1818