
Par Mohamed Salah Ben Ammar
Dans l'espoir d'accéder aux lycées pilotes de la République, plus de 33.000 élèves passeront les examens de la neuvième année d'enseignement de base général et technique du lundi 24 juin 2024 jusqu'à mercredi prochain. Ils seront en compétition pour seulement 3750 places dans ces établissements d'élite, a annoncé le ministère de l'Éducation. Cela signifie que plus de 29.000 élèves vont connaître l'échec.
Certains soutiendront que c'est une leçon de vie, ce qui n'est pas faux, mais il est crucial de souligner que tous les candidats ne sont pas logés à la même enseigne, loin s’en faut.
Si l'on ne devait retenir qu’une mission essentielle pour le système éducatif, ce serait de réduire les inégalités de la vie et d’offrir les mêmes chances à toutes et à tous. Force est de constater que ce n’est pas ou plus le cas en Tunisie.
Ce concours agit en sens contraire. L'élitisme dans l'éducation nationale perpétue toutes les inégalités, pire il creuse les écarts. Ce système de lycées pilotes est une conception pervertie de l’éducation. Il favorise les meilleurs élèves en les isolant des autres classes, où leur présence aurait pu profiter à toute la classe. Les élèves doués ont le potentiel de stimuler leurs camarades et d'inspirer les enseignants à se dépasser. Il est important de prendre conscience que les différences entre les élèves ne se forment pas à l'école, mais dès leur naissance. Les inégalités économiques, alimentaires et sanitaires créent des obstacles pour ceux qui ne peuvent pas bénéficier d'un soutien adéquat. Parfois, un simple trouble de la parole ou une dyslexie peut exclure un enfant du système éducatif. Faire des kilomètres à pied pour aller à l'école, partager une pièce à cinq, ne pas manger à sa faim tous les jours sont des obstacles sérieux pour réussir. Certains parviennent à les surmonter ; ils sont exhibés comme des bêtes de course, mais on oublie de signaler que l'immense majorité de leurs camarades ont été laissés sur le bord du chemin.
Les enfants des classes défavorisées n'ont pas droit à l'erreur ; le moindre écart les condamne à vie.
En effet, tandis que les enfants issus des classes aisées bénéficient de sept heures de cours par jour avec des enseignants triés sur le volet, d'autres se contentent de quatre heures par jour, et encore, lorsque les enseignants ne sont pas absents ou mal disposés. Par pudeur, nous n’aborderons pas ici le phénomène des cours particuliers mais à la fin d’un cycle la différence en heures de cours peut aller jusqu’à plusieurs mois et même une année de cours.
La privatisation sauvage de nos biens communs depuis trente ans, l'enseignement en premier, la santé, les transports en commun, le sport et la culture, autant de choses qui ont contribué au développement de la Tunisie, constitue le plus grand défi auquel notre société est confrontée. Ces domaines sont devenus la première cause d’inégalités entre les citoyens.
Cette privatisation a été réalisée au détriment du système public, qui a été affaibli et a vu ses meilleurs éléments attirés par le secteur privé. Mal payés, travaillant dans des conditions difficiles et menacés à l'époque de la dictature par la cellule du parti, beaucoup n'ont pas eu le courage de résister à la tentation.
Il est temps de revoir notre approche de l'éducation. Plutôt que de se focaliser sur l'élite, il est essentiel d'investir davantage pour rendre le système plus équitable et donner plus aux personnes qui en ont le plus besoin. En mettant en place des mesures inclusives et en offrant un accompagnement adapté à chaque élève, nous pourrons réduire les inégalités de la vie et permettre à tous les élèves de s'épanouir pleinement dans leur parcours scolaire.
L’école doit rester un sanctuaire où toutes les injustices sont combattues, c’est le rôle de l’État. Cela ne se fera pas sans une refonte totale des grilles salariales et des statuts des enseignants. C'est l'investissement le plus judicieux que notre pays puisse faire. Les conséquences des lacunes du système éducatif se font sentir chaque jour dans notre pays. Il est impératif de briser le cercle vicieux et de mettre en place un système éducatif basé sur l'équité, offrant une égalité des chances à tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale. C'est le devoir d'un État qui prépare l’avenir.

A mon avis, pourquoi former des ingénieurs ( disons des cadres supérieurs ) pour qu'ils émigrent enfin à la fin de leurs parcours universitaires) me semble un faux problème car le marché local non seulement très limité mais aussi , peut-être le manque ded moyens ( de budgets ) fait que l'état ne pourra pas recruter tous les diplômés.
Il ne faut pas oublier aussi que les établissements publics souffrent d'un manque d'encadrement importants. Les privés "" souvent d'un niveau académique qui laisse à désirer ne recrute pas en quantité suffisante les cadres surtout que ces derniers assurent une meilleure productivité.
