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Dernière ligne de résistance : la LTDH assiégée
19/05/2025 | 12:48
5 min
Dernière ligne de résistance : la LTDH assiégée
Service IA, Business News

 

 

Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme subit depuis trois jours une avalanche d’attaques sur les réseaux sociaux. Le régime entend le déloger et infiltrer la dernière citadelle à lui résister.

 

Tout est parti d’une phrase malheureuse prononcée par Bassem Trifi, président de la LTDH, lors d’une réunion du conseil national. Un groupe de frondeurs s’est introduit de force dans la salle, perturbant les travaux. Pris à chaud, Trifi compare alors leur méthode à celle d’Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre. Il n’en fallait pas plus : les partisans très bruyants de la prisonnière politique lui tombent dessus aussitôt.

Certains, comme son avocat Nafaâ Laribi, évoquent un simple dérapage verbal, déplacé mais non malintentionné. D’autres, fidèles aux méthodes des réseaux sociaux, usent aussitôt de l’insulte et de l’attaque personnelle.

L’affaire aurait pu s’arrêter là, avec d’éventuelles excuses de Trifi. Mais les partisans du régime de Kaïs Saïed y ont vu une aubaine : s’emparer de la polémique pour viser la Ligue et son président.

 

Une campagne calomnieuse bien orchestrée

Tout le week-end, des centaines d’internautes accusent la Ligue de n’être ni démocratique, ni neutre. Ils la décrivent comme un bastion de gauchistes et de « mercenaires des droits de l’Homme ». Bassem Trifi est quant à lui présenté comme un héritier parachuté.

Riadh Jrad ouvre les hostilités. Le propagandiste du régime accuse la LTDH d’être sous la coupe de Kamel Jendoubi et de ses réseaux « étrangers », déversant un argent « trempé d’humiliation et de trahison » pour « détruire les nations ». Il évoque une Ligue confisquée, gérée par des clans, financée de l’extérieur, et même complice du blanchiment des terroristes et des criminels.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) est aussi ciblé dans le même souffle : « son état n’est guère différent de celui de la Ligue », écrit Jrad.

 

Bassel Torjeman, autre fidèle du pouvoir, ne fait pas dans la nuance non plus. Il dépeint les militants de la Ligue comme de simples « mercenaires ».

 

Une alliance contre nature : moussistes et saïedistes main dans la main

En quelques heures, les partisans d’Abir Moussi et ceux de Kaïs Saïed, pourtant ennemis jurés, se retrouvent soudain unis dans une même campagne de dénigrement contre Bassem Trifi. Pendant ce temps, le groupe des frondeurs internes à la LTDH s’élargit.

Vendredi, ils s’en prennent à l’annonce d’un « Congrès national pour les droits, les libertés et pour une République démocratique », prévu le 31 mai. La décision, jugée unilatérale, est dénoncée par plusieurs membres de la Ligue – dont un membre de la direction et la présidente de la section Sfax Nord – comme une dérive antidémocratique, prise sans consultation des structures internes ni des adhérents.

Ils fustigent surtout l’appel de la LTDH à libérer les détenus et à abroger les lois liberticides, y voyant une tentative de blanchiment en faveur de personnes impliquées, selon eux, dans des affaires de violence, de terrorisme, de corruption ou de violations des droits des femmes.

Ils appellent donc à boycotter le congrès du 31 mai, qualifié de « mascarade », et proposent d’organiser un congrès national alternatif, qui « replacerait les droits humains au cœur de l’action de la Ligue, défendrait la justice indépendante et exigerait l’abrogation du décret 54 ».

 

Contrevérités, héritage et tambouille interne

Si les critiques des partisans de Moussi peuvent se comprendre – malgré leur excès –, celles des soutiens de Kaïs Saïed posent un problème de fond.

