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Chroniques
L’étoffe d’un président
Par Synda Tajine
31/05/2022 | 17:00
4 min
L’étoffe d’un président

 

« Kaïs Saïed était l’une des plus belles créatures de Dieu sur terre […] aujourd’hui, je ne le reconnais plus ». C’est ce qu’a déclaré Yadh Ben Achour chez Hamza Belloumi sur Mosaïque Fm, dimanche dernier. « Kaïs Saïed n’a pas l’étoffe d’un président », a-t-il dit, visiblement déçu de ne pas retrouver la personne qu’il avait auparavant connue, à la tête de l’Etat.

Tout comme la question de savoir s’il fallait « séparer l’Homme de l’œuvre » avait tiraillé le monde artistique en 2020, au moment de la projection du « J’accuse » de Polansky, il y a aujourd’hui lieu de se poser la même question. Faut-il séparer Kaïs-l’homme du Kaïs-président ? Et qu’est-ce qui fait au juste l’étoffe d’un président ?

 

Chacun y était allé de sa petite théorie en 2019. Mohamed Abbou avait clamé à cor et à cri qu’il était « un homme intègre et aux mains propres », on lui avait répondu que ceci n’était pas suffisant pour en faire un bon président.

Seïf Eddine Makhlouf s’était présenté, dans son CV de campagne, comme le révolutionnaire qui avait fait partie de toutes les manifestations et qui allait rendre au peuple - colonisé et spolié - ses richesses. Inutile de vous démontrer que lui non plus n’aurait certainement pas fait un excellent président.

Lotfi Mraihi avait fait parler de lui comme l’unique candidat qui avait compris les préoccupations des Tunisiens et s’était promis de les réaliser au moyen d’idées pas toujours bien pensées. Qu’est-il devenu aujourd’hui ?

 

Lors de la campagne, on avait beaucoup parlé des personnes et très peu des programmes. Les intègres, les révolutionnaires, les conservateurs, les corrompus, ceux qui sont proches du peuple et qui sont à l’extrême opposé. Très peu se rappelleront du programme présenté par chacun d’entre eux et leurs promesses de campagne.

Kaïs Saïed avait d’ailleurs été élu pour sa personne. Après son plébiscite, de très nombreuses personnes s’étaient exprimées pour dire qu’elles le connaissaient personnellement. Il était le professeur de l’un d’eux, le collègue, le voisin, l’ami… Plein de gens avaient des anecdotes à raconter sur cet homme austère et froid mais droit dans ses bottes, intègre et honnête. C’est ce qu’il est encore aujourd’hui. Mais le petit professeur qui n’avait qu’à gérer son amphi et ses fiches de cours s’est retrouvé propulsé à la tête d’un Etat. Est-il resté le même homme ?

 

Le bon sens veut que, peu importe la personne que vous êtes dans votre petite vie de tous les jours, une fois élu à un poste de pouvoir, on se doit d’assumer la responsabilité. Devenir un Homme d’Etat, obéir à la responsabilité de son poste, privilégier l’intérêt suprême de l’Etat, de la patrie et des citoyens…et agir de manière réfléchie. C’est ainsi que l’homme est dissocié du président. Face à certaines charges et lourdes responsabilités, certaines de ses opinions, états d’âme et sauts d’humeur doivent rester enterrés bien au fond, en faveur d’une certaine retenue, intelligence politique et sens du devoir.

 

Le fait est que chaque électeur choisit le candidat qui lui ressemble le plus. Il le fait généralement pour les mauvaises raisons. Les votes émotifs et personnels conduisent à des choix difficiles à assumer. L’on avait vécu la même chose en 2014 avec feu Béji Caïd Essebsi, élu car il représentait – aux yeux des nostalgiques – une certaine image familière et rassurante de l’Homme d’Etat. Des considérations historiques, régionalistes et, surtout, émotionnelles, avaient dicté ce choix. Idem pour Kaïs Saïed en 2019. A contexte différent, motivations différentes, mais toujours aussi émotionnelles. Qu’est-ce qui fait qu’un homme d’Etat ait « l’étoffe d’un président » ? Elire un homme « bon » à la tête d’un Etat fragile nous prémunirait-il de positions farfelues et irréfléchies ? Comment avoir la garantie d’un président qui ne qualifiera pas les agences de notation de « ommek sannefa », qui n’agira pas dans l’ombre de la nuit, qui ne s’accaparera pas les pouvoirs, qui ne crachera pas son venin sur le FMI, la commission de Venise et les partenaires étrangers ?...

 

Une chose est certaine, cependant, un homme « bon » ne garantit pas un bon président et il serait plus que temps de revoir ce que « l’étoffe d’un bon dirigeant », signifie pour les électeurs…

 

