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Chroniques
Nous manquons de tout…mais pas de l’essentiel
Par Synda Tajine
31/08/2022 | 15:59
4 min
Nous manquons de tout…mais pas de l’essentiel

 

L’hiver arrive. Ceci ne nous est pas uniquement rappelé par le début de la tant attendue House of the dragon, mais par la rentrée scolaire, la double séance, la campagne électorale imminente et les nombreux chantiers politiques qui nous attendent.  

En France, le retour des mauvais jours se prépare. « L’heure est au grand bouleversement », avait déclaré, la semaine dernière, le président français en préambule du conseil des ministres de la rentrée. Emmanuel Macron avait appelé son gouvernement à « l’unité » face à « la grande bascule de qui marquera la fin de l’abondance et de l’insouciance ». La France fait en effet face à une série de crises liées à la guerre en Ukraine et à la sécheresse expliquée par le réchauffement climatique.

 

En Tunisie, l’heure est à la pénurie. Pourtant, on frôle à peine le sujet. Au mieux, on réagit et on s’indigne.

A l’approche de la rentrée, les Tunisiens font la queue pour s’approvisionner en carburant, rationnent leur consommation en sucre, farine, café, et autres produits nécessaires. Sur les rayons des supermarchés, l’essentiel manque. On peine à faire ses courses. Trouver un sachet de sucre relève de la prouesse. Sur les étals de supermarchés, on trouve plus facilement des pots de confiture importés à 10dt que des sachets de sucre ou de farine subventionnés.

Mais personne ne prépare les Tunisiens à des temps plus difficiles. Personne ne prononce les mots qui fâchent. Rationnement, pénurie, consommation responsable.

Les déclarations officielles se font éparpillées et peu convaincantes et prouvent non seulement qu’aucune stratégie n’est mise en place pour faire face à la situation, mais que les solutions ne sont pas encore trouvées. On nous prouve chaque jour qu’aucun plan n’est fait pour l’avenir et que toutes nos craintes pour nos enfants et les générations futures sont justifiées. Ceci explique le sentiment d’anxiété générale. Il explique aussi pourquoi de plus en plus de Tunisiens, chaque jour, font le choix de risquer leur vie et celles de leurs enfants pour partir ailleurs. Ceux-là ne croient pas nécessairement que de meilleurs cieux les attendent, mais ils ont la certitude que rien ne leur est réservé ici et que leur vie, telle qu’elle est, ne peut plus continuer ainsi.

 

Kaïs Saïed a choisi de monopoliser les pouvoirs croyant que son intégrité et sa bonne volonté suffisent à elles seules à faire de lui un bon dirigeant. Mais comme l’amour seul ne fait pas forcément un mariage heureux, cette vision s’avère encore plus simpliste lorsqu’elle se heurte au mur rugueux et abrupt de la politique. Nous ne sommes pas là pour blâmer Kaïs Saïed de tous les maux. Il n’en est pas seul responsable. L’homme ne fait que reproduire les erreurs de ses prédécesseurs et leurs méthodes fâcheuses, même s’il n’arrête pas de hurler qu’elles n’ont pas fonctionné.

Subir sans calculer ni anticiper, critiquer les autres puis faire comme eux, dénoncer après coup mais ne jamais anticiper, est-ce là ce qui fait un bon dirigeant ? Le problème avec Saïed c’est qu’il continue de penser qu’il est seul à pouvoir trouver des solutions et veut faire croire qu’il est en bonne voie d’y parvenir. En ignorant le cœur du problème et en préférant perdre son énergie, et la notre, sur des considérations secondaires, il dilapide un temps précieux qu’il pourrait utiliser à anticiper des pénuries prévisibles et une crise énergétique très attendue. Planifier, sensibiliser et préparer des stratégies, n’est-ce pas là le minimum attendu d’un dirigeant en temps de crise ?

Force est de reconnaitre que rien de très révolutionnaire n’a été réalisé à l’heure actuelle. Chambouler le schéma politique pour négliger totalement économie et social n’a rien de révolutionnaire. Il est temps de le reconnaitre avant qu’il ne soit trop tard.

