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Chroniques
Où est l’UGTT ?
Par Marouen Achouri
18/08/2021 | 15:59
5 min
Où est l’UGTT ?

 

Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, multiplie les rencontres, ces deux derniers jours, avec des élus et des chefs de partis comme Mohsen Marzouk ou Ghazi Chaouachi. Pourtant, cette récente activité du patron de la centrale syndicale peine à cacher le fait que l’UGTT semble absente de la scène politique à une étape délicate de l’Histoire du pays.

L’organisation syndicale offrait un soutien indéfectible au président de la République. Noureddine Taboubi était de toutes les grandes décisions et était consulté à chaque virage important, à tel point qu’il faisait partie des présents quand Kaïs Saïed s’était résolu à demander la démission de Elyes Fakhfakh. Mais il semble que les choses aient changé, surtout depuis que le président de la République a déclaré que le dialogue (le dialogue national de 2013, ndlr) n’était pas « national ». Une déclaration qui avait déclenché l’ire de l’organisation et qui, aujourd’hui encore, reste dans toutes les têtes.

 

Mais de manière plus générale, l’UGTT semble s’être embarquée aux côtés d’un président atypique et imprévisible sans en mesurer toutes les conséquences. Après l’annonce du 25-juillet, la centrale syndicale avait publié un communiqué tiède disant en substance : nous soutenons le président, mais nous souhaitons avoir des garanties constitutionnelles. L’organisation est tiraillée entre la volonté de voir les choses changer et, accessoirement, enlever le volant du pays aux islamistes, et entre des craintes sur des velléités totalitaires qui pourraient être alimentées par la prise de contrôle du pouvoir par le président. L’UGTT s’est enfermée dans cette dualité sans pouvoir influencer la donne, puisque la dernière rencontre en tête-à-tête entre le chef de l’Etat Kaïs Saïed et Noureddine Taboubi date du 11 juin 2021.

 

Autre accroc de taille dans la relation entre l’UGTT et le président : l’initiative de dialogue. Le chef de l’Etat a pris plusieurs mois pour daigner exprimer un avis sur une initiative de dialogue national proposée par l’organisation syndicale en novembre 2020. Une initiative qui aurait pu donner une bouffée d’oxygène au pays avant que les choses n’empirent sérieusement.

Le président de la République refuse tout dialogue avec les représentants d’Ennahdha et de Qalb Tounes et ne cesse de répéter qu’il ne dialoguera pas avec « les corrompus » sans jamais préciser de qui il s’agit.

Mais de l’autre côté, il ne peut pas, politiquement, opposer un « non » définitif et malvenu à une organisation comme l’UGTT, donc la présidence a jonglé. D’abord, c’est « oui, mais » très timide qui a été exprimé sans aucun sérieux de la part de Carthage. Ensuite, il fallait organiser des réunions de coordination entre les représentants de l’UGTT et ceux de la présidence, chose qui n’a jamais été faite. Puis, le président a exigé la participation des jeunes à ce dialogue, sans dire de quels jeunes il s’agit, ni de quelle manière ils pourront participer.

Résultat des courses, l’initiative de dialogue de l’UGTT est restée lettre morte, portant ainsi un coup douloureux à la crédibilité de l’organisation.

 

Depuis l’annonce des décisions présidentielles du 25-juillet, l’UGTT adopte une position attentiste et très prudente. Il est fort à parier que les dirigeants de la centrale ont entendu parler des décisions du président via la page Facebook, comme tout le monde. L’UGTT garde aussi le silence devant certains abus concernant les interdictions de voyage ou encore les placements en résidence surveillée malgré le fait qu’ils s’étaient dits « attachés aux garanties de protection des droits » dans le communiqué du 3 août.

La position de l’UGTT est faible et le président de la République l’a mise hors-jeu depuis le début. Sous la houlette de Noureddine Taboubi, la centrale syndicale s’est acharnée à être dans les bonnes grâces présidentielles pour, au final, se retrouver en position de spectateur de ce qui se passe dans le pays.

