Le conseiller économique de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (Utap), Fathi Ben Khalifa, a affirmé que l'organisation n'a pas été consultée lors de l'élaboration de la loi de Finances 2023 (LF 2023). Il a rappelé que l'UTAP était l'une des organisations les plus concernées par la sécurité alimentaire de la Tunisie. Évoquant le stress hydrique en Tunisie, M. Ben Khelifa a mis en garde contre la période à venir. Il a expliqué que la Tunisie pouvait avoir des rentrées d'argent, mais sans pouvoir répondre aux besoins de la population. « Notre organisation ne peut pas servir d'élément de décor dans une photo ! Notre organisation a le double de l'âge de madame la ministre des Finances ! Elle a cent ans ! », a-t-il déclaré.

Invité le 29 décembre 2022 à l'émission "Expresso" animée par Manel Gharbi et diffusée sur les ondes de la radio Express FM, Fathi Ben Khalifa a considéré que la ministre des Finances, Sihem Nemsia avait manqué de respect à l'UTAP et qu'elle aurait dû lui adresser une copie du projet de la LF 2023. Ceci aurait permis d'introduire plus de mesures permettant de débloquer la situation au niveau du secteur agricole. Il a expliqué que le texte de loi comportait un seul article relatif à une prise en charge d'une partie du financement. M. Ben Khelifa a qualifié l'article de misérable et a assuré qu'il n'y avait pas de financement à prendre en charge. Il a assuré que l'UTAP n'avait pas été consultée lors de l'élaboration d'une stratégie visant à réaliser l'autosuffisance du pays en production de blé dur. Il a expliqué que l'État devait consulter les professionnels de chaque secteur avant de prendre ce genre de décision. Il a, également, affirmé que le secteur bancaire refusait de financer le secteur agricole. Il a insisté sur l'importance du partenariat entre l'Utap et le ministère de l'Agriculture. Il a considéré que tous deux se complétaient, l'organisation représentant les professionnels et les acteurs économiques du secteur et le ministère représentant l'État.

Évoquant la situation du secteur agricole, Fathi Ben Khalifa a considéré qu'il n'y avait pas de stratégie à ce niveau-là. Il a expliqué qu'une stratégie avait été rédigée, mais qu'elle demeurait impossible à appliquer en raison de la pénurie d'ammonitrate et de DAP (Di-Ammonique Phosphate). Il a affirmé que cette stratégie était défaillante et manquait de ressources financières. Il a évoqué des retards de livraison de ces produits d'au moins un mois et un manque de 40%. Il a affirmé que le PDG de la Compagnie des phosphates de Gafsa refusait d'appliquer les instructions de l'État. La majorité des stratégies, selon lui, est neutralisée de l'intérieur de l'administration. Il a considéré que l'incapacité de l'État à fournir les graines et les engrais aux agriculteurs suscitait l'intervention de l'armée. Celle-ci devrait être chargée du transport et de la distribution de ces produits. Fathi Ben Khalifa a qualifié la chose de question relevant de la sécurité nationale et a démenti les affirmations des membres du gouvernement. Ces derniers avaient assuré que les graines étaient disponibles.

Fathi Ben Khalifa a souligné l'importance de compenser la production agricole, notamment pour le secteur laitier. Il a critiqué la levée des restrictions fiscales sur l'importation du lait en poudre. Il a analysé la chose comme étant une forme de compensation aux agriculteurs étrangers. Il a estimé que l'Etat devait soutenir la production nationale et a rappelé que la Tunisie procédait dans le passé, par ses propres moyens, à la transformation du lait en poudre. Il a souligné l'importance de soutenir le secteur agricole afin de garantir la sécurité alimentaire, la stabilité économique et la paix sociale.

S.G