A l’heure actuelle, le Tunisien est en voie de manquer de l’essentiel. Nous ne parlons pas des produits indisponibles en rayons, mais aussi d’une infrastructure de santé adéquate, de compétences qui ne précipiteraient pas pour fuir le pays, d’une meilleure formation pour nos enseignants et donc nos enfants… Mais pour nos dirigeants – notre dirigeant – l’essentiel est ailleurs. Cette rentrée, au lieu de prévoir la crise énergétique qui est sur nos portes, est une rentrée électorale et alors que nos problèmes sont ailleurs, nous nous préparons à nous déplacer vers les urnes pour choisir nos prochains élus. Puisque rien n’a changé autour, tout porte à croire qu’ils seront aussi inutiles que ceux qui les ont précédés. Un scrutin, lui, n’émeut plus personne.

 

Des jours sombres nous attendent. Non, nous ne dramatisons pas, nous sommes réalistes. Il s’agit d’un contexte mondial auquel il faut se préparer et être préparé, le sommes-nous réellement ?

 

Par Synda Tajine
31/08/2022 | 15:59
4 min
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Commentaires
Si M'hamed Bougara
El kitab wel hikma
a posté le 14-09-2022 à 17:50
Khouk khouk yachwik ma yakloulek.

Khoud el ray elli bakik machi el ray elli yadahkek.
Si M'hamed Bougara
The silent killer
a posté le 09-09-2022 à 20:37
Accrochez vous tous à la corde de Dieu, et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous lorsque vous étiez ennemis, c'est lui qui réconcilia vos c'?urs. Puis, pas Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d'un abîme de Feu, c'est Lui qui vous en a sauvés.
Ainsi Dieu vous montre ses signes afin que vous soyez bien guidés.

Koran. 3. 103

Nekhla mm-amra bi thimari. Une fleur pour les Getules du sud tunisien.

Elli maya-arafche wlid El May issakssi Mourad wlid Gabes. (Hotel)

Hypertension is called the silent killer. So is regionalism.

Si vous ne faites pas attention, le régionalisme finira par vous engloutir.
Si M'Hamed Bougara
Subtilité.
a posté le 07-09-2022 à 17:19
Labib est un nom masculin, il signifie un homme sage, adroit, subtil et toujours aux commandes.

Menhou el lebib yachrah li maanatine. Le sens propre et le sens figuré.

Ala sbikat el d'heb hlal el zine.
C'est-à-dire la Tunisie. Voila pourquoi 23:05 et non pas 23:40.
Rakett Lee
Amir El Chioukh El Hourri
a posté le 06-09-2022 à 22:51
Ala sbikat el d'heb hlal el zine.

https://youtu.be/cLf_ahtDBzc

23:05 till the end of the poem.

ourwa
Très beau texte !
a posté le 01-09-2022 à 16:20
" En France, le retour des mauvais jours se prépare. « L'heure est au grand bouleversement », avait déclaré, la semaine dernière, le président français en préambule du conseil des ministres de la rentrée. etc..."
Merci à l'auteure de l'article pour cette " précision"...bien qu'incomplète; nous sommes effarés par le black-out que les médias tunisiens, y compris BN, ont pudiquement jeté sur la visite de macron en Algérie ces derniers jours et sur lecontenu des " accords" conclus entre l'Algérie et la France...Des articles analytiques de BN à ce sujet nous auraient hautement intéressés, à ce moment même où la Tunisie et KS se sont trouvés abreuvés d'insultes et d'"arguments" orduriers de la part des médias marocains suite à l'accueil par KS du Président de la RASD à l'occasion de la TICAD 8 ( cf BN), sachant que seule l'Algérie soutient activement et clairement, concrètement et par le discours la lutte du peuple saharaoui pour son indépendance du joug chérifien... Alors BN, vous ne l'avez pas fait; par timidité? par désintérêt?pour motifs idéologiques ou pour hypocrisie ? Je sais que BN ne répondra jamais à mes interrogations, comme elle ne daignera pas publier le présent texte, mais il me suffirait de savoir que vous l'ayez lu et bien compris...
Borzguéne
Du jamais vu
a posté le 01-09-2022 à 10:50
Synda, un article, une analyse d'un autre monde. Brilliant this time!
Si M'hamed Bougara
Quelques réflexions
a posté le 31-08-2022 à 22:59
Chaque jour, il y a à peu cinq cents personnes qui fuit le pays dans des embarcations de fortune pour rejoindre les côtes européennes. Tout ce monde finirait en France où ils pourront compter sur un million de Français d'origine tunisienne ou sur des Tunisiens résidants en France. Ils finiront par communiquer dans la langue du citoyen de Genève, la langue de molière. De Gaston Bachelard, de Condorcet.

Benali, un simple d'esprit, pris soin d'arabiser toutes les instances des structures tunisiennes avant de prendre le pays et son peuple appauvri intellectuellement en otages.

