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Reportage - Tomates, pommes de terre... les nouveaux produits de luxe
01/11/2022 | 14:34
4 min
Reportage - Tomates, pommes de terre... les nouveaux produits de luxe

 

Dans la Tunisie nouvelle, celle de la lutte contre le monopole et la spéculation, celle de la lutte contre la corruption, chaque jour qui passe apporte son lot de pénuries ou d’envolées de prix. Après les volailles et les œufs dont les prix et la disponibilité varient d’une semaine à l’autre, c’est au tour d'un fruit largement convoité et consommé par les Tunisiens; la tomate. Un plat de chakchouka ou de ojja, vous coûtera à présent dans les 20 dinars. 

Depuis quelques jours, les tomates se font rares et leurs prix ont atteint en ce début de semaine des sommets stratosphériques. Le kilo de tomates se vend entre 3.600 et 4.000 dinars dans les étalages des souks et entre 1.800 et 2.600 dinars dans les marchés municipaux.



Si dans les marchés municipaux les prix sont affichés (celui d’Ennasr déroge à la règle), dehors sur les étalages, c’est à la tête du client et suivant la quantité qu’il désire acheter que les vendeurs de légumes se prononcent. « Allez ! Je vous fais un prix ! Rien que pour vous ! 3.600 dinars madame au lieu de 4.000 dinars ! », nous lance-t-on à l’entrée du souk de l’Ariana, pas loin des boutiques de friperie, dans la matinée de mardi 1er novembre 2022. 

 

 

Les petites plaquettes de prix ont disparu côté tomate. Elles décorent uniquement les piments, poivrons, oignons, et parfois les pommes de terre. Il suffit d’une remarque sur l’absence de ces petites plaquettes – pourtant exigées selon la réglementation en vigueur – pour être fustigé d’un regard noir. 

Ce décalage – inversé – entre les prix a une explication. « En plus du manque de précipitations, la faute est au ministère du Commerce », nous confie l’un des vendeurs de légumes du marché municipal de l’Ariana. « Ceux qui se trouvent dehors achètent les tomates à 2.500 et les vendent deux fois leur prix pour s’assurer une marge bénéficiaire dans l’absence d’un contrôle des prix. Et même quand ils effectuent leur inspection, les services municipaux laissent faire », ajoute-t-il. 

Notre interlocuteur achète lui ses tomates à 2.500 et les vend, des fois, à perte, si toutefois, il arrive à en trouver au marché de gros de Tunis. « Sur les quittances, les tomates sont vendues à 1.800 dinar le kilo comme indiqué par le ministère du Commerce. Mais en vrai, nous les payons 2.500 dinars le kilo », affirme-t-il avant de lâcher un soupir. 

 

 

À côté, d’autres vendeurs de légumes ont préféré fermer boutique. « Si leurs étalages sont vides, c’est parce qu’ils n’ont rien acheté. Rien que les oignons se vendaient à quatre dinars la semaine dernière au marché de gros. Ils préfèrent plutôt fermer que de vendre à perte », nous explique notre interlocuteur. 

Les prix n’ont pas manqué de choquer. Certains consommateurs sont allés chercher des tomates cerise dans l’espoir de trouver moins cher. Celles-ci sont vendues entre un dinar et 1dt300 les cents grammes. L’écart entre les prix à l’intérieur du marché et à l’extérieur était relativement raisonnable. Les grandes surfaces présentent une meilleure offre. Le kilo en vrac de tomates cerise est vendu à près de huit dinars. Les barquettes sont, elles plus chères. Celles de 200 gr sont vendues à plus de quatre dinars. 

Revenons aux pommes de terre. Les prix sont moins exorbitants. Un ragoût de pommes de terre – car purée, on ne peut par manque de lait et de beurre – reste abordable si l’on se contente de le cuisiner sans viande. À l’intérieur du marché municipal de l’Ariana, les pommes de terre sont vendues entre 1.380 et 1.500 dinar le kilo. Dehors, aux étalages extérieurs, c’est l’anarchie totale qui règne. Les prix suivent une courbe occulte et oscillent entre 2.800 et 2.900 dinars le kilo, alors qu’au marché de gros, elles sont vendues à 2.500 dinars le kilo. « Bien évidemment, sur les quittances, le prix affiché est de 1.350 dinar uniquement », précise notre vendeur de légumes. 


Il y a de cela deux mois, le ministère du Commerce a publié un communiqué fixant les prix de plusieurs denrées. Au gros, le prix des pommes de terre a été fixé à 1.350 dinar le kilo, et au détail à 1.500 dinar le kilo. Les tomates n’étaient pas encore sujettes à une régularisation de prix. Le département avait, aussi, appelé à respecter les prix fixés et à prendre en considération le pouvoir d’achat des citoyens. 

Ces appels sont, de toute évidence, tombés dans une oreille sourde. Chose qui ne semble pas déranger pour autant le ministère du Commerce, au vu des prix que nous avons admiré en ce 1er novembre 2022. Le département semble miser sur une conscience, décidément étrillée par la frénésie du gain dans un contexte de crise multidimensionnelle. Il préfère avertir à coups de communiqués contre d’éventuelles sanctions et appeler les citoyens à rationaliser leur consommation au lieu d’agir. 