A une semaine de la fin du délai que le président s’est fixé, l’organisation nationale ne bronche pas et se mure dans le silence. Est-ce un silence tactique et calculé pour ensuite reprendre l’initiative, ou est-ce un silence dû à l’incompréhension et au flou que le président a lui-même installé ?

 

Il faut aussi souligner que la situation interne de l’UGTT n’est pas confortable. Certains ne se remettent pas encore du fameux congrès exceptionnel non-électif tenu à Sousse en pleine pandémie et qui a permis d’amender le règlement intérieur de la centrale pour que Noureddine Taboubi, et d’autres, puissent prolonger leurs mandats à la tête de l’organisation. Une entorse au règlement et à la bienséance démocratique qui sera entérinée de façon définitive lors du congrès –électif cette fois- de l’UGTT qui se tiendra mi-février 2022 à Sfax. Plus la tension interne augmente au sein de l’UGTT, moins elle a de marge de manœuvre pour traiter des affaires nationales.

 

L’UGTT est le seul organisme qui a le poids et la crédibilité nécessaires pour s’opposer à toute dérive autoritaire de la part du président. C’est aussi l’une des parties avec lesquelles il faut composer pour trouver des solutions pour le pays. Le chef de l’Etat peut aujourd’hui s’offrir le luxe de faire cavalier seul et de joueur au sauveur de la nation. Mais quand il faudra avoir des réalisations et un bilan, quand il faudra passer à l’action et réformer réellement les choses, il sera obligé de composer avec la centrale syndicale. Pour l’instant, les relations entre les deux ne semblent pas être au beau fixe.

Par Marouen Achouri
18/08/2021 | 15:59
5 min
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Commentaires
cesarios
Quant à la question où est l'UGTT, je préfère la question..............
a posté le 22-08-2021 à 17:54
Où est l'UGTT? je préfére poser la question :-où en est l'UGTT en l'an 2021 pour faire réussir son positionnement en vue de défendre ses adhérents et ses partisans qui compte par des millions pour leur garantir la justice sociale , l'égalité des chances et le bien être... Le zaïm FARHAT HACHED,(allah arhmou) qui dirige l'UGTT àl' époque de la colonisation a bien soutenu le zaïm du mouvement de la lutte NATIONALE pour l'indépendance de la nation et a tout sacrifié même sa vie pour cette vision et cet objectif bien décidé et bien convaincu par tout le monde ..... ACTUELLEMENT on est dans une époque qui n'est pas du tout la même, ainsi les défis et les exigences se différent , les responsables de l'UGTT sont invités inéluctablement à soutenir le PRESIDENT et le contacter périodiquement par tous les moyens pour l'informer de la réalité de la situation dans toutes les régions , lui proposer des solutions pour s' assurer de la stabilité et de la sécurité de notre chère nation et pour se mettre d'accord ensemble sur une stratégie et un programme bien pensé, bien défini et bien établi en échangeant réciproquement à temps toute nouveauté et toute initiative qui pourra rapprocher le peuple à la cohésion , à gagner sa confiance et le faire participer , entendre sa voix aux décisions à prendre et surtout le responsabiliser démocratiquement à les exécuter et à les appliquer avec une certaine conscience tranquille et une acceptation bien acquise, il est temps que le peuple trousse ses manches et s'investit à l'augmentation de notre production et de notre productivité dans tous les domaines et les secteurs en appliquant la régle de gagnant, gagnant en vue de faire sortir notre économie et notre social d'une banqueroute qui frappe nos portes et d'éviter d'être bourrelés de remords que notre nation ne les méritent pas














