
Nidaa Tounes, le parti présidentiel, le vainqueur des dernières élections de 2014, continue sa déconfiture à vue d’œil. Le feuilleton s’éternise, les crises se succèdent et se ressemblent. Le parti dans lequel des milliers de Tunisiens ont cru, est désormais devenu source de désordre et surtout la risée de tous. La guerre des factions a repris de plus belle, lorsque l’autoproclamé comité de sauvetage a décidé lundi de virer du parti le directeur exécutif et accessoirement fils du président de la République, Hafedh Caïd Essebsi.
C’est un communiqué signé entre autres par Ridha Belhaj, Boujemâa Remili, Khemaies Ksila et Abdelaziz Kotti, qui annonce la nouvelle : HCE est officiellement persona non grata à Nidaa Tounes. Le comité de sauvetage a pris l’initiative et en a décidé ainsi.
Une décision qui a été motivée par « les dangereux dépassements commis par Hafedh Caïd Essebsi » et « son entêtement à diriger le parti sans aucune assise légale », assurent les signataires. Des dépassements qui ont généré des problèmes au niveau des instances du parti, en plus de l’atteinte portée à l’intérêt supérieur du pays. Ils l’accusent aussi d’avoir porté atteinte à l’image de la Tunisie, à l’intérieur et à l’extérieur, et à celle de la présidence de la République, en tentant d’utiliser l’appareil de l’Etat et du gouvernement afin d’avoir la mainmise sur le parti et de « terroriser » les militants de Nidaa.
Ainsi, après avoir mis en garde tous les hauts pouvoirs de traiter avec Hafedh Caïd Essebsi qui « usurpe la qualité de représentant légal du parti », le comité a appelé les Nidaaistes à soutenir cette décision « vitale » dans le processus récupération de leur parti.
Une annonce qui en a fait jaser plus d’un et qui a suscité les railleries mais également l’indignation. Alors que le pays passe par une situation économique des plus précaires, alors que les réformes tardent à être mises en place, alors que la Tunisie fait face à une menace terroriste persistante, la guerre des égos fait rage au sein du supposé premier parti. Par déclarations et communiqués interposés, le clan et le clan adverse se crêpent le chignon et déballent le linge sale au grand public. Un public et surtout un électorat qui s’est mis à regretter amèrement le choix du dit « vote utile ».
De crise en crise, les dirigeants de Nidaa, aux égos surdimensionnés, ont participé au démantèlement pur et simple d’un parti qui était supposé rassembleur, un contrepoids sur la scène politique, et constituer une alternative solide. Au lieu de cela, les Tunisiens ont assisté, d’abord étonnés, puis indignés aux querelles fratricides, pour finir par en être lassés.
Il faut dire que c’est l’imbroglio le plus total. Pour suivre le fil de cette crise qui s’éternise, il faudrait avoir les nerfs solides. La dernière en date est un parfait exemple en la matière : Il s’agit, pour simplifier les choses, d’un groupe de dissidents du « comité de sauvetage », représentant le comité exécutif, qui décide de virer le directeur exécutif du parti. Le but étant d’œuvrer pour le salut de Nidaa et de le faire renaitre de ses cendres après de longs mois de débâcle. Les hostiles à Hafedh Caïd Essebsi s’opposent à toutes les décisions prises suite au tristement célèbre congrès de Sousse. En novembre 2016, l’élu Nidaa, Moncef Sellami, est nommé, par ce groupe, en tant que coordinateur général du courant « réformateur ». Sa mission, œuvrer à réconcilier les différentes factions et annoncer la feuille de route qui mènera au premier congrès électif. Une mission qui ne semble pas avoir donné les résultats escomptés puisque les clans ont continué à se torpiller.
La réponse du principal concerné à la décision de son limogeage ne s’est pas fait attendre. Mardi 24 janvier 2017, Hafedh Caïd Essebsi a qualifié ses détracteurs de putschistes, ne manquant pas de condamner les agissements « d’un groupe dissident qui n’a plus aucune légitimité ». Se présentant comme étant démocrate, le directeur exécutif pointe du doigt « un groupuscule qui exprime ses opinions de façon anarchique », alors que le comité du règlement intérieur avait gelé ses activités jusqu’à la tenue du congrès électif. « Nous avons pris à leur encontre les dispositions nécessaires et il n’y a plus lieu de ressasser cette histoire ! », s’est-il exclamé, installant ainsi sa légitimité et celle de son clan, face à un groupe qui ne cherche qu’à nuire au parti. D’ailleurs, HCE avait répété à plusieurs reprises que Nidaa Tounes était la cible d’attaques de l’extérieur et de l’intérieur, pour justifier la crise que traverse le parti. Il en accusait ouvertement le comité de sauvetage.
Alors, viré ? HCE ne semble pas s’en incommoder plus que de mesure. Pour lui, le communiqué de ce groupe est « juste un bout de papier » qui n’a aucune valeur légale.
En attendant les épisodes et les rebondissements à venir, la lutte sans pitié pour le pouvoir se poursuit. Deux factions, à couteaux tirés, depuis trop longtemps déjà, qui s’entredéchirent pour le leadership d’un parti à l’agonie. Une guerre d’une médiocrité sans nom.
Dans leur irresponsabilité, les protagonistes de cette « dramédie », oublient que leurs actions ont donné définitivement le coup de grâce à la crédibilité d'un parti sur la dérive.

Commentaires (7)
CommenterDégage
HCE taupe de Ghannouchi
Misskina tounes
Perte de sens commun
Mais ces péripéties minables nous revoient à notre miroir ; que serions nous dans notre grande majorité sinon des minables opportunistes ?
On a la classe politique que l'on mérite , et l'"élite" qui nous correspond
la société tunisienne est devenue -depuis longtemps d'ailleurs- un repaire de crapules parasitant -incluant une symbiose, c'est à dire un clientélisme réciproque- des bédouins semi-abrutis.
La Tunisie de Bourguiba, éduquée, civilisée et travailleuse n'est plus. Il faut la recréer pour éviter d'assister à ces pitreries obscènes.
Minable...
et avec tous ça. ..!
Sans commentaires !
Finalement

