
Après sa disparition nimbée de mystère la semaine dernière, le président de la République est réapparu pour mettre fin aux spéculations. Un rhume de deux ou trois jours, nous dit-on, qui a tout de même nécessité une absence de treize jours. Mais passons. L’essentiel est que le chef est de retour, maniant son verbe acerbe et dézinguant ses détracteurs à coup d’accusations et d’invectives. En somme, le chef est resté fidèle à sa réputation, au grand bonheur de ses fans, et ce n’est pas un simple rhume qui aurait eu raison de sa verve.
Quelques jours après sa rencontre avec sa cheffe du gouvernement, bien contente elle aussi, notre président a effectué son premier déplacement. Ce sera pour rendre hommage au leader Habib Bourguiba pour la commémoration de sa disparition. Devant le mausolée de Monastir, il aura été prolixe et répondra même, chose rare, aux questions des journalistes.
Sa déclaration qui aura fait le plus de bruit, c’est celle concernant le Fonds monétaire international. Enfin, il le disait clairement. Non aux diktats, la Tunisie comptera sur ses ressources. Voilà qui est clair une bonne fois pour toutes. Son gouvernement, qu’il a lui-même nommé, jouait depuis des mois des mains et des pieds pour décrocher le financement qui aurait pu lui en ouvrir d’autres. Le niet est tombé et avec lui les mois de négociations et tout un plan de réformes préparé par madame Bouden et ses acolytes. La loi de finances pour l’exercice 2023, qu’il a lui-même signée, introduisait certaines de ces réformes. Confusion ? Contradictions ? Passons, ça n’a plus d’importance.
Cette déclaration, au vu de son impact imminent et immédiat sur l’économie nationale, en a éclipsé une autre pourtant tout aussi importante pour comprendre la trajectoire politique que prendra le pays, et par truchement celle économique, sociale, etc. Le président a répondu à l’éventualité de sa candidature à la présidentielle de 2024. Ce qu’il a dit est édifiant quant à la vision dont il se fait du pouvoir et du rôle qu’il compte jouer. « Je ne me sens pas en concurrence avec qui que ce soit. J’endosse une responsabilité et je ne la laisserai pas tomber ».
Se pensant investi d’une mission, détenant la certitude de sa suprématie, Kaïs Saïed ne compte pas se défiler, par conséquent rempilera et il est sûr d’être au-dessus de tous, que nul n’est égal à lui. Cette rhétorique messianique, est au cœur de ce qu’on pourrait qualifier de dogme saïedien. L’idée du poids d’une responsabilité endossée, qui dépasserait la compréhension du commun des mortels et transcenderait même sa propre personne, est récurrente. « Il s’agit d’une question de projet et non d’individus : de comment construire la nouvelle Tunisie », a-t-il souligné face caméra. Le président se trouve investi d’une tâche d’une ampleur inégalée jusque-là, d’une certitude que son projet accomplira de grandes choses non seulement pour son pays, mais aussi pour l’humanité en passant. Et voilà qu’il finit par dire qu’autant les postes ne l’intéressaient pas, autant il n’était pas prêt à livrer son pays « à ceux qui n’ont aucun patriotisme », pourquoi ? parce qu’il faut poser les fondations du futur et c’est à lui de les poser ces fondations.
Ce que soulève ce dernier commentaire du chef de l’État, c'est qu'il se pose comme l’idéal de patriotisme, comme seul référent et seule mesure de celui-ci. Il exclut les "autres" du champ du patriotisme, il leur dénie cette qualité. Coïncidence amusante, ou pas, le président nous fait cette déclaration depuis le mausolée d’un Bourguiba qui avait perdu de sa superbe en refusant de lâcher le pouvoir. Nous connaissons tous la suite de l’histoire et pour celui qui lui a succédé pendant 23 ans.
Pouvoir, État, patriotisme se confondent en la seule entité présidentielle, parce que le président est porteur du "vrai" projet, et ainsi il se donne la pleine légitimité afin de rester au pouvoir. On aimerait bien savoir où et comment peut-on mesurer le patriotisme sur l’échelle saïedienne. Dans le cadre des nouvelles approches et de la dichotomie entre « honnêtes » et « traîtres », cela nous aiderait beaucoup que l’une des sociétés citoyennes nous produise, par exemple, un outil ou un test rapide pour mesurer le patriotisme. De cette façon, des certificats seraient délivrés et on pourrait séparer les bons grains de l’ivraie.



Et voilà, c'est sont seul programme.
Y'a qu'à écouter le facho et ses soutiens !
Ils ont tous été, ou vont être internés , en psychiatrie !!!!
Même Léon à rejoint les fous !!!