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Chroniques
On a tout exigé de la Tunisie, sans jamais l'écouter
Par Karim Guellaty
07/11/2020 | 15:51
9 min
On a tout exigé de la Tunisie, sans jamais l'écouter

La terre tourne et c’est probablement la raison pour laquelle ce sont cycliquement les mêmes tourments qui agitent le monde depuis que le monde est monde. Ou alors peut-être est-ce parce que l’espèce la plus menaçante n’est autre que l’Homme.

 

Mardi dernier l’Amérique votait pour élire celui qui prêtera serment le 20 janvier prochain à la présidence des États-Unis.

 

Là-bas, la droite sont les républicains, et la gauche sont les démocrates. C’est ainsi qu’ils sont classés, même si la réalité n’est pas aussi tranchée, et que la gauche américaine ferait pâlir de jalousie, par ses positions, les plus libéraux du monde. Le fait est que, même si les faits constituent ce qui est désormais la chose la moins bien partagée parmi les humains, le clivage gauche droite ne veut plus dire grand-chose. Le populisme, qui a remplacé les faits dans ce qui est le mieux partagé parmi les humains, est venu brouiller les fondements des idéologies qui, jusque là, clivaient les différentes formations politiques.

 

Aux États-Unis s’affrontaient donc le vieux contre le moins vieux, le sénile contre le clown, l’anti contre celui qui est contre l’anti, les programmes sont réduits à leurs plus simples expressions, qui elles, se déclinent désormais par des phrases chocs sur twitter. La politique en 280 caractères. 280 caractères qui doivent servir aux électeurs pour décider de leur destinée politique. #réseaux

 

A l’heure où ces lignes sont écrites, les Etas-Unis, si prompts à compter les points dans le monde, n’ont toujours pas fini de compter les voix de leurs électeurs. A l’heure où ces lignes sont écrites, les faits sont que Biden est très probablement élu Président, les faits sont que Biden, a très probablement gagné la Pennsylvanie, mais aussi la Géorgie, le Nevada, l’Arizona, états où pourtant on recompte encore, et totaliserait donc ainsi 306 électeurs. A l’heure où sont écrites ces lignes, le droit est que le processus électoral de chacun de ces états est contesté par Donald Trump en raison d’un vote par correspondance qu’il estime triché. Le même Donald Trump qui a pourtant déjà voté trois fois par correspondance. La démocratie, c’est que les démocrates ont gagné l’élection en nombre de voix exprimées sur tout le territoire, 74,4 millions pour Biden et 70,2 millions pour Trump. La démocratie c’est que les démocrates ont gagné aux élections présidentielles, depuis 1988, ce qu’on appelle le vote populaire, c’est-à-dire la majorité du nombre total de voix exprimées sur tout le territoire, sauf celle de 2004 remportée par Bush Jr. La démocratie, c’est que même lorsque les États-Unis sont démocrates, c’est une Président républicain qui peut gouverner.  

 

Et la morale n’est pas. Parce que la morale est une chose qui ne se partage plus, on l’impose. Aux autres. Et aux États-Unis, nous avons ainsi un Steve Banon, ancien conseiller de Trump, actuel militant pour Trump, qui déclare lors d’un live vidéo ce jeudi 5 novembre,  qu’il « mettra sur piques, aux deux coins de la maison blanche », la tête du Docteur Fauci membre de la cellule de crise de la maison blanche sur le Covid. Et parce qu’une tête ne suffisait, pas, il se propose également de mettre celle du directeur du FBI, Chrisopher Wray. Selon le bourreau, ces deux-là refuseraient le programme républicain.  Et ce serait ainsi un message fort pour les autres bureaucrates fédéraux qui s’opposeraient à la mise en musique du plan républicain.  #partager

 

En Côte d’ivoire aussi on a voté, le 31 octobre dernier.

Les résultats ne se sont pas fait attendre, et on ne s’est pas embarrassé d’un second tour. Alassane Ouattara a été élu au premier tour avec 94% des voix pour une participation d’un peu plus de 53%. Pas de Grands Électeurs en Côte d’Ivoire, ni de tweet, c’est par la constitution qu’on manipule. Bien que cette dernière ne prévoie que deux mandats présidentiels, Ouattara s’est présenté pour un troisième mandat, la reforme constitutionnelle de 2016, nous dit-on, a remis les compteurs à zéro. Et tant pis si cette réforme ne concernait ni de près ni de loin le nombre de mandats autorisés pour un président de la république.

 

Ensuite, petit tour de passe-passe, 40 des 44 candidats à l’élection présidentielle ne sont pas validés. Et c’est ainsi que ce sont affrontés au Président sortant, Henri Conan Bédié, ancien Président de 1993 à 1999, 86 ans, Pascale Affi N’Guessan ancien compagnon de route de Laurent Gbagbo, mais brouillés depuis quelques années, Et Kouadio Konan Bertin, dissident du parti du de Bédié (PDCI).

