
La mère de la chanteuse Cassie a témoigné mardi 20 mai 2025 au procès de P. Diddy des menaces et violences dont avait été victime sa fille quand elle était la compagne du magnat du hip-hop, aujourd’hui accusé de trafic sexuel.
Désormais retraitée, Regina Ventura, mère de Casandra Ventura — connue sous son nom d’artiste Cassie — a été interrogée par la procureure sur un email que lui avait envoyé sa fille le 23 décembre 2011.
« Les menaces de Sean Puffy Combs à mon égard sont les suivantes : il va diffuser deux vidéos explicites », indiquait ce message, a déclaré Regina Ventura devant le tribunal de Manhattan.
« Il a dit aussi qu’il allait envoyer quelqu’un pour me faire du mal, physiquement, à moi et Scott Mescudi », nom du rappeur Kid Cudi, avec lequel Cassie avait eu une brève idylle alors qu’elle fréquentait P. Diddy, poursuit le courriel, selon Regina Ventura.
« J’étais malade à l’époque. Je ne comprenais pas tout, mais les sex-tapes m’ont perturbée », a ajouté la mère.
La semaine dernière, la chanteuse Cassie, dont le témoignage est au cœur de ce procès, avait détaillé les « freak-offs » au centre des accusations : des marathons sexuels où elle devait livrer son corps, sous l’emprise de drogues, à d’autres hommes rémunérés, pour satisfaire les désirs du rappeur, qui la filmait.
Mais la défense a tenté de démontrer qu’elle y prenait part volontairement, en accord avec P. Diddy, qu’elle a fréquenté pendant environ une décennie (2007-2018) avant de se marier, en 2019, avec Alex Fine.
Figure incontournable du hip-hop, P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, est jugé pour trafic à des fins d’exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que pour des actes d’enlèvement, de corruption et de violences, regroupés sous l’inculpation d’entreprise criminelle. Il risque la prison à vie.
20.000 dollars
Au terme du procès, les jurés devront dire si l’artiste aux multiples Grammy Awards a mis sa notoriété, sa richesse et son influence redoutée dans le milieu du hip-hop au service d’un trafic sexuel.
Regina Ventura a expliqué que Sean Combs, à l’époque déjà richissime et dont la fortune est aujourd’hui évaluée à 700 millions de dollars par le magazine Forbes, exigeait qu’on lui verse 20 000 dollars pour « dédommager » les dépenses de Cassie au moment où elle le trompait.
L’argent avait finalement été versé, la mère de Cassie justifiant ce paiement pour garantir « la sécurité » de sa fille.
Regina Ventura a également été interrogée mardi sur des photos de Cassie montrant des hématomes sur son corps, toujours à la même époque, fin 2011. « Elle avait des contusions. Nous voulions être certains d’avoir des éléments pour montrer un jour qu’elle avait été battue par Sean Combs », a poursuivi la mère de la chanteuse.
Tout contrôler
Lundi, l’ancienne meilleure amie de Cassie, Kerry Morgan, a décrit des abus physiques et psychologiques présumés de P. Diddy.
Cassie avait été violemment battue par P. Diddy en 2016, une scène captée par des caméras de vidéosurveillance, diffusée en 2024 par la chaîne CNN, puis la semaine dernière au procès. On y voit P. Diddy la traîner au sol et la rouer de coups.
Kerry Morgan, qui résidait alors chez Cassie, a affirmé que P. Diddy s’était ensuite rendu sur place et s’était mis à frapper à la porte avec un marteau à la main.
« Je pense qu’elle avait peur qu’il entre et qu’il la tue », a témoigné Kerry Morgan, affirmant aux jurés qu’elle avait alors recommandé à Cassie de quitter P. Diddy ou, du moins, d’appeler la police.
Mais la chanteuse, dont la star du hip-hop était le producteur, lui aurait répondu « qu’elle ne pouvait pas » car P. Diddy « contrôlait tout » et qu’elle risquait ainsi de perdre son « travail, sa voiture, son appartement ». « Elle aurait perdu tous ses moyens de subsistance ».
© Agence France-Presse
Un vrai regard de tueur.