Par Synda Tajine
31/05/2022 | 17:00
4 min
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Commentaires
Abidi
Président
a posté le 01-06-2022 à 23:22
Pour conclure vous êtes le président promus pour résoudre le problème du pays car vous comprenez tout vous analysez tout et vous tirez les bonnes conclusions, gloire à vous grande prêtresse
DIEHK
@ ST et son étoffe !!!
a posté le 01-06-2022 à 13:44
Moi DIEHK : Je me fais l'effet d'une somnambule, sensible uniquement à l'étoffe dont sont faits les mauvais rêves, aux fois, aux rôdeurs tapis dans l'ombre, aux enfants perdus, à toutes les armées de l'ignorance qui s'agitent dans la nuit. Je ne suis pas un microcosme de la société.
Donc, j'existe et L'étoffe d'un président d'1 Bhimcop et je ne me renie pas ?
Je me pose la question si : Un homme politique se laisse offrir des costumes. Pour autant, a-t-il l'étoffe d'un président ?
Et je me dis qu'un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile.
Et que Bhimcop : Qui est notre homme politique malhonnête, c'est comme un cerf-volant : il est gonflé de vent, il se pare de belles couleurs pour séduire, et lorsqu'il vole il est en général manipulé par quelqu'un qui tire les ficelles ! (Voir Lénine ou Marx et peut être Staline ?)
Comme je suis "naif" : Je me dis c'est important, les rêves. Pour exister. Souvenez-vous de ce qu'a dit Shakespeare dans La Tempête : « Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves... »
Et que l'ombre et la lumière ne sont pas si disjointes qu'il nous plait souvent de le penser. Elles sont l'envers et l'endroit d'une même étoffe et ainsi les hommes filent : et si les hommes étaient faits d'étoffe indémaillable, nous ne raconterions pas d'histoires, n'est-ce pas ?
Je reviens toujours à mes classiques et je dis : 'Il est facile d'aimer une république dont on est le président.'?'
Et quand j'étais petit, ma mère m'a dit plusieurs fois que n'importe qui pouvait devenir président. Je commence à le croire.'?' (vous avez 1 exemple criant avec votre Bhimcop!)
Et je termine par dire qu'en toute chose, il faut considérer la fin.
Amen (ta bourse avec la mienne et on passera 1 bonne quinzaine avec Bhimcop ?)......








Tounsi Fakhour
Bonne question !
a posté le 01-06-2022 à 13:30
Je reposte, en actualisant, ce que j'ai déjà posté :
KS
Il me semble assez clair que KS n'est pas issu et ne fait pas partie de l'establishment, pour les raisons suivantes :
1. Il était presque inconnu, avant la campagne présidentielle,
2. Il n'a pas de parti politique,
3. Pendant la campagne présidentielle et contrairement aux candidats de l'establishment,
a. Pas d'appui médiatique, les autres disposent d'organes de presse à leur disposition,
b. Pas d'appui financier, les autres ne regardent pas à la dépense,
c. Il a même refusé d'utiliser les fonds publics offerts à tous les candidats,
d. De tous, il était considéré comme un outsider,
4. Après son élection, il n'a pas profité, comme Macron en France, pour créer son parti politique,
5. Pendant son mandat, il n'a pas de machine médiatique. De plus, certains sites et médias s'acharnent sur lui,
6. Le 17 décembre, ce n'est pas son anniversaire, ni celui d'une éventuelle prise du pouvoir, comme c'était le cas avec les prédécesseurs Bourguiba et Ben Ali,
7. C'est l'étincelle de la révolution tunisienne qui a fait de la Tunisie une exception, « an arab anomaly », selon le livre du professeur à l'université de Columbia, Safwan Masri (2017), New York : Columbia University Press,
8. Enfin, sa démarche, ses méthodes sont loin de copier le système, caractérisé par un certain égo, opportunisme, arrivisme et une mise en scène portée plus sur la communication que sur l'action. Lui, il se distingue, il est plutôt intègre, il travaille, il apprend, il ajuste.

Des actes et des résultats :
Pour le moment et par honnêteté, on ne peut que dresser un bilan provisoire sur dix mois.
Qu'on le veuille ou non, l'action salvatrice de KS, entamée le 25 juillet a abouti, pour le moment, au moins :
1. De caser la pourriture islamiste sous le tapis, plutôt dans le caniveau,
2. Des campagnes de vaccinations, très efficaces, contrairement à l'hécatombe sanitaire d'avant le 25 juillet,
3. Un gouvernement (non politique pour une fois et essentiellement technocrate) en place et actif,
4. Un vrai processus d'assainissement en cours,
5. Enfin un exécutif, courageux et soucieux du bien général, qui ose aborder les réformes douloureuses et nécessaires,
6. Une loi de finances, certes non parfaite (pourrait-elle l'être ?), mais la moins pire,
7. Un dossier FMI sincère et réaliste,
8. Une belle consultation populaire, photo complète et précise de la population,
9. Un dialogue en vue, avec les parties honnêtes,
10. Un référendum, le 25 juillet,
11. Des élections législatives, fin de l'année, etc
cesarios
c'est probable en combinant....................
a posté le 01-06-2022 à 10:38
l'étoffe d'un bon président, c'est avoir et de combiner le charisme et le courage de ben ali, et l'intégrité et les mains propres de kaies saïd, c'est très rare de le dénicher dans l'actuelle jungle politique TUNISIENNE,peut être en revoyant et en révisant le destour et la loi électorale en procédant à tenir compte des paramètres sociologiques et psychologiques propres à notre peuple , on pourra dénicher probablement ce qu'on souhaite l'avoir
tounsi
Pas sure
a posté le 01-06-2022 à 09:09
Il faut bien dire les choses. IBA a des problèmes avec KS ce qui n'apparait nulle part dans ce monologue.
Tout le monde ou presque connait cette situation sauf ST.
ANTIRELIGION
LE DESTIN ET LES HOMMES
a posté le 31-05-2022 à 19:09
Mohamed ibnou Abdellah était un commerçant ambulant, Charlemagne ne sait ni lire ni écrire, Napoléon Bonaparte à ses débuts un officier dans l'armée,
Adolf Hitler( exemple à ne pas suivre) un simple caporal, Vladimir Poutine un simple agent du KGB, ETC ETC ETC. Le destin choisi les homes et non le contraire.
Alya
Mme synda
a posté le 31-05-2022 à 18:32
Reconnaissez au moins que l homme est courageux. Vous êtes née en pleine ère benalienne. L avez vous vu un seul jour fouler une avenue au milieu d un peuple non épuré?