Il etait par ailleurs complètement dominé par sa femme. La vingtaine d'années passées à systématiquement piller le pays de toutes ses richesse et revenus fut suffisante pour:

1. aliéner la classe pensante de sa nature pour la transformer en une classe d'hyènes charognards qui se nourissait des restes des Trabelsi. Ceux qui avaient du coeur, temoins des bouleversements social et culturels etaient relégués à deux choix, combattre ou fuire le pays. Une poignée, plus pure, choisirent de combattre, ils finiront en prison où ils subirent le plus vil des traitements. Le reste plus magnanime, savait la partie perdue, ils fuirent le pays.

2. Donner naissance à une armée d'incultes se nourissant de religiosité, de baathisme et d'un nationalisme fallacieux qui etait étranger à leurs terre, à leurs culture ancestrale, à leurs ethnie, aussi étrangère aux Numides du nord qu'aux Getules du sud. Dénoué de leur valeurs, Ghanoushi et ses douze salopards n'en firent qu'une bouchée.

Une dizaine d'années passé au pouvoir etait suffisante pour démasqué le partie rachad et ses douze salopards. N'en déplaise à ces énergumènes, ils ont finit de ne representer qu'eux-mêmes et une poignée de leurs fidèles qui avaient mangé dans le grand râtelier de rachad. Ils ne sont pas nombreux. Le reste de leurs voteurs se trouvent aujourd'hui désabusés et ne cherchent qu'a suivre un leader charismatique, sincère et compétent. Kais Said crut être ce sauveur mais il n'en fut rien. La calligraphie ne nourit pas le peuple, et le discours populiste ne peut mener qu'à une certaine distance. Sa faillite politique, idéologique et financière est flagrante. Il est dans l'impasse. Il est beau de crier "le peuple veut", mais aujourd'hui et dans l'avenir immediat le peuple veut aussi de la farine, du sucre, de l'essence et du gasoil pour ses voitures, des legumes, des fruits aux prix accessibles au peuple.

C'est l'impasse. Les caisses de l'état sont vides. Les banques sont vides. Et l'horizon ne s'annoncent pas heureux.

La Tunisie a besoin d'aide. On ne prête qu'aux gens serieux.

Les partis qui ne peuvent remplir une simple salle de cinema sont nombreux et font dans l'action demoralisatrice. Ces des agitateurs et doivent disparaître. Mais je remarque qu'on leur ouvre les espaces médiatiques alors qu'ils ne représentent qu'eux-mêmes et faussent le travails des partis politiques serieux.

Il n'y a que le patriotisme qui puisse sauver la Tunisie. Je remarque que la plus grande partie du peuple tunisien est désabusés et ne sais plus à qui s'en remettre.

La classe politique quand elle n'est pas absente de la scene fait dans l'individualisme. L'égoïsme est roi. La querelle n'est accepté que dans les moments faciles. Dans les moments difficiles les gens consciencieux oublie leur différends et se regroupe. Penser à une calamité naturelle, allez-vous vous comportez ainsi ?

La crise politique, financière et sociétal que vous eprouvez aujourd'hui est bel et bien une calamité, elle est aussi naturelle, car c'est bien les erreurs commises depuis vôtre indépendance qui vous ont mené ici.

Abir Moussi est présidente d'un parti serieux. Mais elle est jeune et inexpérimenté. Sa plus grande erreur fut de continuer dans la denigration de rachad quand rachad est littéralement fini. '? sa place j'aurais abandonné une grande partie de sa rhétorique. J'aurais entrepris de gagner les voteurs de rachad et de rassembler autour de moi l'innombrable foule qui respecte feu Si Habib Bourguiba et laisser tomber le discours diviseur et tendre la main à tout le peuple, bourguibiste ou pas.

La classe francophone possède des capacités respectables, mais elle est timide et craintive et préfère faire dans le discours littéraire au lieu de s'organiser et créer un front national pour faire bouger les choses dans le monde concret. La classe financière et richissime regarde de loin et n'est pas prête à s'engager tant que les divisions existent et tant que la classe politique n'est pas prête à se regrouper pour sortir le pays du pétrin.

La classe internationale n'est pas prête a vous venir en aide tant que votre classe financière n'est pas prête à s'engager elle-même.

