
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) joue un rôle essentiel dans la régulation du commerce international. Son objectif principal est d’assurer un commerce fluide et équitable en réduisant les barrières tarifaires et en résolvant les conflits commerciaux entre ses 164 membres. Cependant, face aux décisions unilatérales de certaines grandes puissances, comme la hausse des droits de douane imposée par Donald Trump, l’OMC semble impuissante. Pourquoi cette institution peine-t-elle à jouer son rôle ?
Le rôle de l’OMC dans le commerce mondial
Créée en 1995, l’OMC est une évolution du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) qui visait déjà à libéraliser le commerce mondial après la Seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, son action repose sur trois axes majeurs :
Faciliter le commerce international en négociant la baisse des tarifs douaniers.
Servir d’arbitre en cas de conflits commerciaux en statuant sur les plaintes des pays membres.
Surveiller les politiques commerciales pour garantir la conformité avec les accords internationaux.
L’OMC a ainsi permis une baisse significative des droits de douane mondiaux, passés en moyenne de 8,6 % en 1995 à environ 2,5 % en 2020.
Trump et les hausses tarifaires : un coup de canif dans le régime commercial international
Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Donald Trump a initié une politique commerciale protectionniste. Son administration a imposé des taxes douanières sur plusieurs produits, notamment :
25 % sur l’acier et 10 % sur l’aluminium en provenance de l’Union européenne, du Canada et de la Chine en 2018.
200 milliards de dollars de biens chinois surtaxés à 10 %, puis à 25 % en 2019.
Nouvelle hausse annoncée en avril 2025, portant certaines taxes à plus de 30 % sur des produits technologiques asiatiques.
Ces mesures, justifiées par la "sécurité nationale" et le déséquilibre commercial des États-Unis, ont été vivement contestées par de nombreux partenaires commerciaux, qui ont saisi l’OMC.
L’OMC peut-elle intervenir ?
En théorie, l’OMC possède un mécanisme de règlement des différends (ORD). Lorsqu’un pays juge qu’une mesure commerciale enfreint les règles, il peut porter plainte. Un panel d’experts examine alors le dossier et rend un verdict.
Plusieurs pays ont ainsi contesté les hausses tarifaires de Trump. En 2020, l’OMC a jugé illégales certaines taxes américaines sur les importations chinoises, mais les États-Unis ont fait appel.
Un appel bloqué : l’arme fatale contre l’OMC
C’est ici que le système se grippe. L’OMC dispose d’un Organe d’appel pour trancher les litiges en dernier recours. Or, depuis 2019, les États-Unis bloquent la nomination des nouveaux juges, empêchant cet organe de fonctionner.
Concrètement, cela signifie que :
Les pays plaignants ne peuvent pas obtenir de sanction contraignante contre les États-Unis.
Trump peut maintenir ses tarifs douaniers sans conséquence immédiate.
L’OMC perd son crédit en tant que garant du commerce équitable.
Vers une crise de l’OMC ?
L’incapacité de l’OMC à faire appliquer ses décisions pose un problème majeur. Certains pays cherchent des solutions alternatives :
L’Union européenne et le Canada ont mis en place un mécanisme d’arbitrage temporaire.
Des blocs régionaux comme l’ASEAN ou l’Accord USMCA (ex-ALENA) prennent de l’ampleur.
La Chine mise sur des accords bilatéraux pour contourner l’OMC.
L’avenir du commerce mondial : quel rôle pour l’OMC ?
Pour retrouver sa pertinence, l’OMC devra :
1. Réformer son Organe d’appel, en trouvant un compromis avec les États-Unis
2. Adapter ses règles au commerce numérique et aux nouvelles réalités économiques.
3. Renforcer la coopération multilatérale face à la montée des tensions protectionnistes.
L’OMC n’a jamais été autant remise en question. Face aux défis posés par les mesures protectionnistes et le blocage institutionnel, son avenir semble incertain. La guerre commerciale initiée par Donald Trump est une véritable épreuve pour cette organisation, qui devra rapidement s’adapter sous peine de devenir obsolète.

