Nous sommes le dimanche 6 octobre 2024n jour de l’élection présidentielle. Il ne fait pas très chaud, le soleil brille et le ciel est dégagé. Pourtant, la ville est morne. Il n’ya aucun signe d’engouement pour cette élection. Les rues sont vides, les attroupements inexistants, la circulation fluide. Bref, une journée dominicale banale.
Même au temps de Ben Ali, on faisait mieux au niveau de l’animation de la ville le jour du vote. Quand bien même les résultats étaient connus d’avance, les Tunisiens avaient droit à des rues où flottaient des drapeaux sur chaque poteau d’éclairage, des défilés bruyants des taxis avec le portrait du président collé au pare-brise, des rassemblements devant les bureaux de vote et des troupes folkloriques partout dans la ville. Cela ne trompait personne mais avait le mérite de donner de la couleur et du son à une journée de dimanche pas comme les autres.
Aujourd’hui, on a l’impression qu’on a tout mis en œuvre pour que cette élection présidentielle soit un événement banal qui se déroule un dimanche banal. La responsabilité incombe au pouvoir en place et à l’Isie. Sans trop disserter sur cette question, on peut se limiter à affirmer qu’on a tout fait, tout au long du processus électoral, et jusqu’à quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote, pour que cette élection se déroule sans son ingrédient principal : la compétition.
Les partis politiques et les organisations de la société civile qui ont appelé au boycott de cette élection, assument eux aussi une part de responsabilité dans cette ambiance morbide dans laquelle se déroule l’opération de vote. Ils n’ont toujours pas compris, par incapacité de mobiliser la rue, incompétence politique ou même par égoïsme et mégalomanie tout simplement, que la chaise vide n’est pas une politique à suivre mais une abdication et un échec annoncé. Par leur appel au boycott, ils sont devenus, de fait, les alliés du pouvoir qu’ils dénigrent et lui laissent la voie grande ouverte pour un nouveau succès au moindre frais.
Les individus qui ne se sont pas déplacés pour voter ne sont pas en reste. Ils ont failli à leur devoir de citoyen. Tous leurs arguments pour expliquer leur apathie citoyenne et leur répulsion de la chose politique et publique sont irrecevables. Ils ont accepté, de fait, de ne pas être des citoyens à part entière mais de simples moutons de panurge. Ils oublient que leurs voix dans les urnes sont des voix pour leur avenir, pour eux alors que les voix qui ne sont pas comptabilisées sur les bulletins de vote sont des voix contre eux.
Dans quelques heures, on commencera à publier les résultats de cette élection. Peu importe le taux de participation. Peu importe aussi s’il y aura un deuxième tour ou pas, ou lequel des trois candidats a remporté cette manche. Malheureusement, quels que soient les résultats de cette élection, ils seront entachés d’irrégularités flagrantes. Le gagnant, quel qu’il soit, ne pourra jamais se pavaner d’une légitimité électorale. En toute logique, si nous ne voulons pas sombrer totalement dans la dictature, il faudrait appeler à de nouvelles élections concertées au plus vite.
Bien entendu, on mettra au premier plan les déclarations flatteuses des observateurs russes et de la ligue des Etats arabes concernant le bon déroulement de l’opération de vote. Comme si la Russie ou les pays arabes sont connus pour leurs élections démocratiques et libres. On nous dira aussi que les chefs d’Etat des pays frères et amis ont salué le climat dans lequel s’est déroulée cette élection et leur volonté de renforcer leur coopération avec notre pays. Ils continueront de nous miroiter cette coopération tant que nous continuerons de jouer notre rôle de garde frontière avancée.
- aux moutons on ne présente pas de programmes électoraux
- aux moutons et leurs journalistes on n'organise aucune conférence de presse durant cinq années
- aux moutons on n'organise pas de débats électoraux
- les moutons doivent juste bêler pour valider une constitution et des lois imposées par l'extrême sagesse et générosité du berger
- aux moutons on ne donne pas la parole, on ne leur promet rien ni on ne leur explique ce que l'on compte faire ou vers où se dirige-t-on
- aux moutons les ministres et responsables ne parlent pas, seul le berger et ses chiens crient, menacent et tapent
- aux moutons on ne dévoile pas les accords bilatéraux avec les voisins
- aux tribunaux des moutons les juges non-moutons sont manu militari remplacés par de vrais moutons
- aux médias des moutons les journalistes non-moutons sont envoyés en masse en cure de moutonisation forcée et bien surveillée.
Et les moutons sont tellement contents quand ils comparent leur sort à celui de leurs camarades qui ont oser bêler qu'ils n'étaient pas de Panurge.
Quand a-t-on vu un berger prendre l'avis de ses moutons sur les meilleurs paturages, leurs meilleurs prix de vente, lequel d'entre eux doit-on sacrifier ou les accords avec les bergers ou les bouchers voisins !!!
Vivons heureux, vivons moutons. Tristes tropiques.
Une question : est-ce que vous avez confiance en cet organisme qui s'appelle l'is(i)e ?
Si la réponse est oui, ce que vous avez écrit tient la route.
Si la réponse est non, pardonnez-moi de vous le dire, mais vous êtes stupide.
Il n'y a pas un pouvoir de cette nature qui ait été chassé par les urnes.
L'effondrement économique et l'illégitimité sont les seuls angles d'attaques si on veut combattre ce régime.
Mais je suis allé voter quand même.
Sans illusion
Maintenant, il nous reste à savoir si le nadhif, le propre, celui qui va nettoyer le pays des malfrats va résister à la tentation, la tentation de commettre de petites erreurs d'arithmétique, après tout il nous l'a avoué lui même il y a quelques années: je suis nul en maths.
Les urnes ou la rue, comprendra profondément celui qui voudra comprendre. Last call.