Le militant Anouar Kousri a été l’un des premiers à dénoncer les attaques :

« Aux mouches qui répètent le mensonge de l’héritage au sein de la Ligue. Que Bassem soit le fils de Mokhtar, ce n’est un secret pour personne, mais ce n’est qu’aujourd’hui que ça leur pose problème. Tous ceux qui ont connu la Ligue de l’intérieur, avec sa tambouille interne, savent très bien que Mokhtar n’a strictement rien à voir, de près ou de loin, avec le fait que son fils Bassem soit devenu président, après avoir été vice-président chargé de la communication. »

Et d’ajouter : « On peut être d’accord ou pas avec Bassem Trifi, mais prétendre qu’il est là uniquement parce qu’il est le fils de Mokhtar, c’est de la pure mauvaise foi. »

 

Le retour des méthodes benalistes

Ce qui rend cette campagne encore plus inquiétante, c’est qu’elle rappelle les pratiques des années Ben Ali. On envoie des frondeurs pour bloquer le fonctionnement d’une organisation, puis on la diabolise dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Ce week-end rappelle douloureusement le scénario des années 2000, quand le régime Ben Ali avait réussi à prendre le contrôle de la LTDH et du SNJT. Ces deux structures n’ont retrouvé leur indépendance qu’après la révolution.

L’irruption orchestrée des frondeurs lors du conseil national visait à empêcher la Ligue d’agir librement – notamment dans son opposition aux dérives autoritaires du régime actuel. Et l’objectif est clair : déloger Bassem Trifi.

Que ces frondeurs soient ensuite soutenus et amplifiés par les propagandistes du régime, avec leur lot habituel de contrevérités, en dit long sur leurs intentions. Et, sans doute aussi, sur leurs complicités.

 

Une liquidation politique qui ne dit pas son nom

Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas un simple désaccord au sein d’une organisation. C’est une offensive méthodique, concertée, destinée à liquider politiquement la dernière structure capable de faire face aux dérives du pouvoir.

 

On infiltre, on diffame, on instrumentalise les naïfs et on recycle les vieux procédés du régime Ben Ali avec une habileté déconcertante. Et pendant ce temps, le poison se répand : la méfiance, la division, la confusion.

 

Il ne s’agit plus seulement de faire taire la Ligue. Il s’agit de la souiller pour mieux justifier sa mise au pas. Et quand ce sera fait, on dira : « Voyez comme elle s’est autodétruite ».

 

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce genre de stratégie ne s’arrête jamais à sa première cible. Une fois la LTDH neutralisée, ce sera au tour des syndicats, des avocats, des magistrats, des journalistes. Tous ceux qui tiennent encore debout.

Et lorsque la dernière voix indépendante aura été étouffée, il ne restera plus que le vacarme officiel, les applaudissements forcés et le silence contraint.

 

