
Lorsqu'on entend le mot "analphabète", l'image qui vient souvent à l'esprit est celle d'une personne incapable de déchiffrer un texte ou de coucher ses pensées sur papier. Si cette définition fondamentale reste pertinente, elle ne capture cependant pas toute la complexité de ce que signifie être analphabète dans le monde d'aujourd'hui. En réalité, l'analphabétisme englobe un spectre beaucoup plus large de compétences et de capacités.
Traditionnellement, l'analphabétisme strict se définit comme l'incapacité totale à lire et à écrire des phrases simples dans sa langue maternelle. Cette forme d’analphabétisme, souvent liée à un manque d’accès à l’éducation, constitue un obstacle majeur à l’autonomie et à la participation pleine et entière à la société.
Mais à côté de cette définition, une autre réalité mérite d’être soulignée : celle de l’illettrisme. Contrairement à l’analphabète, la personne illettrée a été scolarisée. Elle a appris à lire et à écrire à un moment donné de sa vie, mais elle n’a pas acquis — ou a perdu — la maîtrise de ces compétences de base. L’illettrisme, souvent invisible, touche des millions de personnes dans le monde, y compris dans les sociétés dites développées. Il entrave leur capacité à comprendre un texte, à écrire un message simple, à effectuer des démarches administratives ou à accéder à l’emploi.
Par ailleurs, une forme d’analphabétisme, souvent moins visible mais tout aussi limitante, est l’analphabétisme fonctionnel. Une personne analphabète fonctionnelle peut être capable de lire et d’écrire des phrases simples, mais elle éprouve des difficultés significatives à comprendre et à utiliser des informations écrites dans les situations concrètes de la vie quotidienne. Cela peut se traduire par une incapacité à :
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Comprendre une notice de médicament ;
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Remplir un formulaire administratif ;
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Lire un article de journal et en saisir les idées principales ;
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Interpréter un contrat de travail ;
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Utiliser des informations écrites pour résoudre un problème.
Dans un monde de plus en plus complexe et basé sur l’information, l’illettrisme comme l’analphabétisme fonctionnel représentent des handicaps considérables. Ils limitent l’accès à l’emploi, à la santé, à l’éducation continue et à la participation civique. Les personnes concernées peuvent se sentir exclues, en marge d’une société qui valorise l’écrit, et peinent à exercer pleinement leurs droits et responsabilités de citoyens.
Il est également important de considérer l’émergence de l’illectronisme, ou analphabétisme numérique. Dans l’ère numérique actuelle, la capacité à naviguer sur Internet, à utiliser des logiciels de base, à envoyer des emails ou à interagir avec des plateformes en ligne est devenue essentielle. Une personne qui sait lire et écrire mais qui est incapable d’utiliser les outils numériques se retrouve de plus en plus marginalisée dans de nombreux aspects de la vie moderne.
En conclusion, la définition de l’analphabétisme a évolué au-delà de la simple absence de compétences en lecture et en écriture. Elle englobe désormais l’illettrisme, l’analphabétisme fonctionnel et même l’illectronisme, c’est-à-dire l’incapacité à comprendre et à utiliser efficacement l’information écrite et numérique pour fonctionner de manière autonome dans la société. Reconnaître ces différentes formes d’exclusion est crucial pour mettre en place des politiques d’éducation, de formation et d’accompagnement adaptées aux défis du 21e siècle, et pour garantir une inclusion véritable pour tous.

Hathaka EchJèb Rabbi Yà Wildi!