
À l'approche de la présidentielle du 6 octobre 2024, Zouhair Maghzaoui a décidé de s'afficher ouvertement et publiquement contre le président de la République, Kaïs Saïed et le processus du 25-Juillet qu'il avait tant soutenu. Le candidat a décidé, semble-t-il, de faire son "mea-culpa" !
"Conférence urgente du candidat Zouhair Maghzaoui", telle était la qualification de l'événement du 28 août 2024, vers qui une grande partie des internautes et des Tunisiens avait les yeux rivés. Certains ont même soupçonné une possible annonce du candidat de se retirer de l'élection. La chose était envisageable en raison de la quasi-absence de Maghzaoui dans les médias et l'espace public. Malheureusement, et malgré ses années de militantisme, le candidat a rarement fait parler de lui jusqu'à maintenant. L'opinion publique s'est focalisée jusqu'à maintenant sur ses concurrents, Ayachi Zammel, ancien député, fondateur et dirigeant du mouvement "Azimoun" et Kaïs Saïed, président de la République.
Après des semaines de débats houleux portant sur les conditions de candidature et des centaines de déclarations liées au fameux bulletin n°3 exigé par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), celle-ci a annoncé, dans une conférence de presse du 10 août 2024, que seulement trois des 17 dossiers de candidature ont été acceptés. Il s'agit de Zouhair Maghzaoui, du président de la République, Kaïs Saïed et d'un certain Ayachi Zammel. Le dirigeant du mouvement "Azimoun" a, directement, fait l'objet de plusieurs interrogations. De qui s'agit-il exactement ? Qu'est-ce qui le pousserait à se présenter à la présidentielle ? Certains l'avaient même qualifié d'outsider et de candidat insignifiant.
Néanmoins, et depuis cette annonce, c'est ce même outsider qui s'est hissé au rang de concurrent direct de Kaïs Saïed reléguant Zouhair Maghzaoui à un rôle de second plan, voire l'envoyant aux oubliettes. Le pouvoir en place quant à lui, n'a fait que compliquer la chose à M. Zammel. Il fait face à plusieurs accusations et poursuites liées à la collecte de parrainages. Ainsi et depuis l'annonce de la liste préliminaire, les médias et l'opinion publique ne parlent que d'une dualité Saïed vs Zammel. Zouhair Maghzaoui est laissé de côté, voire ignoré. Une chose assez fâcheuse pour un candidat misant, lors de l'annonce de sa candidature, sur ses années de militantisme et sur sa cote de popularité. « Je suis connu de tous ! Je ne suis pas un sombre inconnu... J'ai milité contre la dictature », avait-il déclaré le 23 juillet 2024 en annonçant sa candidature.
Concrètement, la candidature de Zouhair Maghzaoui n'a pa eu grand éclat pour deux principales raisons paradoxalement contradictoires. Pour les soutiens du système en place, ils considèrent la chose comme étant une grande trahison. Nombreux sont ceux ayant accusé le candidat d'exprimer de la rancœur, et même de la jalousie envers le chef de l'État. Zouhair Maghzaoui aurait décidé de ne plus soutenir le président, car ce dernier ne lui a pas proposé de ministère ou de hautes responsabilités. D'un autre côté, les opposants au système en place accusent Zouhair Maghzaoui de jouer le rôle d'opposant de façade et de participer à un simulacre d'élection. Il ne s'agirait que d'une mise en scène de très mauvais goût visant à consolider et à légitimer le pouvoir en place. Triste bilan pour des années de militantisme et d'engagement pour Zouhair Maghzaoui.
Le candidat, malchanceux, a essayé de rattraper le coup et de s'imposer par quelques vidéos publiées sur sa page officielle reprenant les grandes lignes de son programme électoral. Néanmoins, la meilleure d'entre elles n'a pas dépassé la barre de 26 mille visionnages. Sûrement à cause de la mise en scène, de l'angle de prise de vue et des couleurs dignes d'un documentaire des années 2000. Parallèlement à cela, Zouhair Maghzaoui se trouve dans une très mauvaise position à la suite de l'annonce de la réintégration de Abdellatif El Mekki, ancienne figure d'Ennahdha et secrétaire général du parti "Amal wa Injaz", à la liste des candidats à la présidentielle.
Le candidat semble ne pas avoir pu digérer la nouvelle. On le voit, lors de la conférence de presse urgente du 28 août 2024. Zouhair Maghzaoui était furieux, colérique et pour certains au bord de l'hystérie. Tout au long de cette conférence, il s'attaque ouvertement au pouvoir en place et au président de la République, Kaïs Saïed. Le chef de l'État, qu'il a tant soutenu, ne serait plus l'homme de la situation. La nouvelle constitution, à laquelle lui et son parti avaient appelé à adopter, ne serait plus aussi séduisante que cela. Alors qu'il avait considéré lors du référendum du 25 juillet 2022, qu'il s'agissait d'un texte concrétisant la volonté du peuple, Zouhair Maghzaoui assure, maintenant qu'il s'agit d'une constitution prônant la dictature et permettant la monopolisation des pouvoirs. Cette même constitution que Zouhair Maghzaoui a soutenu et pour laquelle il a fait campagne lors du référendum de 2022. Il ose même appeler le président à choisir entre la présidence et la candidature. Ce dernier doit, soit déléguer ses fonctions, soit se retirer de l'élection, selon lui. Ce même président qu'il n'a cessé de soutenir et de défendre ! Très malchanceux, Zouhair Maghzaoui fait, aussi, face à la réintégration de Mondher Zenaidi à la liste des candidats à la présidentielle. Cette décision, annoncée par l'assemblée plénière du tribunal administratif, semble réduire à néant les chances de M. Maghzaoui d'être même pris au sérieux.
"Étrange retournement de veste !", c'est ce qui qualifierait le mieux les décisions et les positions prises par Zouhair Magzhaoui ces derniers temps. La tentative de mea-culpa indirecte ne passe pas. L'opposition rejette complètement l'attitude de ce dernier, à l'exception de quelques-uns estimant que mieux vaut tard que jamais. Quant à ceux soutenant le pouvoir en place, les propos prononcés lors de la conférence de presse du 28 août 2024 représentent un point de non-retour. M. Maghzaoui est en même temps un traître et un opposant dont personne ne veut. Même le pouvoir en place ne semble pas se soucier de lui. Contrairement aux autres, il n'est pas poursuivi pour complot, pour ses déclarations sur fond du décret 54 ou pour fraude électorale.
Zouhair Maghzaoui s'apprête, donc, à entamer l'une des campagnes électorales les plus étranges et les plus difficiles de l'histoire politique de la Tunisie. Il lui faudra fournir davantage d'efforts pour essayer de s'imposer dans l'espace public et retrouver une place de premier plan dans la scène politique, même si ceci reléve plus de l'ordre de l'impossible. Ces élections pourraient même signifier la fin de la carrière politique de ce dernier.
Sofiene Ghoubantini


Sayed propose de le mettre en prison ...
Moi, non.
Je me rapproche désormais de nos voisins européens et du monde libre et moderne.
En contrepartie , Maghzaoui espere que NAHDHA lui renvoie l'ASCENCEUR en le désignant CHEF DE GOUVERNEMENT.