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Suspicions de torture et de maltraitance… Que se passe-t-il à la prison d’El Messadine ?
24/10/2022 | 15:39
4 min
Suspicions de torture et de maltraitance… Que se passe-t-il à la prison d’El Messadine ?


Violence, torture et maltraitance dans les prisons tunisiennes. On pensait la pratique disparue avec la chute de l’ancien régime. Onze ans après, la situation reste – semble-t-il – inchangée du moins dans l’un des établissements pénitentiaires de Sousse ; la prison civile d’El Messadine où de fortes suspicions de maltraitance ont été signalées. 

 

Selon l’avocat d’un des détenus, plusieurs parmi les réclusionnaires de cet établissement ont été victimes de violence. Les témoignages qui nous sont parvenus nous ont poussé à enquêter et ce que nous avons découvert n’a fait que semer davantage le doute sur le quotidien « indigne » des âmes pécheresses qui habitent les sombres couloirs de cette prison surpeuplée. 

Les suspicions sont telles que la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et l'Instance nationale pour la prévention de la torture (INPT) se sont saisi du dossier. Des visites d’inspection ont été menées pour vérifier les faits rapportés par les avocats et familles des détenus. La prison d’El Messadine aurait été transformée en un donjon où les droits de l’Homme sont bafoués sous un silence assourdissant.  

« La prison vit au rythme des tensions. Elle est en proie à une spirale de peur et d’anxiété, depuis l’évasion d’un détenu. Nous avons, également, constaté que l’établissement abritait 1.700 détenus alors que sa capacité d’accueil est de 900 prisonniers. L’unité souffre de plusieurs problèmes ; la propagation de maladies, un manque en nourriture et en ressources humaines. De façon générale, ce que je peux vous dire est que l’INPT a relevé des cas d’abus et de violence dans les prisons de Sousse », affirme à Business News – non sans réserve – le président de la commission des visites à l’Instance nationale de prévention de la torture, Lotfi Ezzedine. 

 

Notant que l’INPT a effectué une visite dans la prison d’El Messadine, la semaine dernière, il ajoute qu’il ne peut, toutefois, certifier s’il y a eu torture bien que la commission ait enregistré des suspicions de maltraitance.  C’est à la justice de trancher sur la question, selon ses dires. Une enquête est, d’ailleurs, en cours. Souhaitant en savoir plus sur le sujet, nous avons tenté de contacter Arbia Drissi, membre de la commission d’investigation au sein de l’INPT, mais elle n’a pas répondu à nos sollicitations.

En août 2022, l'un des détenus a réussi à s'évader alors qu'il devait se faire soigner à l’infirmerie de la prison, profitant d’un « laxisme » sécuritaire. Ce « relâchement » s’est, semble-t-il, transformé en une vigilance exacerbée jusqu’à verser dans l’excès inverse. Un responsable sécuritaire assure, en effet, à Business News que depuis cet incident, « la prison est en état de choc collectif, au niveau de l'administration, des détenus et des sécuritaires ». 

C’est dans ce même contexte que la Ligue tunisienne des droits de l’Homme a, elle aussi, effectué une visite d’inspection de trois jours dans cet établissement à la réputation désormais entachée. Son objectif était de corréler les témoignages selon lesquels le nouveau directeur de l’établissement – désigné après l’épisode escampette – aurait étouffé « la rébellion » par des mécanismes répressifs exagérés qui pourraient être qualifiés de maltraitance si les preuves sont établies. 

En attendant l’examen du rapport de l’INPT par les autorités compétentes, la LTDH a mené son enquête et a relevé sur les détenus des traces de violence. Selon Shady Trifi, membre de la LTDH de Sousse, l’organisation cherche à savoir s’il s’agit de traces d’abus commis par les agents et surveillants pénitentiaires ou de marques de violences entre détenus. « Nous avons reçu des plaintes des prisonniers pour maltraitance, agression morale et physique et torture après la nomination d’un nouveau directeur. Certains témoignages parlent d’une réaction brutale à une sorte de rébellion qui a eu lieu après l'évasion d'un prisonnier », explique-t-il à Business News déplorant, par la même occasion, la surpopulation dans ladite prison et la situation pénible des prisonniers. 

 

Selon le rapport de la Ligue des droits de l'homme pour l'année 2021, dont Business News a eu copie, la torture et la maltraitance ont atteint le rang de pratiques orchestrées. L’organisation dit avoir enregistré des cas d’abus, de violence sur mineurs. Certains ont été obligé de signer des PV sans avoir le droit de les consulter. D’autres ont été victimes de blessures graves dues à des agressions à la matraque. 

Le ministère de la Justice enquête, de son côté, par le biais de l’inspection générale. L’objet des investigations n’est, cependant, pas le même, selon M. Trifi. Le département a choisi plutôt de déceler les circonstances dans lesquelles l’évasion du prisonnier a eu lieu.

 

Tels que rapportés, ces témoignages viennent entériner le constat que les organisations de défense des droits de l’Homme n’ont cessé de crier. La criminalisation de la torture et de la maltraitance en prison et ailleurs restent inabouties. L’impunité prime et le déclin de l’état des droits de l’Homme en Tunisie ne fait que s’aggraver dans un contexte d’instabilité politique exacerbée depuis le 25-Juillet.  

 

Abir Guesmi (traduit par Nadya Jennene) 

 

 

24/10/2022 | 15:39
4 min
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Commentaires
Nephentes
La torture une pratique systemique
a posté le 25-10-2022 à 14:28
Il y a des centaines de cas de torture commis par des agents sécuritaires chaque année; des centaines. De plus en plus de mineurs y sont exposés.

La prison de Messaadine est loin d'être un cas isolé.
Sémir
LA TUNISIE, UN PAYS SOUS DEVELOPPE ET VIOLENT
a posté le 24-10-2022 à 17:49
Dieu merci, je ne vis pas dans un pays arabe comme la TUNISIE.

Tout est agressif dans ce pays. Même avec l'argent, c'est un pays INVIVABLE.

La population tunisienne n'a aucune éducation. C'est un pays SOUS DEVELOPPE à tous les points de vue.
Nephentes
un ensauvagement massif et durable
a posté le à 14:36
Oui c'est invivable je confirme.

Sous mon bureau il y a une petite mafia qui gère des stationnements anarchiques. il y a 5 minutes a peine un sénior de plus de 60 ans s'est fait agresser physiquement par un jeune voyou se prétendant sécuritaire sous prétexte qu'il lui avait reproché son stationnement illégal qui avait bloqué la voiture de ce pauvre Monsieur d'allure et de comportements parfaitement respectables.

C'est l'horreur au quotidien.