 

En Cote d’Ivoire, on veut éviter les dérives américaines avec des hommes en armes dans la rue, et des états entiers qu’on barricade. Et parce que créer un Conseil National de transition qui a pour finalité d’organiser un nouveau scrutin, en Côte d’Ivoire, c’est un complot contre l’Etat, on met l’opposition en résidence surveillée. On ne menace pas de mettre des têtes sur pics en Côte d’Ivoire, on les confine, chez eux, et on les surveille. Pas avec une application, mais par l’armée. Pas pour lutter contre le Covid, mais contre la démocratie.  Même si les restrictions de libertés sont communes à ces deux luttes. Covid, démocratie, deux combats, même méthode. Dans le premier cas, c’est un virus tueur qu’on veut éviter d’avoir, dans le second, c’est le pouvoir qu’on veut éviter de perdre.

 

La mission de l’Union Africaine estime pour sa part que le scrutin s’est déroulé « d’une manière globalement satisfaisante », alors que le Centre Carter constate pour sa part « que le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection compétitive et crédible ». La France appelle à un dialogue, l’Onu demande un respect de l’ordre constitutionnel et l’Union européenne, elle, est préoccupée. Déclaration à hauteur de l’enjeu, et en Côte d’ivoire, on compte déjà 40 morts dans un climat qui rappelle les débuts de la guerre civile post-électorale de 2010 qui avait à son lourd bilan pas moins de 3000 morts. #lepoiddesmaux

 

En Éthiopie aussi on a voté. A un scrutin régional, dans la province du Tigré, au Nord du pays. Le Front de libération du peuple de Tigré les a remportées. Et en Éthiopie, on ne s’embarrasse ni de recours juridique, ni de constitution, on fait sécession. Avec l’armée. Et l’armée nationale dans le nord fait défection et a rejoint les forces du Tigré. Et ces défections ne sont pas anecdotiques, elles représentent le tiers des forces armées du pays. Et ces défections qui ne sont pas anecdotiques, ne sont pas également sans rappeler que ce sont les rebelles tigréens qui, en 1991, ont renversé le dictateur Mengistu, au pouvoir depuis son coup d’Etat armé de 1977.

 

Les tigréens, ce sont 6% des Ethiopiens qui ont depuis 1991 été dans l’appareil de gouvernance. Jusqu’en 2018, année où Abiy Ahmed fraichement nommé premier ministre suite aux élections qui venaient de se tenir, membre de la première ethnie Oromo, décide petit à petit de se passer d’eux. Depuis, les tigréens ont quitté la coalition de gouvernance pour avoir été trop marginalisés. L’équilibre est rompu.

Le premier ministre n’est pas ce qu’on pourrait appeler un parfait despote.

 

Il a fait la paix avec l’Érythrée en 2018 et sera ainsi lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2019. Il décida la même année de libérer les prisonniers politiques. Lors de son remaniement gouvernemental d’octobre 2018, il instaura une parité Hommes femmes parmi ses ministres.

 

Mais depuis, les rivalités ethniques ont eu raison de sagesse. Suite à la tentative d'un coup d’Etat en juin 2019 par l’ethnie des Amharas, tentative matée par l’armée régulière. Le Premier ministre lance une campagne d’arrestations, pas toutes justifiées.

 

Désormais ce sont les tigréens qui menacent et là encore, les mots sont à la hauteur des maux. Les États-Unis sont profondément préoccupés. La France suit avec attention. Et le peuple éthiopien est au bord de l’éclatement.

 

La Covid maintenant. Elle est transfrontalière, et beaucoup trop pleurent leurs morts. Ceux qui sont épargnés, sont touchés de plein fouet par la crise économique majeure, mondiale, sans précédent qui frappe le monde. Ceux-là mourront plus tard, de faim. Ou d’angoisse. Ou de peur. Ou de tout ce dont on peut mourir à cause du stress. Il n’y a pas de bonne solution contre la Covid. Il n’y a pas de bons compromis contre la Covid. Ce n’est que l’urgence qui guide. Et l’urgence est de pouvoir soigner ceux qui tomberont malade, demain dimanche, ou après-demain lundi. Pour le reste, on verra plus tard, on verra après.  Mourir de la Covid est tragiquement la loi de la nature. Mourir parce qu’il n’y a plus de place pour recevoir un peu d’oxygène et des soins appropriés, à ce quelque chose d’insupportable qui nous fait penser qu’il y a eu quelques petites maladresses, c’est un euphémisme, dans la gestion des priorités politiques par le passé. 