Nadya Jennene 



 

01/11/2022 | 14:34
4 min
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Commentaires
Abdelkefi
Si il n'y avait que ça
a posté le 01-11-2022 à 23:20
La Tunisie ne réponds plus
Expatriée ici depuis 2 ans j'ai vu la descente aux enfers de ce beau pays.
Par exemple depuis 3 semaines le site du registre de commerce tunisien ne fonctionne pas, on ne peut plus y payer par carte.
Chaque jour on me dit ça sera réparé demain.
Je travaille pour une société européenne mais il se peut que nous quittons bientôt la Tunisie à cause d'une trop faible productivité par rapport à notre usine marocaine.
SVP si vous aimez votre pays réveillez-vous !
MH
@Abdekefi bonjour
a posté le à 09:23
Comment se réveiller et on a la tête de pays quelqu'un qui dort la journée et travail la nuit et ne fait que nous endormir avec des histoires à dormir debout ? Une bonne frange de la population le croit encore, mais pour combien de temps? Le réveil sera douloureux, très douloureux.
Carthage Libre
Populisme ce que tu dis, comme ton Kaies Saied
a posté le à 13:38
Et je te signale qu'au bureau, les gens dormaient encore plus dans les bureaux au temps de Ben Ali...ceci n'a pas empêché l'économie de tourner à plein régime, malgré les vols des familles proches du pouvoir.

Alors, trouve une autre "excuse" à ton malade mental.
versus
Pas crédible ce type.
a posté le 01-11-2022 à 23:01
Le prix de la tomate a été fixé à 0.220 DT/kg pour les usines, un peu plus pour la tomate de table. Il existe des intermédiaires qui ont pour seul investissement, un téléphone, les grands gagnants du commerce de légumes.
Carthage Libre
Pour les salopards qui disent que Kaies Saied "machalah" "ndhif" khatih...
a posté le 01-11-2022 à 22:26
Je dis à ces connards que même sous les connards pro Terroristes khwenjias Ennahda...les prix de ces produits NON IMPORTES étaient plus ou moins stables...

Sous Kaies Saied, c'est pas seulement que leurs prix flambent...mais ils N'EXISTENT PRESQUE PLUS.

Dans un pays qui ne peut plus PRODUIRE DU BEURRE qui est un produit NON IMPORTE, c'est que quelquechose de grave CLOCHE dans ce pays, comme ça CLOCHE DANS LA TETE DU MALADE MENTAL DE CARTHAGE KAIES SAIED ; JAMAIS de notre histoire on avait pas eu de beurre, par exemple ; c'est un signhe de TRES GRAVE GESTION DU PAYS par ce malade, qui se la pète "khatini" "ndhif" "c'est les autres, pas moi" alors qu'il détient depuis plus d'un an et demi les PLEINS POUVOIRS, judiciares, législatif,n executif.
lefinancier
culture agricole
a posté le 01-11-2022 à 21:36
Rien ne vous empeche de cultiver vos meme dans vos jardins , meme quelques plan sur un balcon .
Quittez les villes pour la campagne et maison avec jardin mais vous le savez deja
Youssef
Les prix au Maroc
a posté le 01-11-2022 à 20:31
Seulement pour info :

Les prix se sont chouia augmenter ici mais pas comme chez vous :

La tomate (bonne qualité) : 5dh
La pomme de terre (bonne qualité) : 4dh

1 dh = 0,39 dinar
Nephentes
Plus de la moitié des ménages tunisiens gagnent moins de 1500 dinars par mois
a posté le 01-11-2022 à 20:14
Avec cette évolution des prix des produits de base, et l'augmentation continue du prix de l'énergie , près de 70% des Tunisiens peuvent être considérés comme vivant sous le seuil de pauvreté
hourcq
Rationaliser la consommation?
a posté le 01-11-2022 à 17:40
Avec un salaire minimum de 400 dinars et un salaire moyen de 1000 dinars tunisiens et encore, comment peut-on rationaliser la consommation ce qui veut dire dépenser un minimum vital pour boucler les fins de mois? Déjà que le loyer, l'eau, le gaz , l'électricité, l'abonnement du téléphone coûtent au bas mot 400 dinars si ce n'est davantage. Et comment, en plus, se nourrir, se vêtir, se déplacer, se soigner avec 1000 dinars pour une famille?
C'est le marché c'est à dire la loi de l'offre et de la demande qui fixent les prix et non l'Etat. Ce dernier peut par contre augmenter les salaires et les pensions en commençant par les plus faibles pour au moins compenser l'inflation. On voit bien, en lisant cet article, que les prix affichés , fixés par un ministère aux ordres du démagogue qui dirige la Tunisie, n'ont rien à voir avec les prix payés par le consommateur et que l'Etat ne contrôle rien.
Les tunisiens vivent sous le règne du mensonge permanent. Dans le récit de la Genèse, Dieu dit "Que la lumière soit" et la lumière fut. Dans la Tunisie actuelle, le chef suprême dit: "Que les prix soient ainsi" et les prix s'envolèrent. N'est pas Dieu qui veut car la réalité finit toujours par s'imposer.
Loozap
Respect
a posté le 01-11-2022 à 17:18
Les prix sont vraiment élevés
Loozap
Respect
a posté le 01-11-2022 à 17:17
Les prix sont vraiment très élevés
Nephentes
C'est le foutoir généralisé
a posté le 01-11-2022 à 17:04
Situation hors de contrôle et ultra dangereuse, surtout pour les 6 mois a venir.

Disons le sans aucune animosité d'ailleurs : Mr Saed a complètement totalement échoué contre sa croisade contre la spéculation; pareil pour la corruption qui se renforce d'ailleurs.

Et l'Etat tunisien, l'Etat profond se fout quasi ouvertement désormais, de sa gueule, lui et ses ministres. Mais est ce que il s'en rend compte ?

est ce qu'il comprend que la plupart des responsables publics et fonctionnaires sur lesquels il prétend s'appuyer se foutent de sa gueule ?