Ceci étant dit, il faut noter que ces diplômes de l'enseignement supérieur objets de plusieurs polémiques ne dépassent pas 15% de la population ( c'est un taux qui n'est pas significatif ) malgré que certaines interventions vont dans le sens de le réduire davantage pour des considérations inconnues. C'est très grave.
Pour comprendre de quoi s'agit-il dans le cas d'inexistance de cadres sup , je me rappelle que les années 70 , la SNCPA ( papier à Kasserine) et lors d'un problème au niveau des échangeurs de chaleur, les intervenants -- non cadres sup et non ingénieurs- se sont permis de monter et remplacer des tubes de l'échangeur par d'autres différents en diametre -- C'est triste ...C'est d'ailleurs, ce qui se passe actuellement dans divers entreprises faute d'encadrement.
En ce qui concerne un enseignement équitable, il est presque impossible sinon extrêmement difficile d'en aspirer . D'ailleurs, à l'époque ( les années 50 -60), lorsque les instituteurs faisaient des heures supplémentaires gratuites pour tous les élèves, l'époque où l'enseignant achetait sur son propre compte le pétrole pour allumer la lumière de classe grâce à son primus, bref l'époque où l'enseignement était gratuit , les régions aussi n'étaient pas équitables. D'ailleurs, l'épreuve de 6 ème en 66_67 expression ecrite parlait d'une panne de voiture "" 3atab sayyara"" à analyser. Un élève d'une région rurale ( à l'époque elles étaient nombreuses) est-il capable de décrire et analyser quelque chose qu'il n'a jamais vu contrairement aux habitants des villes qui en sont familiarisés.
La même chose s'est répétée au cours de l'épreuve 9ème - depuis environ 25 ans -si ma mémoire est bonne où le sujet d'expression écrite portait sur l-internet à tous ses débuts...A partir de ces deux faits , nous constatons qu'il est très difficile de mettre tous les candidats sur le même pied d'égalité.
Enfin, c'est comme ça. Le cerveau est fait pour apporter les améliorations nécessaires.
1- Pourquoi le sujet des diplômés de l'enseignement superieur est toujours objet de polémique malgré un taux national qui demeure faible ?
2- Pourquoi les taux d'encadrement sont extrêmement très faibles dans les institutions aussi bien publiques que privées?
3- Le taux des employés actuels - cadres de boîte - titre acquis suite nombre d'années de travail pour ne pas dire expérience- est formé par des agents qui n'ont pas eu le bac en majorité écrasante
Peut-être, ces cadres très nombreux qui demeurent encore en activité-- avec une très petite formation académique-- , qui bloquent les nouveaux diplômés et sont contre l'enseignement et la "" production des diplômés de l'enseignement Supérieur.
Sachant que l'objectif de l'état est fait pour produire le max peu importe leurs destinations futures et n'importe quel lieu du monde entier . En quoi ça peut nous gêner en tant qu-observateur sachant que nous pourrons garder les meilleurs et nous en avons la priorité si nous fournissons des bonnes conditions de travail , un travail en sécurité ( physique) et financière.
Vive la Tunisie...Nous créons la richesse par cette jeunesse hauts diplômés des établissements publics tunisiens.
Toutes les réussites en terme de réductions des inegalites se sont realisees par un nivellement par le bas hautement contre productif.
Puis de toute façon a quoi bon ?
Former 10 000 ingenieurs pour les voir partir . Ils enverront trois mandant WU , prendront un FCR et couperont les ponts avec le pays des qu ils auront des enfants parce qu'ils sinvestiront pour leur offrir un avenir dans leur pays d'adoption ...
Mis qu'une école de l'égalité des chances la Tunisie a besoin d'une école qui soit en adéquation avec le marché du travail local .
Le vrai problème est plutôt dans les écoles primaires. Un élève mal préparé en quatrième, cinquième et sixième primaire n'ira nul part. On peut faire énormément de choses pour améliorer l'éducation au primaire en commençant par réduire l'enseignement au primaire à quatre matières : arabe, anglais, français et mathématiques (ce n' est pas une blague). On peut introduire les sciences de la nature (surtout les problèmes du changement climatique) à travers les textes de langue. Un élève qui sait lire et écrire va très loin.
Les écoles dans les milieux ruraux nécessitent une attentation particulière à travers la consolidation des écoles (les ressources), le transport et les cantines gratuites le matin. On peut faire tout cela avec les mêmes ressources, l'implication des parents, des volontaires et surtout les retraités (il vaut mieux bouger que de s'assoir dans un café ou devant un TV - on vivra plus longtemps).
L'argent n'est pas la variable limitative. Le manque de créativité et de donner est le problème principal. Better to leave it here.