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Al Qaïda, menace-t-elle vraiment la Tunisie ?
21/12/2012 | 1
min
Al Qaïda, menace-t-elle vraiment la Tunisie ?
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Plusieurs événements se sont succédé ces derniers jours impliquant des terroristes dans les régions montagneuses proches des frontières notamment à Kasserine et à Jendouba. Des affrontements, des tirs, des courses-poursuites causant même à la mort d'un officier de la Garde nationale. Ces incidents viennent s'ajouter à ceux de Rouhia en mai 2011, et encore à ceux de Bir Ali Ben Khalifa en février 2012, ce qui représente, de l’avis général, une vraie source d'inquiétude chez les Tunisiens quant à la menace terroriste sur nos terres.

Ali Laârayedh, ministre de l'Intérieur, a donné, aujourd'hui 21 décembre 2012 une conférence de presse pour tirer au clair la situation sécuritaire et les risques potentiels de terrorisme notamment dans les zones frontalières.

M. Laârayedh a commencé par affirmer qu'il fallait démanteler toutes les parties liées aux mouvements et activités des personnes suspectées d'appartenir à des réseaux terroristes. Il a affirmé que l'enquête a révélé de nombreux détails mais que plusieurs zones d'ombre persistent toujours. M Laârayedh a donc promis de fournir aux médias toutes les informations dont il dispose, dans la limite, bien évidemment de la confidentialité de l'enquête toujours en cours.

Après avoir rendu hommage à l'officier de la Garde nationale Anis Jelassi décédé suite à sa blessure par balles, M. Laârayedh a cité l'affaire de Jendouba et plus précisément à Aïn Draham.
"C'était le 6 décembre 2012, un groupe de fondamentalistes voulaient faire passer des terroristes vers l'Algérie. Trois Libyens et un Tunisien ont pris part à cette opération", a-t-il précisé.

M. Laârayedh a également déclaré que les forces de l’ordre en collaboration avec celles de la Garde nationale ont déclenché une opération de ratissage ayant abouti à l'arrestation de certains parmi ce premier groupe de terroristes, alors que d'autres ont pris la fuite et se sont abrités dans les montagnes. Les recherches sont toujours en cours selon M. Laârayedh.

Ensuite, viennent les incidents de Kasserine en date du 10 décembre, et au cours desquels l'officier Anis Jelassi a perdu la vie. C'était dans la région de Dernaya et en dépit de la difficulté des opérations, les forces de l'Ordre ont réussi à arrêter sept suspects et à saisir des matières explosives, du trinitrotoluène (TNT) de l'ammonitre, des révolvers, des munitions, des cartes militaires, des jumelles, des messages codés, des uniformes, des armes blanches ...

M. Laârayedh a ensuite déclaré que les investigations autour de ce dernier événement ont montré que les protagonistes sont, en fait, un groupe de terroristes encore en phase de constitution dépendant d' Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) installé à Kasserine portant le nom de "Brigade d'Okba Ibn Nafaâ", formée de membres originaires de la région, jeunes pour la plupart. Cette cellule est, d'après le ministre de l'Intérieur, dirigée par trois Algériens et est directement liée à l'Emir de l'AQMI Abdel Mossâab Abdelwadoud. M. Laârayedh a ajouté que certains membres de cette cellule terroriste sont toujours en cavale dans les montagnes Chambi.
Le ministre de l'Intérieur a ensuite évoqué les objectifs de ces groupes. Il a déclaré que ces terroristes visent à attirer les jeunes extrémistes afin de leur offrir une initiation militaire. Ensuite, ils œuvrent à les envoyer à de réels camps d'entraînement de l'AQMI en Algérie et en Libye. A ce propos, M. Laârayedh a précisé que les forces de l'ordre et la Garde nationale ont découvert un camp d'entraînement "théorique et pratique" en Tunisie, mais qui se distingue par des activités non bruyantes, telle que le démontage d'armes, le codage, l'entraînement physique ...
Le ministre a tenu à confirmer que tous les membres de ces deux cellules, que ce soit celle à Kasserine ou à Aïn Draham, ont quasiment tous été identifiés, bien qu'ils ne soient pas encore tous été arrêtés.

Par ailleurs, M. Laârayedh a affirmé que ces terroristes cherchaient à créer, en Tunisie, un vrai camp sur les frontières et l'instauration du jihad et "l'imposition de la Chariâa islamique. Ce camp se trouverait dans la montagne Chambi et serait, également, liée à la cellule de Aïn Draham.

Le ministre de l'Intérieur a ajouté que ces terroristes disposent de Kalachnikovs tout en affirmant en ignorer le nombre. Ils s'approvisionnent en armes à partir de l'Algérie et la Libye et sont également financés par l'AQMI des deux pays voisins.

Il est fort probable, selon M. Laârayedh, que les armes retenues lors des événements de Bir Ali Ben Khalifa étaient destinées à la formation du camp projeté à Kasserine. "Il s'agit des mêmes armes, mêmes techniques, même codage ..." ,a-t-il ajouté.
M. Laârayedh n'a pas nié le lien potentiel entre les membres de ces cellules et le mouvement salafiste "Ansar Al Chariâa" tout en avouant ne pas disposer de preuves.

Rappelons, dans ce même contexte, qu'en date du 1er février 2012, des échanges de tirs se sont produits, entre trois individus et des agents de la sûreté nationale dans la localité de Toleb, appartenant à la délégation de Bir Ali Ben Khelifa au gouvernorat de Sfax. Un soldat ainsi qu'un agent de la Garde nationale avaient été grièvement blessés lors de ces affrontements.

Ainsi, avec au total quelque 16 arrestations et près de 18 personnes recherchées, les opérations de ratissage et d'investigations sont toujours menées par les autorités tunisiennes.
Le ministre de l'Intérieur a conclu par un discours rassurant et optimiste en affirmant: "A tous les Tunisiens, je dis que ces cellules de l'AQMI n'ont pas d'avenir sur nos terres. Notre peuple les refuse. Nos unités ont avorté leurs programmes et projets. Il n'y a pas de place au terrorisme, car nous avons réalisé notre révolution, nous sommes un Etat musulman qui vit bien sa culture, sa religion et, également, sa modernité".
Nous voulons bien croire le ministre de l’Intérieur et partager son optimisme, mais nous sommes en droit de rester inquiets et prudents au vu de la multiplication et la recrudescence des découvertes de ce type de groupes de terroristes, des armes et autres munitions, ce qui laisse supposer que la menace terroriste de ce redoutable groupe d’Al Qaïda es à prendre plus qu’au sérieux et que la vigilance doit être, plus que jamais, de mise.

Dorra Megdiche Meziou
21/12/2012 | 1
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