UNISSEZ VOUS D'ABORD. PERSONNE NE RESPECTE CEUX QUI NE SE RESPECTENT PAS EUX-M'?MES.
URMAX
... oui et non ... mais plutot "non", que "oui" ...
a posté le 31-08-2022 à 19:32
Vous savez, madame Synda, un état - dont son économie - c'edt un peu comme un grand immeuble ; un gratte ciel :
IL lui faut, avant tout, une solide assise, de tres bonnes fondations.
L'économie, c'est pareil.
Vous vous devez, tout d'abord de niveller le terrain, l'assainir, le consolider.
Rien ne sert d'essayer de construire "une forte économie", sur un terrain ou la corruption, le vol, les détournements de fonds, les falsifications sont possiles ... :
Tout s'écroulera tot out tard, parce que le terrain (financier) aura été trop instable et non consolidé.
...
Non, la démarche engagée par la présidence est correcte, juste et calculée, sauf que - malencontreusement - elle prend beaucoup plus de temps que prévu.
...
IL faut dire que le gouvernement espérait - on le voit - une plus grande réactivité et implication responsable de la justice, qui - visiblement - n'est pas a l'ordre du jour.
...
La (les) pénurie(s) .... :
S'agirait-il - comme il en est pour le carburant - "de refus de livraison" avec - pourtant - les navires en rade dans le golfe de Tunis au large du port, "parce qu'il y a trop d'impayés" ;
Serait-ce que "il n'y a pas suffisament de fonds pour en acquérir" ;
Ou que les produits existent bien dur le marché local, mais que des grossistes-spéculateurs de mauvaise foi et voulant faire crouler le président de la république, [ parce que sa guerre contre la spéculation ] les dérange beaucoup trop et "qu'ils" auraient décidé de le dégager de la coute que coute ... ?
...
C'est délicat, madame, mais, perso, je penche sur la troixieme possibilité ...
J'en suis meme persuadé ...
walii eddine
Gouverner c'est prévoir
a posté le 31-08-2022 à 18:58
il n'y a rien à ajouter à cette excellente analyse; gouverner c'est prévoir comme le dit le fameux adage que le regretté Hedi Nouira avait transformé en "gouverner c'est pleuvoir" après les pluies bénéfiques qui avaient marqué les premières années de sa décennie à la tête du gouvernement. Il ne nous reste plus qu'à prier Allah d'ouvrir les vannes du ciel sur la Tunisie en ce début d'automne et de sauver notre pays du désastre annoncé. La miséricorde d'Allah est infinie.
Mon.
Comment
a posté le 31-08-2022 à 18:03
Le contexte dans lequel évolue le président est très difficile( 10 années de pouvoir islamiste ruineux, Covid et guerre d'Ukraine)et semé d'embûches puisque personne ne l'épargne et ne lui facilite la tâche, alors il n'a confiance en personne, il est tous les jours critiqué voire vilipendé! Forcément,,il se rebiffe et veut tout contrôler et commet des bourdes, connaissant la nature du président, n'est-il pas temps de faire une trêve et lui faciliter le travail dans l'intérêt du pays en le laissant travailler et le tenir au besoin responsable de son échec, sinon, à quoi ça sert de lui mettre les bâtons dans les roues pour l'accuser ensuite de ne pas réussir?
Fares
Un président irresponsable
a posté le à 19:31
"Le contexte dans lequel évolue le président est très difficile"

Je n'aurais pas utilisé le verbe "évoluer". Kaisollah a passé toute une année à s'occuper de réaliser ses propres fantasmes (consultation, référendum et constitution) aux frais des contribuables, enfin en utilisant l'argent emprunté par le pays et qui sera remboursé en Euro.

El zilzal est dans la baraque et le mec s'occupe de futilités. Il n'a jamais pris son travail au sérieux. C'est un employé incompétent, peu fiable et égoïste. Il faut le virer tout simplement. On ne laissera pas couler notre pays pour satisfaire les désirs d'un ***.
URMAX
... abject ... texte dépourvu de toute objectivité ...
a posté le à 21:21
.. essayez - tout d'abord - d'essayer de comprendre "quels sont les obstacles et les freins rencontrés", l'empechant de progresser.
...
L'analyse rationelle ne se limite certe pas a la simple critique des faits.
Les faits, tout le monde les connais ; ils sont la, devant nous tous.
...
Le truc, c'est de "savoir comprendre" pourquoi nous en sommes arrivés la ... ; qu'est-ce qui n'a pas tourné rond ; c'est cela, ce qu'il faut rechercher.
Hassine
Faut chercher
a posté le à 22:41
Oui,mais qui va le faire
Soyons réaliste chacun fait son boulot c'est simple incapable ? quitter le navire avec tous les honneurs honnêteté oblige