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Chroniques
L’Etat, complice de meurtres
Par Marouen Achouri
30/06/2021 | 16:59
4 min
L’Etat, complice de meurtres

 

Il fût un temps, il y a dix ans, où nous espérions renaitre, réformer et bâtir un pays nouveau avec des règles nouvelles. Emportés par un vent d’enthousiasme révolutionnaire nous pensions rendre la Tunisie magnifique. Nous pensions arrêter d’être des demi-sujets de sa majesté le pouvoir pour devenir des citoyens à part entière. Le plus pessimiste d’entre nous n’aurait jamais pu prévoir que dix ans plus tard, notre souhait sera aussi basique que celui de vivre, tout simplement.

Le dernier bilan du ministère de la Santé fait état de la détection de 5251 nouveaux cas d’infection et de 106 décès en seulement 24 heures. Cette comptabilité quotidienne morbide a participé à banaliser une catastrophe. Mais il faut savoir que jamais, de toute son existence, la Tunisie n’a vécu une telle hécatombe, même pas en temps de guerre, même pas durant la colonisation. Le premier cas de Coronavirus a été détecté en Tunisie le 2 mars 2020, en 16 mois nous avons perdu 14.843 Tunisiens. Oui, faites le calcul, une moyenne de 927 Tunisiens sont morts chaque mois, près d’une trentaine par jour…

 

Je n’évoquerai pas ici les défaillances des autorités de ce pays dans la gestion de la catastrophe sanitaire. D’abord, il faudrait bien plus qu’une simple chronique pour répertorier toutes les négligences, toutes les erreurs et toutes les incompétences réunies autour de ce dossier. Mais surtout parce que critiquer implique, quelque part, l’existence d’un espoir même infime de redressement. Cela implique que la partie critiquée fera à l’avenir attention à telle ou telle défaillance et travaillera à la réparer. Mais il n’en est rien en Tunisie. Ceux qui nous gouvernent ressentent sûrement, à des intensités différentes, cette douleur de voir des Tunisiens mourir par dizaines chaque jour, mais au mieux, ils ne peuvent que compatir à notre douleur collective car ils n’ont pas les capacités pour faire face ou même pour commencer à trouver des solutions. On pourrait presque ne pas leur en vouloir, car ils ne peuvent donner ce qu’ils n’ont pas, à savoir la compétence. Nous savons tous comment et par quel moyen ils sont arrivés là où ils sont, aucun d’entre eux ne semble dérangé par le fait que l’Histoire se rappellera de leurs noms comme étant ceux qui ont gouverné pendant que des milliers de Tunisiens sont morts. Ceux d’entre eux, qui semblent attachés à l’Histoire à longueur de discours, verront leurs noms associés à la pire catastrophe meurtrière que la Tunisie ait vécu depuis son existence. Mais pour prendre la pleine mesure de l’incompétence qui règne en souveraine dans notre pays, je reprendrai les propos d’un médecin tunisien réputé qui disait que la Tunisie peut être étudiée comme un cas d’école pour connaitre les dégâts que peut faire le Coronavirus dans un pays qui le laisserait « agir » librement.

 

Mais il n’y a pas que le Coronavirus qui tue en Tunisie, ça aurait été trop facile. Une femme à Sfax a été sauvagement tuée, elle et son fils de 13 ans, par son ex-mari. Cela pourrait passer pour un coup de folie, comme il en existe partout dans le monde. Mais ce qu’il faut savoir c’est que les proches de l’ancien couple et des membres de la famille de la défunte ont évoqué plusieurs plaintes déposées par la défunte Fatma contre son ex-mari pour des faits de violence. Son ex-mari, médecin et propre sur lui, est toujours parvenu à s’en sortir grâce au laxisme des autorités et à un héritage culturel bien trop lourd. Au final, il l’a tuée, elle et leur fils, et reste aujourd’hui en cavale. A Boumhel, un homme a crevé les yeux de sa femme devant leurs enfants parce qu’elle a osé demander le divorce. Les faits de violence contre les femmes sont innombrables dans notre pays, et les cas de meurtre ou d’agression sont presque quotidiens. En 2019 et 2020, 65 mille plaintes pour violence conjugale ont été enregistrées par les services du ministère de l’Intérieur. Donc, nous devons supposer qu’il existe au moins le double de femmes qui subissent la violence sans jamais oser franchir le pas d’un poste de police. Sur les 65.000 plaintes, la justice n’a traité 3941 affaires. Alors devant cette énième défaillance des autorités de ce pays, la violence conjugale tue aveuglément, brutalement, et avec la complicité de l’Etat et de toutes ses institutions. La perspective d’un confinement sanitaire, dont certains analysent l’efficacité scientifique et d’autres spéculent sur son impact économique, est vue par des centaines de femmes comme une terreur profonde, car leur bourreau sera enfermé à leurs côtés.