le bien être
Azouz bâcha
Commentaire
a posté le 20-08-2021 à 12:05
Analyse correcte et honnête (bahloul n'aime pas cela puisque ENNAHDHA n'y est pas insulté)
Les vrais problèmes du pays ne pourront être résolus que si le président, l'ugtt, ENNAHDHA, et le PDL s'assoient autour d'une même table.
Gg
Voyons...
a posté le 19-08-2021 à 11:28
Qu'est ce que l'UGTT a fait de bien pour la Tunisie, ces dernières années?
Rien.
adel
Dommage !
a posté le 19-08-2021 à 09:49
Qu'il s'agisse d'un article très malveillant.
Nady
Pourvu que ça dure
a posté le 19-08-2021 à 01:05
L ugtt fait partie du problème, si ce n'est pas "le problème".
Abidi
Ugtt
a posté le 18-08-2021 à 22:55
L'ugtt est un organisme sensé faire du social et veiller à ce que la relation entre travailleurs toutes catégories confondues jouissent de leur droit et n'est en aucun cas mandaté pour faire ou intervenir dans le domaine de la la politique, concernant ce soi disant dialogue national il n'aurait servi à rien car le mal était fait et il servirait l'intérêt des lobbies qui ont détruit le pays en leur laissant plus de temps pour en profiter, et concernant le président au moins lui n'est pas un vendu c'est un patriote et bien sûr ce terme vous est totalement étranger, il a prit cette initiative pour arrêter la descente aux enfers que nous vivons depuis 2011 et pour clore paix à l'âme de Ben Ali c'était un fin psychologue ils nous a traité comme on le méritait
St Just!
Rappel
a posté le 18-08-2021 à 22:25
Lire attentivement Businessnews.com.tn du 27 Juin 2021...... Un silence très éloquent porteur de changement!
St Just
Nomination en vertu du décret gouvernemental 471 en date du 23 juin 2021, prend effet à partir du 27 novembre 2020.
a posté le 18-08-2021 à 21:41
L'UGTT fait des affaires comme beaucoup d'autres. C'est triste pour notre pays et pour les simples citoyens.
Forza
Kais Saied se sent pour le moment très fort
a posté le 18-08-2021 à 17:53
Et c'est pour cela qu'il refuse tout dialogue. Il tire sa force du soutien de l'armée et des forces sécuritaires parce que ce sont eux qui lui ont donné l'avantage le 25.07 et non pas les quelques milliers de tunisiens qui sont sortis même s'il faut avouer qu'il dispose pour le moment d'un grand soutien de la population.
L'UGTT et les partis de l'autre côté sont pour le moment dans une faible position mais la situation est évolutive et la popularité de Saied peut se dégrader car il n'est pas clair qu'il a des solutions. Au contraire les décisions arbitraires découragent entre autres les investisseurs. Dans 6 mois au plus tard, les jeunes chômeurs et les régions défavorisées vont demander des solutions, ne vont plus se contenter de slogans et la lune de miel ne va pas durer. La question est de savoir comment l'armée et le MI vont réagir à des manifestations possibles une fois l'euphorie est passée.
Au plus tard a ce moment Saied va chercher à se rapprocher de l'UGTT.
H.2n
Parti prie
a posté le 18-08-2021 à 17:17
A vouloir , toujours composer avec l'U.G.T.T , qui a certes un poids mais aucune crédibilité , le pays
ne fera aucune des réformes pourtant vitales et stagnera dans une misère économique de plus en plus grave .
Si seulement les dirigeants actuels de l' U.G.T.T étaient des gens sensés , raisonnables et conscients de la situation du pays , ils inciteraient les adhérents à travailler un peu plus et beaucoup mieux .
Waterloo
Qayselabidine ben Sayed, et le coup du 25 Thermidor, an 10 de la révolution.
a posté le 18-08-2021 à 16:23
y a pas que UGTT.
on n'entend plus les défenseurs de droits: marzouki, nasraoui, yahyaoui, ben brick, jomaa, karboula ...
ont-ils peur du dicatateur Sayed ?
préparent-ils un contre coup?
empèchés de parler ?

go figure !