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Le cadeau empoisonné des terroristes
01/03/2019 | 19:59
4 min
Le cadeau empoisonné des terroristes

 

Des personnalités politiques, médiatiques et syndicales sont visées par une opération terroriste. Il s’agit d’une attaque au courrier empoisonné. Avec ce mode opératoire inhabituel en Tunisie, les terroristes changent de fusil d’épaule. Une affaire étrange, certes, mais fortement préoccupante.

 

« L’affaire est inédite et préoccupante », a avoué le ministre de l’Intérieur Hichem Fourati aujourd’hui dans une déclaration aux médias. Voilà qui est clair, d’autant plus que le porte-parole du ministère parle d’une « opération importante ».

« Il s’agit d’un changement de mode opératoire » a expliqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sofiene Zaâg, ce vendredi 1er mars 2019, sur Mosaïque Fm. « Nous sommes en guerre permanente contre le terrorisme et ces groupes innovent dans leur mode opératoire », a-t-il ajouté.

 

Si le ministère de l’Intérieur reste prudent en préférant divulguer un minimum d’informations pour ne pas compromettre l’enquête, il en explique les grandes lignes. Ce que l’on sait pour l’instant est qu’il s’agit d’une opération sécuritaire anticipative de grande ampleur. Les agents des services de la Direction générale de la sûreté nationale en collaboration avec le ministère public près du pôle judiciaire antiterroriste sont parvenus à saisir 19 lettres empoisonnées. Les lettres ont été saisies à la poste avant de parvenir aux destinataires visés.

Après expertise scientifique, il s’est avéré que ces lettres contenaient une substance mortelle par simple contact. De l’Anthrax, selon des sources sécuritaires bien informées. En coordination avec le pole de lute antiterroriste, une enquête a été ouverte afin de connaitre toute la vérité sur cette affaire ainsi que les parties qui se cachent derrière et de prendre les mesures nécessaires.

 

Pour l’instant, la liste des personnalités politiques visées par ces envois est encore confidentielle. Business News a réussi à obtenir celle des journalistes et personnalités médiatiques ciblées, parmi lesquelles figurent plusieurs journalistes et chroniqueurs des chaînes TV Attessia et El Hiwar Ettounsi, ainsi que de la radio Shems FM, à savoir Mohamed Boughalleb, Naoufel Ouertani, Hamza Belloumi, Maya Ksouri, Lotfi Laâmari et Mokhtar Khalfaoui ou encore le président du Syndicat national des journalistes, Néji Bghouri.

On retrouve également dans la liste, la magistrate Raoudha Laâbidi, ainsi que les syndicalistes Noureddine Taboubi, Bouali Mbarki et Sami Tahri. Le seul lien direct entre ces personnalités est leur soutien à la fermeture de l’école coranique de Regueb, une affaire révélée lors de l’émission de Hamza Belloumi sur El Hiwar Ettounsi et qui a suscité le soutien de plusieurs personnalités  publiques qui ont dénoncé l’existence de cette école et dénoncé les conditions  déplorables dans lesquelles vivaient les enfants qui la fréquentaient. Une thèse défendue par l’une des personnalités visées par l’attaque aux lettres empoisonnées.

 

 

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a mis en garde les personnalités nationales en Tunisie contre toute correspondance suspecte et d’en informer les services compétents avant d’ouvrir un courrier qu’on n’attendrait pas, puisque d’autres lettres pourraient avoir été envoyées. Par ailleurs, la sécurité autour des locaux de certaines entreprises de presse a été renforcée, ces dernières 48 heures, suite à des informations faisant état de nouvelles attaques. 

En 2015, les journaux dont Hakaek Online, Akher Khabar et Business News ont été directement visés par des menaces terroristes formulées par l’organisation Daech. La menace a été faite le 30 août 2015 sur Twitter et les journaux menacés ont été qualifiés de « bras médiatique indirect qui diffuse des mensonges et des rumeurs » mais aussi d’« ennemis d’Allah ».

 

L’affaire des lettres empoisonnées rappelle le tristement célèbre scandale de l’Anthrax qui avait fait 5 morts aux Etats-Unis. En 2001, une semaine exactement après l’attentat du 11 septembre, des lettres empoisonnées ont été destinées à plusieurs personnalités politiques notamment au Capitole. Contenant le bacille de la maladie du charbon, elles avaient fait cinq morts, dont deux employés de Washington.