 

Rappelons-nous, Tunisiens décimés par la mort et la pauvreté, que nous avons quand même des droits. S’il nous fallait un jour demander des comptes à ceux qui nous gouvernent, évoquons l’article 22 de la constitution : Le droit à la vie est sacré, il ne peut lui être porté atteinte que dans des cas extrêmes fixés par la loi. Nous avons le droit de vivre, c’est la constitution qui le dit, pour l’instant…

 

Par Marouen Achouri
30/06/2021 | 16:59
4 min
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Commentaires
takilas
D'ailleurs c'est cette pondemie qui est venue prendre la relève des catastrophes financières causées par nahdha.
a posté le 02-07-2021 à 06:25
Et c'est à partir de ce moment que les dons et les prêts destinés à cette pondemie seront deviés pour servir à camoufler du peu qu'il soit les énormes dettes de la Tunisie.
Par voie de conséquence la Tunisie se voit doublement pénalisée et de perdre en la même toute crédibilité envers les banques mondiales, la population tunisienne, sauf les traîtres et les soudoyés par cette même nahdha et plusieurs autres nations étrangères,
Il en va de soi que la violence de nahdha s'accentue de jour en jour surtout que leurs duperies et leur arnaques sont devenues évidentes au grand jour.
Malheur à tout leurs traîtres protecteurs qui ont trouvé un os à ronger de leur part et qui continuent de chercher des alibis et des circonstance atténuantes à ces heurtsvde malheur.
veritas
'?a se réveille chez Bn et tant mieux '?'
a posté le 01-07-2021 à 10:12
Enfin il y'a un article qui dénonce les crimes d'un état criminel et qui lui balance ses 5 vérités .(a plusieurs reprises j'été censuré quand j'ai dénoncé cela )
Pour une fois Achouri bravo.
Damergi habib
Vivre ce n'est pas le but
a posté le 01-07-2021 à 06:17
C'est plutôt comment vivre qui doit ètre le leitmotiv de nos gouvernants et non vivre tous simplement comme des moins que rien,hélas cette notion ne semble pas ètre le but de ces nouveaux arrivants ils ont tellement la hargne contre ce peuple qu'ils veulent carrément désintégrer tous ce qui ressemble à un tunisien qui veut bien vivre.
Alya
Je n interviendrait que sur la pandemie
a posté le 30-06-2021 à 21:05
Monsieur achouri , tout citoyen est bien entendu libre de porter plainte contre l état, le gvt, le msp, les hôpitaux, les cliniques etc... mais actuellement , l heure est très grave. Quand , j étais jeune étudiante, j ai vu des vidéos élaborés par la Chypre et concernant un fléau d époque elle kyste hydrique, les vidéos ne montraient que des des enterrement avec comme son des champs funèbres. Plus tard , j ai appris que ces horreurs avaient.t peis d endiguer définitivement le fléau . Accepterons nous aujourd'hui que des supports montrant des patients suffocants soient diffuses en boucle à la télé sur écrans geants dans la rue, dans les quartiers populaires, dans les quartiers riches, dans les barbecue des hôtels huppés........







Naïve
A BN : Enfin un titre PROCHE de la réalité
a posté le 30-06-2021 à 19:23
M. Marouen Achouri, l'Etat n'est malheureusement pas "complice de meurtre". L'Etat est devenu ASSASSIN dans un pays qui va à vau-l'eau. Votre coup de gueule est celui de toutes et de tous dans une Tunisie qui ne se reconnaît plus elle-même! Que faire face à tant de laxisme et de flegme de la part de celles et ceux qui reçoivent des salaires faramineux pour ne rien foutre sauf contempler avec la plus grande indifférence et le plus cruel des sadismes les gens mourir un à un sans lever le petit doigt? Il n'y a pas que la Covid comme vous le souligner. Il y a les pénuries de toutes sortes, les vaccins, les médicaments, les tests. Il y a des trafics de tous genres : cigarettes, alcools, drogues. Nos jeunes sont démolis dès la prime jeunesse. Et les soi-disant gouvernants le font exprès!!!! Il y a les déchets des Italiens qui sont toujours là et qui sont un scandale sans aucun précédent. Il y a la violence : celle des officiels et celles individuelles. Il y a aussi les noyades dans des plages non surveillées. Rappelons-nous les postes de protection civile et de maître nageurs dans les endroits les plus fréquentés. Où sont-ils? Personne n'y pense. Pourquoi après tout? Le Tunisiens et les Tunisiennes sont responsables et conscients... On ne cesse de répéter cette litanie morbide. La réalité est tout autre : les gouvernants veulent qu'il y ait un maximum de morts. Ils s'en foutent pas mal de nous. Tout ce qui leur importe, c'est leurs postes, leurs salaires, leurs magouilles. Ils nous ont bien ******* dans toutes les positions et on en redemande!!!
Un lecteur
Ce pays est mort cliniquement
a posté le 30-06-2021 à 18:30
Et l'agression de Abir devant l'indifférence honteuse de tous ces traîtres et lèches c,,, du Gourou est un aveu clair et sans équivoque du naufrage de ce pays et de ses représentants...
Taoufik
Abir agressée au parlement
a posté le 30-06-2021 à 17:32
Vous parlez de femmes tuées et violentees par leurs maris c bien de lcondamner ces derniers ce sont des lâcher pourquoi vous ne condamner ce terroriste qui a frappé Abir Moussi en plein parlement aujourd'hui et devant tous les connards d'hommes présents qui n'ont pas réagi
Pourquoi vous n'en parlez pas dans vos articles c peut être pas une femme tunisienne ?
Imed
Ta gueule, BON a condamné
a posté le à 18:51
Les pro-Abir sont quand même des tarés: BN a condamné fermement et s'est montré totalement solidaire après son agression, sa double agression même. Arrêtez de déformer la réalité... Abir, Abir, Abir... Même lorsque ses plus virulents critiques comme BN sont solidaires avec elle, cela ne vous suffit pas. Allez brailler ailleurs...