
Le Conseil de la section régionale des avocats de Tunis a tenu, mercredi 23 avril 2025, une réunion extraordinaire au siège du barreau, au Palais de Justice, pour examiner les incidents survenus lors de la séance d’interrogatoire d'Ahmed Souab, conduite par le bureau du juge d’instruction n°12 du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme
Le Conseil dénonce notamment la décision du greffe du juge d’instruction de limiter à quatre le nombre d’avocats autorisés à assister l’accusé, une mesure jugée contraire aux droits de la défense. Cette restriction a conduit l’équipe d’avocats d’Ahmed Souab à se retirer et à boycotter l’audition.
Dans une déclaration publiée à l’issue de la réunion, le Conseil exprime sa solidarité totale avec l’avocat et ancien magistrat Ahmed Souab et exige sa libération immédiate. Il considère son arrestation comme une violation flagrante des garanties juridiques accordées aux avocats, une menace pour les fondements du procès équitable, et un « facteur aggravant de la crise que traverse actuellement le système judiciaire tunisien ».
Le Conseil salue la forte mobilisation des avocats, en particulier des jeunes, venus soutenir le droit à la défense et réaffirmer le rôle fondamental de l’avocat dans toute procédure équitable.
Il condamne avec fermeté les dépassements procéduraux qu’il juge sans précédent, pointant du doigt des violations du droit, des conventions internationales et des principes de la profession, considérant, en outre, ces faits comme une atteinte systématique aux conditions du procès équitable, une remise en cause de l’indépendance du pouvoir judiciaire, et une violation des libertés fondamentales garanties par la Constitution.
Le retrait de l’équipe de défense de la séance d’instruction est qualifié par le Conseil de décision de principe, destinée à défendre l’indépendance de la profession et à garantir le droit de la défense à organiser librement ses modalités.
Le Conseil dénonce également la banalisation des poursuites visant les avocats et les atteintes répétées à l’inviolabilité de la défense. Il se dit prêt à boycotter le bureau du juge d’instruction n°12 ainsi que toute autre juridiction qui ne respecte pas les fondements du procès équitable et la mission de l’avocat.
Enfin, il annonce la tenue prochaine d’une assemblée générale d’information, dont la date sera fixée en fonction de l’évolution du dossier.
La juge d’instruction près le Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a émis, aujourd’hui, un mandat de dépôt à l’encontre de l’avocat et ancien magistrat Ahmed Souab.
L’affaire remonte au lundi 21 avril, date à laquelle Me Souab a été placé en garde à vue dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour des « faits à caractère terroriste ». Cette décision intervient après la diffusion d’une vidéo dans laquelle l’avocat s’exprime devant le siège de la Maison de l’avocat, le 19 avril 2025.
M.B.Z