18 ans après, il semblerait que les terroristes tunisiens se soient inspirés de cette affaire qui avait martyrisé les Etats-Unis à l’époque et dont d’autres, similaires ont suivi les années d’après. Si l’attaque a pu être déjouée à temps en Tunisie et qu’aucune victime n’a été déplorée, la vigilance reste de mise.

« La situation sécuritaire est stable mais le seuil de menace est élevé et la préparation sécuritaire est au point et ce, depuis des mois » estime Hichem Fourati qui a ajouté aujourd’hui, que « l’avortement de cette affaire a évité au pays une véritable catastrophe ».

« Cette opération a montré, de nouveau, que les forces de sécurité tunisiennes ont prouvé leur grande préparation et leur sérieux et que la Tunisie a réussi à vaincre le terrorisme », avait conclu Youssef Chahed sur l’affaire aujourd’hui. Il est certes encore trop tôt pour tenir une telle conclusion…

 

Synda TAJINE

01/03/2019 | 19:59
4 min
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Commentaires (12)

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Citoyen de Tunisie
| 04-03-2019 13:53
Je ne sais pas pour vous mais pour moi c'est presque clair.
La chambre secrète, l'audit des comptes de certains nahdhaouis et puis la pédophilie du Rgueb peuvent être les commanditaires de ses assassinats aux méthodes dignes des espions de la guerre froide.
Depuis qu'ils sont revenus ces frères "peu-musulmans", le crime est devenu autorisé mais que pour eux.
Dieu est grand.

BORHAN
| 04-03-2019 11:54
Du poison en poudre et en quantité...!
Je suis vraiment sceptique.
L'art de la manipulation exige beaucoup de droiture et d'intelligence faute de quoi la notion de "raison d'état" échoue et tombe à l'eau.
Pauvre "populace"...

Lally
| 03-03-2019 12:59
donnez nous le nom de ce produit chimique svp, certains disent que c'est un poison mortel mais les autorités ne disent rien à ce sujet, pour le moment ce n'est que de l'intox ou un fake news sans plus

Kane
| 03-03-2019 12:34
Cette affaire de lettres à l'anthrax est plus qu'étrange. Comment a-t-on su que des lettres "empoisonnées" étaient adressées à certaines personnes et se trouvaient encore, toutes, à la poste ? Comment détecter de l'anthrax en poudre dans une enveloppe fermée ? Sachant que l'anthrax n'est actif que par contact ou inhalation mais que des antidotes existent et sont très efficaces, sommes-nous préparés à cette menace si elle est avérée ?

veritas
| 02-03-2019 18:20
un islamiste ne peut que détruire et ***et rien d'autres.

TunPat
| 02-03-2019 14:48
Si c'est de l'Anthrax et si c'est particulièrement de la poudre d'Anthrax c'est très dangereux . Si des spores d'Anthrax sont inhalés cela peut être mortel . Les premiers signes s'apparentent à ceux de la grippe et il y a donc un risque d'erreur initiale de diagnostic pour les personnes contaminées .

Il faut aussi isoler les endroits où on a découvert de l'Anthrax et les décontaminer .

Abir
| 02-03-2019 13:01
Je sais que vous posez une question moqueuse,mais moi de mon côté je trouve que ce n'est pas gentille de la part de patron de vouloir donner les noms de Laamari et Maya alors qu'ils sont les collègues de Derwich et Belghadi ,le premier est l'avocat d'Ennhda la deuxième est l' amortisseur d'Ennahda,c'est pour ça que les deux ont échappé à la menace.Je ne suis pas fière de Mariem Belghdi,elle a complètement changé.

A4
| 02-03-2019 12:29
... Maya Ksouri, Lotfi Laâmari, ... mais pas leur collègue chékib ?
C'est bizarrement étrange !!!

Abir
| 02-03-2019 08:50
La boite noire Gannouchi,il faut aller à la source, à Montplaisir la salle des opérations,et n'est pas chercher une aiguille dans le foin,ce type détient la terre et le sous terre,et la malheur de ce pays,il est le seul responsable,pourquoi tout ça maintenant? Pour que Ennahda dominera les élections comme elle voudra et si Qatar et la Turki financent Gannouchi,c'est pour qu'il domine les élections.non d'une pipe,60 milliards,il pourra acheter les électeurs pauvres,les terroristes et les analphabètes de ce pays.

Res Publica
| 02-03-2019 08:35
"En 2011, une semaine exactement après l'attentat du 11 septembre, des lettres empoisonnées ont été destinées à plusieurs personnalités politiques notamment au Capitole."
Corrigez svp : C'était en 2001, pas en 2011...