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Qu’est ce que le scrutin uninominal voulu par Saïed ?
07/04/2022 | 12:22
4 min
Qu’est ce que le scrutin uninominal voulu par Saïed ?


Alors que la Tunisie commémorait le 22e anniversaire du décès du père fondateur de la République, Habib Bourguiba, le locataire de Carthage a décidé d’ouvrir la boîte de Pandore sous peine de laisser s’abattre sur le pays de nouveaux maux. Déterminé à poursuivre son entreprise juilletiste et concrétiser sa feuille de route, Kaïs Saïed a annoncé l’adoption du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour les prochaines législatives anticipées qu’il avait lui-même fixées au 17 décembre 2022. 

 

Ce mode de vote simple sans pondération sur deux tours permet à l'électeur de choisir, au premier tour, un candidat parmi plusieurs. Celui qui recueille la majorité absolue est élu. A défaut, on organise un second tour avec un nombre plus réduit de candidats et remporte, alors, le siège le candidat qui recueille le plus de voix. Ce système est utilisé dans de nombreux pays d'Amérique latine, d''Afrique francophone et en Europe pour l'élection présidentielle. 

Il peut se décliner en plusieurs variantes. Le vote peut, en effet, se dérouler sur la base de listes électorales ou sur les individus sans que ceux-ci ne soient nécessairement les représentants d’un parti politique donné et suivant une répartition géographique bien déterminée qui ne répond pas forcément au découpage de circonscriptions déjà établi.  

 

Si l’on se tient au fait que le président de la République est un fervent défenseur de la gouvernance par les bases, le nombre de représentants du peuple peut être élargi pour couvrir les 264 délégations de la Tunisie. Ce qui, en théorie, est l’un des plus grands avantages de ce mode de scrutin : la représentativité géographique. Celle-ci permet de maintenir des liens stables entre les électeurs et leurs députés qui représentent, en l’occurrence, une région et pas uniquement leur parti politique si, toutefois, ils sont partisans. Les électeurs - ayant, dans ce cas, la possibilité d’élire des personnes – qu’ils connaissent – et non des partis politiques - peuvent évaluer la performance et le rendement personnels du candidat pour le réélire ou l’écarter lors de prochaines élections. 

Cependant, ce même avantage peut se transformer en un mal absolu. Le scrutin uninominal peut favoriser une représentativité ethnique, clanique, de genre, tribale ou encore régionaliste… et ouvrir ainsi la porte à des personnages influents dans leur environnement de par leur statut social, leur fortune, leurs origines…  

En d’autres termes, le prochain parlement pourrait compter le sage du village, l’homme d’affaires le plus riche de la ville, l’agriculteur qui fait travailler une centaine d’ouvriers, le syndicaliste qui défend ses camarades « qu’ils soient oppresseurs ou opprimés », le contrebandier qui nourrit des dizaines de familles démunies, l’imam de la mosquée du quartier, le président d’un club sportif… et ce, qu’ils aient les compétences requises ou pas. Ils ont déjà accédé au parlement, diriez-vous ? En effet, ils y étaient. Ils pourraient y être à nouveau mais à des coûts plus exorbitants. Le scrutin uninominal majoritaire à deux tours que le président de la République veut appliquer implique non seulement des lourdeurs administratives, mais également un budget plus conséquent et un risque d’instabilité entre les deux tours et jusqu’à la proclamation des résultats. 

 

Et qu’en est-il des femmes ? Dans une Tunisie patriarcale et conservatrice où le phallus prime, les femmes se verraient de plus en plus exclues de la scène politique, si ce système de suffrage est appliqué. Dans un rapport publié en 2019, l’Union interparlementaire indique : « les systèmes électoraux influent sur la représentation des femmes, la proportion moyenne de femmes élues étant nettement plus élevée avec les systèmes de scrutin proportionnel ou mixte (26,5 %) qu’avec le système de scrutin majoritaire (20 %) ». Elle ajoute, également, que « les femmes qui se présentent aux élections se heurtent à de nombreux problèmes, dont la discrimination ou les croyances culturelles qui limitent le rôle des femmes dans la société et la difficulté à concilier la vie privée, familiale et politique, à recueillir le soutien des partis politiques et à financer des campagnes. Elles peuvent aussi être victimes de violence, de harcèlement et d’actes d'intimidation. Certaines femmes peuvent même être dissuadées de se présenter aux élections, laissant les hommes aux postes de pouvoir ». 

Et les jeunes et les minorités ? Les chances de les voir représentés au sein d’une assemblée diminueraient drastiquement pour une raison toute simple : le scrutin uninominal favorise le candidat qui a le plus de chance d’être accepté au sein de la communauté. 

 

Voici donc un modèle qui pourrait exacerber le paysage effrité que le président de la République souhaite, de toute bonne foi, décomposer pour écarter les corrompus, diriez-vous ? En théorie, oui.  

