Les récentes libérations de Sihem Ben Sedrine, de l’ancien ministre Riadh Mouakher et du journaliste Mohamed Boughalleb ont suscité un vif enthousiasme sur les réseaux sociaux tunisiens. Ces décisions judiciaires, perçues comme une lueur d’espoir, ravivent l’aspiration collective à une justice plus équitable.

De nombreux internautes et figures publiques ont exprimé leur soulagement, appelant à la libération d’autres détenus politiques, activistes de la société civile et journalistes. L’exigence d’une libération générale des prisonniers d’opinion s’est amplifiée, traduisant une attente profonde d’un tournant dans la gestion des affaires judiciaires en Tunisie.

« Libération ! », ont écrit de nombreux internautes dans des publications empreintes d’émotion. Ce simple mot, porteur d’un immense soulagement, tranche avec des années marquées par une vague d’arrestations et d’emprisonnements, laissant place, pour la première fois depuis longtemps, à un sentiment de renouveau démocratique.

« Ces décisions marquent-elles un véritable changement dans la politique judiciaire du pays ou ne sont-elles qu’un geste isolé ? L’avenir le dira », peut-on lire ce soir dans de nombreuses réactions.

L'ancien ministre et secrétaire général d'Attayar, Mohamed Abbou, s’est réjoui de ces libérations. « Mohamed Boughalleb quitte la prison sous peu, qu’il en soit de même pour les autres détenus politiques, des médias et toutes les personnes injustement emprisonnées et privées d’un jugement équitable », a-t-il écrit.

L’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek a félicité le journaliste pour sa libération et a également souhaité qu’il en soit de même pour tous les autres prisonniers politiques et d’opinion.

Le président de l'Observatoire tunisien pour les droits de l'Homme, Mostafa Abdelkebir, s’est dit heureux de cette libération à laquelle il n’avait cessé d’appeler.

Le président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (LTDH), Bassem Trifi, a souligné qu’un tel verdict est rare et qu’il s’agit d’un « message politique à qui saurait l’entendre ». Il a aussi souhaité la libération d’autres détenus d’opinion à l’instar de Sonia Dahmani et de Mourad Zeghidi, soulignant que les libérations de Sihem Ben Sedrine et Mohamed Boughalleb ne doivent pas faire oublier les autres prisonniers injustement détenus.

L’ancien député Mahmoud Baroudi a répété le mot « libération », un « si joli mot », selon lui. Il a aussi souhaité la libération de Sonia Dahmani, Mourad Zeghidi, Borhen Bsaies et « les autres ».

 « C'est ce qui aurait dû arriver depuis des mois et des années... J'ai été heureux hier de la libération de Sihem Ben Sedrine et je suis heureux aujourd'hui de la libération de Mohamed Boughalleb et Riadh Mouakher... Et je me réjouirai encore plus de la libération de Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi, Jaouhar Ben Mbarek, Abdelhamid Jelassi, Khayam Turki, Ridha Belhaj, Lotfi Mraihi, Ayachi Zammel, Abir Moussi, Mondher Lounissi, Ajmi Lourimi, Rached Ghannouchi, Noureddine Bhiri, Sahbi Atig et d'autres personnalités politiques ainsi que Sonia Dahmani, Mourad Zeghidi, Borhen Bsaies et Chadha Haj Mbarek. Et de la sortie de prison de Rached Tamboura, Cherifa Riahi, Saâdia Mesbeh et des autres militants de la société civile... Et de la restitution des droits des 49 magistrats, avec l'application de la décision du Tribunal administratif annulant leur révocation... Et de la levée de l'injustice qui frappe de nombreux Tunisiens et Tunisiennes...

Bien entendu, rendre des comptes est nécessaire pour toute personne impliquée dans des crimes, mais cela doit se faire après un procès équitable respectant toutes les normes de justice et dans le cadre d’une magistrature libre, indépendante et non menacée de révocation ou de pressions administratives du ministère de la Justice », a posté le dirigeant d'Attayar, Hichem Ajbouni.

 Le journaliste Meher Kacem a aussi été de ceux que le mot « libération » a réjouis, « après avoir subi la déprime à longueur d’arrestations et dépôts », souhaitant la libération de toutes les personnes injustement détenues.

 L’universitaire Olfa Youssef a, elle, souhaité la libération des autres prisonniers d’opinion et de personnalités injustement détenues « sans exception », rappelant que la « Tunisie n’est pas bâtie sur la haine et le ressentiment ».

La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a accepté, aujourd'hui jeudi 20 février, la demande de libération du journaliste et chroniqueur Mohamed Boughalleb.

L’avocat Wacef Masmoudi, membre du comité de défense de Riadh Mouakher, a annoncé aujourd’hui via un post Facebook la libération de son client, incarcéré depuis février 2023.

Hier, mercredi 19 février 2025, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis a décidé de remettre en liberté Sihem Ben Sedrine, qui avait fait appel de la décision du premier juge d’instruction du pôle judiciaire économique et financier.

M.B.Z.