Sur le vieux continent, les citadins des grandes villes accueillent actuellement le froid de l’hiver, il neige, nous sommes en pleine période des fêtes. Rues et habitations sont colorées, les vitrines sont en mouvement et les enfants, heureux. Quelques milliers de kilomètres plus au sud, dans les pays du Maghreb, le froid est là et Noël aussi. A Tunis, marchés et sapins sont installés, tout est là pour que la fête se passe bien, ce qui donne lieu, évidemment, à un véritable business.

Nous sommes à seulement quelques jours de la veillée de Noël. Cette année, nombreux ont été les Tunisiens qui ont fréquenté les marchés de Noël de la capitale pour faire leurs courses. Au total, une dizaine d’espaces dédiés, avec des stands achalandés avec goût, ont été installés et où petits et grands ont trouvé leur bonheur dans une atmosphère festive. Lieux idéaux pour les idées cadeaux, recettes de cuisine ou pour simplement monter sur le traineau du père Noël, ces marchés regorgent d’objets déco, produits du terroir, confiserie, artisanat, bijoux, vêtements, jouets, produits de beauté, déco florale,bougies et senteurs.

Pour Aïcha, une artisane spécialisée dans la papeterie (cartes de vœux, calepins et papiers cadeaux) « il y a eu foule cette année ! Bien plus que les autres ans ». Deux semaines durant, elle est allée installer des stands dans les différents marchés et explique que finalement c’est la période de l’année où elle voit son chiffre d’affaires multiplié par 3 et plus. Le reste de l’année, ce médecin à la retraite, tente tant bien que mal de maintenir son activité en vie à travers les librairies et les concepts-store qui fleurissent un peu partout et autres manifestations.

Ces marchés à l’origine germanique, représentent depuis quelques années une aubaine pour les artisans tunisiens qui se lancent et autres professionnels aux produits plus élaborés. Il s’agit de lieux agréables au décor pittoresque où les citadins vont en famille, avec l’assurance de savoir que leurs enfants s’amuseront. Un concept vieux de plusieurs siècles qui a explosé aux Etats-Unis avec l’apparition du père Noël !

A Tunis, les marchés sont fréquentés par des expatriés européens, des africains venus d’Afrique sub-saharienne et des Tunisiens,bien sûr. Tout le monde y trouve son compte. Quant aux prix, ils sont assez élevés pour le citoyen lambda. Il faut dire aussi qu’il s’agit de produits du terroir tunisien, qui à la vue semblent succulents. L’artisanat et autres produits proposés sont d’une qualité clairement supérieure à celle qu’on trouve sur le marché et puis pour ceux qui y adhèrent, ce genre de fête qu’on passe au chaud avec amis et famille n’a pas de prix.

Un Noël à Tunis c’est aussi les sapins « artificiels » à la maison. Il faut compter environ 80 dinars pour s’en procurer un décent (2 mètres environ), et 50 autres pour les ornements. « Un investissement, qu’on ressortira chaque année à la même période ». Les fêtes, c’est aussi des diners faits de mets fins où, saumon, caviar et vins mousseux ne sont jamais très loin. Bref, en cette fin d’année certains Tunisiens font la fête en dépensant sans compter pour le plus grand bonheur des artisans qui se sont fait connaitre tout en faisant fleurir leurs commerces.

Ces fêtes de fin d’année ne font pas seulement la joie des artisans et chocolatiers mais celui des propriétaires de locaux prisés, tel que le restaurant la Closerie ou encore le Movenpick de Sousse, aussi. Aux commerçants, ils louent leurs espaces, après avoir étudié les produits proposés, pour 300 dinars/Jour, le temps de deux ou trois week-ends. Les décorations y sont splendides, certes très loin du marché de Noël de Berlin par exemple, mais l’ambiance y est quand même.

Dans les grandes surfaces l’habillage est aussi au rendez-vous, les commerces s’y sont bien préparés et surtout, les temples sacrés du jouet, premiers fournisseurs de sapins artificiels du pays !

Pour la saint Silvestre beaucoup iront aussi dans les hôtels et restaurants, où les places pour les diners gala, s’arracheront au prix fort : de 80 à 400 dinars, voire plus. En cette période, beaucoup d’Algériens se joignent également à la fête. Par milliers, ils traversent la frontière pour aller passer du bon temps et puis le concept leur plait aussi, car beaucoup y voient un message de paix.

Cette année et pour la deuxième fois consécutive, Alger aussi organise son marché de Noël à l’initiative de l’organisation Caritas, qui vise la population chrétienne originaire d’Afrique subsaharienne. Mais si l’organisation était restée extrêmement discrète sur le sujet l’an passé, elle a, cette année, décidé de promouvoir l’événement, appelant au « vivre ensemble » entre chrétiens et musulmans.

À voir l’engouement d’une certaine frange de la population tunisienne pour la période des fêtes, on peut aisément conclure que Noël à Tunis s’est installé dans la durée. Il s’agit bien entendu d’une fête chrétienne, mais qui a été transformée au fil des dernières décennies en un argument de vente sans équivalent.

Sofiene Ahres

Crédit photos La Closerie