 

Nadya Jennene 

 

07/04/2022 | 12:22
4 min
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Commentaires
Virtuel
Chimere
a posté le 09-04-2022 à 14:15
Une assemblee avec 217 programmes politiques personnels, assemblee appelee a s auto dissoudre toutes les semaines.
De bonnes idées
mais...
a posté le 08-04-2022 à 13:56
L'avantage du Président Kais Saied est sans aucun doute son courage, son intégrité et la confiance irréfutable dont il continue de jouir encore chez les 2/3 des Tunisiens. Déjà à l'aube du 25 juillet 2021, les Tunisiens se sont révoltés par ce qu'ils voudraient tout simplement un changement radical du système et du paysage politiques en Tunisie. Ils éprouvaient un ralbol quasi généralisé et mélangé avec une lourde déception des hommes politiques qui ont exercé le pouvoir avec un rendement catastrophique durant la dernière décennie ! Rien de surprenant alors, si les experts affirment que la Tunisie se trouve aujourd'hui au bord de la faillite et que Kais Saied n'en assume aucune responsabilité. Un vrai dilemme polémique dans lequel se débat l'opposition tunisienne - aujourd'hui - toutes tendances politiques confondues ! En vue de trouver une issue à la dangereuses crise politico-économique actuelle, le Président n'aurait d'autres choix que d'élargir au maximum la plateforme du dialogue national qui doit impliquer upso facto toutes les forces vives du pays y compris les partis politiques. En politique, tout se discute et peut être changé ou amélioré. Les bonnes idées du Président sont à retenir sur le fond, mais elles pourraient être revisitées et améliorées sur la forme, dans le cadre d'un dialogue national réformateur. Au delà des susceptibilités, Si Mr le Président de la République n'accepte pas de dialoguer directement avec certains partis politiques, il pourrait alternativement obtenir leurs propositions et leurs idées à travers UN COMIT'? regroupant certains partis d'opposition qu'on appelle aujourd'hui "Citoyens contre le coup d'état". Certes, le mouvement Ennahdha et son Président ghannouchi, qui sont indéniablement en quasi faillite politique aux yeux de la grande majorité des Tunisiens, assument, aujourd'hui et à côté de leurs anciens partenaires de coalition gouvernementales, la lourde responsabilité des échecs et défaillances de la dernière décennie. Cependant, ces derniers pourraient être impliqués, malgrement, dans le dialogue national à travers le comité d'opposition sus-visé. Cette démarche de dialogue pourrait probablement aider à trouver une solution au blocage politique actuel menaçant la cohésion et la stabilité de notre chère Tunisie...!!! Bonne chance et bonne continuation Mr le Président de la République.
Houcine
Le mode de scrutin, les femmes, les compétences...
a posté le 08-04-2022 à 12:26
En matière de compétence et de performance, je crois qu'il n'est pas nécessaire d'en dire plus que ce qu'on a vécu, vu, supporté.
Le scrutin de liste, autrement dit des listes partisanes, favorise l'allégeance des candidats à leur parti et surtout le gouvernement des partis.
Nous l'avons vu avec l'ARP défunte, les combines, les recompositions faisant et de faisant des majorités selon le pouvoir du parti puissant.
Ennahdha nous en a délivré une démonstration convaincante.
Le "tourisme parlementaire" une autre.
Ce n'est pas le mode de scrutin qui porte en soi les tares de la démocratie représentative, il n'en est qu'une conséquence.
Si le représentant est un félon, rien dans un tel système ne permet de s'en protéger.
'?lu, il le reste jusqu'au terme de son mandat.
Très félon, il peut même réussir à se faire réélire.
On l'a vu, on le voit et on le sait.
Pour la compétence, je crois que la chose est encore plus fantasque. Nous le savons, et l'expérience faite, que des élus compétents, incompétents, sans scrupule ou vertueux n'avaient pas plus de compétence les uns par rapport aux autres.
Parce que la question n'en est pas une. Ou, elle est mal posée.
Le citoyen vote pour élire un candidat censé le représenter, décider et agir en son nom et considérant ses intérêts dans le contexte de l'intérêt général.
Doit-il, ce candidat, exhiber de quelque compétence ?
On se le demande. Car, l'élu présent, futur, n'a pas vocation à en faire sa profession. Politicien n'est pas pas un métier, mais une vocation, un engagement.
Certes, il en est beaucoup qui en ont fait profession jusqu'à en dégoûter l'électeur-citoyen.
Aucune compétence n'est requise, mais des qualités comme la probité, le sens de l'intérêt public, l'implication.
'? cette aune, femme, homme, jeune ou moins jeune, tous ont potentiellement ces qualités.
Tous, savent d'instinct ce qu'est l' intérêt général.
Il serait bon de se garder de ces illusions assez partagées qui accordent tel privilège aux femmes, ou leur dénient des potentiels communs.
Les femmes sont des hommes comme les autres, aurait dit quelqu'un.