 

On savait que la mort avait un coût, on réalise que la vie a un prix. Sur lequel on rechignait. On ne devrait pas mourir faute de soins prodigués, mais uniquement faute de soins existants. On ne devrait pas mourir faute d’argent. Les pauvres le savaient. Les moins pauvres le réalisent. #touségaux

 

La Covid, toujours, a muté. Et s’attaque désormais aux visons. Cette nouvelle variante s’appelle le « cluster 5 » et elle a ceci de particulier, non pas de tuer plus, elle aurait la même létalité, mais de réduire encore plus l’efficacité des anticorps humains. Et si cette version du Virus se propage, on peut dire Adieu à un futur vaccin. Car le principe d’un vaccin et d’apprendre aux anticorps à se défendre. 

Le Danemark a décidé ainsi d’abattre ses 15 millions de visons. Cinq autres pays sont concernés par cette mutation en « cluster 5 », les Pays bas, les États-Unis, l’Espagne, l’Italie et la Suède. Pour le moment, on a retrouvé chez 12 personnes cette nouvelle forme du virus. #Orwell

 

En Tunisie, on vote librement. Mais on meurt de faim, on meurt de la Covid et on meurt du terrorisme. Tragiquement comme partout dans le monde. La démocratie à un coût et la Tunisie la paye chère.

 

Alors que la société civile se battait contre un islam politique, le monde se bousculait à ses portes pour vanter les mérites d’un Islam Politique.

 

Alors que la société civile y pleurait ses premières victimes du terrorisme sur fond d’Islam politique, le monde se bousculait à ses portes pour pousser à un islam politique.

 

Alors que la société civile s’y battait contre la radicalisation sur fond d’Islam politique, le monde se bousculait à ses portes pour imposer un équilibre budgétaire.

 

Alors que le pays luttait pour protéger ses frontières contre des invasions islamistes aidées par un islam politique, le monde se bousculait à ses portes pour appeler à un meilleur contrôle de son émigration.

 

Dans ce pays, musulman dans sa constitution, la société civile lutte contre l’islam politique radical depuis son origine. Islam politique radical, dont l’occident découvre les méfaits mais continue d’alimenter à chaque plein d’essence. Et exige de la Tunisie de reprendre ses ressortissants devenus terroristes, qui ne sont plus ressortissants que par le droit. Et ceux de l’Islam politique radical, si longtemps refugiés en Occident, se frottent les mains.

 

Chacun voit midi à sa porte, sans réaliser qu’ils regardent tous la même horloge. #realpolitic

 

C’est la fin de la semaine, c’est la fin de ce trip. Vous pouvez éteindre vos smartphones

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Karim Guellaty
07/11/2020 | 15:51
9 min
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Commentaires
Himar
Chronique de l'actionnaire
a posté le 08-11-2020 à 11:28
Toujours pareil, indolore incolore et insipide
les actionnaire doivent de imiter à encaisser les dividendes
parole de Himar
Tunisino
Les américains
a posté le 08-11-2020 à 11:16
Les américains ont réussi à mettre leur pays sur des bons rails depuis 200 ans, alors que d'autres n'ont pas réussi à le faire, pourtant l'équation est simple: audace, vision, et discipline. L'expérience américaine n'est pas tout à fait parfaite, mais elle reste actuellement la meilleure expérience de développement à l'échelle mondiale.
Sebei
Analyse
a posté le 08-11-2020 à 08:37
La démocratie Américaine sait ses droits et consciente de ses devoirs après une expérience de 46 présidents durant 3 siècles de milite et de sacrifice les démocrates et les républicains savent gérer leurs différences et surtout assurer la continuité de leur état fédéral et être des bienveillants à ses intérêts et sa supériorité
Gg
And the winner is...
a posté le 07-11-2020 à 20:45
...USA!
A l'annonce de la victoire de Biden, ses partisans dansent dans les rues. Et les partisans de Trump, dansent dans les rues. Pas de colère, pas de haine, on se reverra dans 4 ans, "c'est la démocratie" disent les plus dépités.
America first, c'est une belle démocratie!
mansour
Joe Biden et la vaste fraude électorale pour se mettre un nez rouge et se voir Président
a posté le 07-11-2020 à 18:58
avec le miroir déformant des médias des ultras riches bobos-mondialistes collabos des islamistes
pour le leader Trump l'élection n'est pas terminé et Joe Biden devra avant rendre des comptes à la justice et à La Cour suprême des '?tats-Unis
Alya
Vous avez tout
a posté le 07-11-2020 à 18:00
Que dire du reste du monde quand on voit que la première puissance du monde , doit choisir entre un clown grotesque et un sénile.y a t il un avenir pour l etre humain?je pense que lui LE VIRUS l a compris. Il ne tuera physiquement que 1/100 des êtres mais il l ai privera de leurs libertés et les affamera
aldo
==== FALLAIT IL PEUT - ETRE ====
a posté le 07-11-2020 à 16:09
une diplomatie ou les personnes qu'il faut au bon endroit !