Raouf Ben Hédi

19/05/2025 | 12:48
5 min
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Commentaires
Dernière ligne de résistence ?
L eut elle jamais été depuis sa création, de résistante tout cours...
a posté le 20-05-2025 à 10:59
Ce qu il ne faut pas lire quand même...
ce qu'il ne faut pas lire
et corriger sans résistAnce tout courT...
a posté le à 16:59
Koup même...
Abir
Des malades
a posté le 20-05-2025 à 08:36
Vivez avec deux maladies le complot et benaliste , rabi yfarej 3likom ou Yazidkom fi el maladie !
Nephentes
Racailles benalistes
a posté le 20-05-2025 à 07:38
1- le régime a intégré pleinement et réactivité les mécanismes les plus abjects de la flicaille benaliste dans les moindres rouages de la société et des institutions Tunisiennes
2- le régime laisse se re- développer de manière cynique et criminelle les réseaux mafieux supervisés par la basse police benaliste
3- le régime est de facto l'otage de l'appareil benaliste qui peut à nouveau exercer tout type de chantage sur les décideurs politiques
Mohamed Obey
Non! Bassem Trifi n'est pas tout à fait apolitique !
a posté le 19-05-2025 à 20:32
Avec tout le respect qu'on doit à M; Bassem Trifi, je ne pense pas qu'il est neutre ou qu'il est exclusivement ou que ses déclarations sont libres de toute idéologie. Le fait qu'il taxe la supposée "frondeuse" d'avoir des agissements de madame Abir Moussi ( Madame Abir Moussi est tout de même une militante respectable même si des adversaires continuent à la classifier parmi les forces de la contre-révolution comme si les autres étaient de vrais révolutionnaires...).
Bon, on peut entrevoir à travers les articles de Businessnews que les citoyens non alignés sur positions sont des "naïfs", des pro-Saïed.
Je pense que Businessnews gagnera en crédibilité s'il revoit son approche journalistique. Les gens agissent, comprennent et tirent des conclusions en fonction de ce qu'ils observent, lisent etc. Ils construisent leur conviction le long de leur parcours; et ils peuvent changer de pôle si des faits draconiens
ou choquant s'offrent à leurs yeux... On n'est pas fait de plastique: même certains plastiques sont ductiles sous l'effet des hausses de température; mais persistent dans leur état si le climat demeure inchangé. On sait que les êtres humains ont malléable,; pourtant à un certain degré de désagrément, les sujets pensants se retournent contre leurs manipulateur...; Enfin....
BOUSS KHOUK
POUR FAIRE ENCORE PLUS SIMPLE
a posté le 19-05-2025 à 20:04
ce monsieur PDG des droits d'on sait quoi - FI TOUNIS - et vu les résultats ! BIRJOULIA
Aussi , s'il a un minimum de compréhension et digne et
HORS JEU - mil mafroudh YIFHIM ROUHOU (( NORMALEMENT )) mais bon , il défendait à un certain moment un certain ancien transitaire et (( MINISTRE , PRESIDENT D'?QUIPE DE FOOT , SVP )) qui malheureusement a déjà pas mal de soucis , rajoutant la PRESQUE CONFIRMATION de RAHIMA ALLAH , ceci n'arrangera pas les choses , la famille et proches NE SONT PAS D'ACCORD avec certains médias et d'autres qu'on appellera LE BIENT FAIT POUR VOS TRANCHES et que vous le payez en ce moment sinon plus tard .
Baklawist
Dernière ligne de résistance ?
a posté le 19-05-2025 à 19:54
Là vous exagérez RBH, demandez à un citoyen Lambda ce que c'est LTDH il vous dira jamais entendu parler , sauf bien sur ceux de la grève de la faim de 2005 ou je ne sais exactement quand, Abir Moussi l'a bien dit droits de l'homme à la carte, les loups ne se mangent pas entre eux et ce Bassam qui me rappelle le bébé sur l'emballage du savon Cadum est loin très loin de se mesurer à lelltou Abir, O tempora O mores.
Travailleur
Soyons objectifs
a posté le 19-05-2025 à 19:29
Mr Trifi a commis une double erreur , il a humilié une dame militante privée de sa liberté! le comble c'est qu'il n'a meme pas demandé des excuses... Je suis désolé mais Djbeli avait raison malgré nous tous : notre faiblesse est en grande partie a cause de nos soit disant élites.
BEN ALI avait raison aussi il a tres vite compris la chanson et le train train de ses soit-disant défendeurs de droit de l'homme gauchistes en Tunisie
Abir
Les moussistes ont répondu contre la vulgarité de trifi
a posté le 19-05-2025 à 15:30
Il ne faut pas inventer des mensonges quand vous dites moussistes et saidistes main dans la main, alors que trifi qui a attaqué ABIR MOUSSI, une Femme combattante plus courageuse que lui et il sait bien pourquoi elle est séquestrée , ce ne pas pour des crimes mais pour son franc parlé et sa défense pour la loi ! Trifi , oui il n'est pas neutre et choisit toujours les victimes à défendre surtout ceux qui appartiennent à la gauche ! Quand on est responsable d'un métier noble, on le fait bien ou on quitte, les critique ce ne personnel mais sa provocation empoisonnée, mérite une réponse !
Welles
La haine
a posté le 19-05-2025 à 15:28
Même en prison, madame Moussi n'échappe pas à la haine de ce monsieur qui se croit porteur et défenseur des droits de l'homme; heureusement que le ridicule ne tue pas
Carthage Libre
Et bin...Bravo pour un "président" d'une LTDH de s'en prendre à Mme Abir Moussi...emprisonnée par le Régime en place...
a posté le 19-05-2025 à 15:04
Ma7laha fik...

J'espère que les Zombies du Dictateur en place vont te rendre la monnaie de ta pièce !!!

Imaginez vous ; un type censé défendre à fond une prisonnière politique, innocente de surcroît, combattante (avec ses moyens), compétente et ne s'en prend pas au Régime ? Cherchez l'erreur !!

Ou bien il est peureux.

Ou bien c'est un type d'extrêùe gauche islamo-trotskiste, qui n'aime pas les libéraux.

ça m'étonne pas d'un Monsieur qui ne défend que...les islamistes en prison ; JAMAIS un mot sur Mme Abir Moussi depuis qu'il est là.
Lamjed
L'histoire se répète
a posté le 19-05-2025 à 14:04
Comme du temps de Ben Ali où le pouvoir avait fait un bras de fer avec le père de Bassem.