Nous n'avons besoin que d'élus ayant choisi de s'impliquer dans les affaires de la Cité.
Des élus ayant décidé de servir la société, et pas se servir.
Cette espèce existe.
Elle est sans doute en dehors des partis. Ces machines qui contraignent, fidèlisent, ont tendance à confirmer les esprits aux desseins du Parti.
Les partis, comme les hommes qui sont leurs inventeurs, doivent être en machineries dont il faut se garder pour rester fidèle à soi et à ses engagements.
Les élus, quels qu'ils soient, doivent être soumis au contrôle de leurs mandants.
La démocratie représentative est un système qui confère au délégataire une puissance telle qu'il finit par se convaincre d'être la légitimité.
Churchill disait qu'il était le moins pire.
Lorsqu'on est conduit à défendre par la négative un tel système, c'est preuve de son peu de légitimité.
Allez, inventez un nouveau !
Warrior
scrutin despotique .........................................
a posté le 08-04-2022 à 11:14
c'est un scrutin bidon, pour lui assurer un despotisme absolu et à vie
Adjugé
Mr le Président, mais...
a posté le 08-04-2022 à 11:08
Ce système électoral serait 1000 fois mieux que l'actuel code qui nous faisait élire des listes farcis souvent d'escrocs et d'extrémistes de tous bords. Cependant, il y a lieu de fignoler davantage ce nouveau système électoral proposé par Mr le Président et qui devrait tenir compte du taux de représentativité des femmes et des jeunes de moins de 45 ans au futur parlement. Bonne chance et bonne continuation.
Hamza Nouira
Incroyable
a posté le 08-04-2022 à 08:58
Je vais voter pour mon boucher. Il est hyper populaire dans le quartier.
'? ce jeu c'est ennahdha qui reviens ...
Damergi habib
Vous voyez le mal partout.
a posté le 08-04-2022 à 08:27
Je voterais pour une personne que je connais,et ne voterais jamais pour une liste fourre-tout comme les précédents votes.
retraité
ce n'est qu'une proposition du président
a posté le 08-04-2022 à 07:02
ce n'est qu'une proposition du président elle ne sera valide et légale quant elle sera acceptée par le peuple par référendum , les opposants ont le loisir de faire campagne pour le non en expliquant aux citoyens de ne pas accepter ce mode de scrutin puisque ce mode de scrutin uninominal est utilisé dans de nombreux pays et en particulier les pays européens notre idéal pourquoi pas mais je ne suis pas d'accord pour augmenter le nombre des députés au contraire il faut le réduire en dessous de 150 c'est un lourd fardeau pour les contribuables tunisiens enfin l'auteure dresse les méfaits éventuels de ce scrutin mais ne propose pas un autre système ce qui est certain le mode de scrutin actuel décidé par les islamistes sur les listes des partis politiques et à la proportionnelle a montré son inefficacité et ses conséquences néfastes avec l'ARP actuel gelée et dissoute qui a donné une image négative avec un rendement nul ou la violence verbale et physique entre ses membres est presque quotidienne alors que le citoyen tunisien souffre dans sa chaire et son os
Srettop
De quel droit?
a posté le 07-04-2022 à 19:25
Qui donc a mandaté ce Monsieur pour nous imposer sa vision personnelle des élections? Ma Tunisie est- elle sa propriété privée!
cavalero
non au vote aveugle
a posté le 07-04-2022 à 18:15
toutes personne éligible doit présenter un CV complet( niveau culturel activité civile...) y compris sa tendance religieuse
car on a marre des hypocrites
Mozart
BN risque d'être accusé de faire appel à une puissance étrangère...
a posté le 07-04-2022 à 17:58
Laquelle de puissance étrangère? La Grèce antique et son armée de mythes...
Votre avocat saura cependant vous défendre. Dans la boîte de Pandore, il n'y a pas que des maux, il y a aussi l'Espérance...
aliocha
Scrutin mixte
a posté le 07-04-2022 à 16:48
Il faut un système qui combine les deux modes nominatif et par liste, on peut imaginer une liste de tous les candidats à une circonscription et cocher les nombre requis de représentants, du coup on sait qui va nous représenter et si par exemple la circonscription a deux représentants on peut exiger que le votant élise un homme et une femme!
A méditer!
adel
Représentation.
a posté le 07-04-2022 à 14:03
Tout représentat du peuple (quel que soit le mode de scrutin) sera à l'image de celui qui vote pour lui.
Alors il ne faut pas être surpris qu'on sera représenté par d'autres voyous, menteurs, ignorants.
walii eddine
Que proposez-vous comme alternative?
a posté le 07-04-2022 à 13:40
La critique étant aisée, on aimerait bien connaître la solution que propose l'auteure de l'article, si elle en a une, à moins que cela ne relève de l'art qui, comme chacun sait, est plus difficile.
BOUSS KHOUK
ET EN PRATIQUE AUSSI
a posté le 07-04-2022 à 13:00
le tunisien a appris la leçon à travers les claques qu'ils a reçu , il sait maintenant faire la différence entre les BOULITIKS que ce soit partis ou en individuel (( les corrompus sont catalogues )) .