
Dans une lettre poignante adressée à l’opinion publique depuis sa cellule, Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), livre un récit détaillé et alarmant de son transfert soudain vers la prison de Bulla Regia, à Jendouba, dénonçant des pratiques arbitraires et des conditions de détention inhumaines.
C’est Karim Krifa, membre du comité de défense d’Abir Moussi, qui a révélé hier le transfert de l’opposante politique, effectué selon lui dans des conditions « dangereuses ». Détenue depuis octobre 2023, la présidente du PDL avait déjà signalé, par l’intermédiaire de ses avocats, de nombreuses atteintes à ses droits. Cette nouvelle étape semble franchir un seuil de gravité supplémentaire.
Dans une lettre rédigée depuis la prison de Bulla Regia et publiée intégralement mardi 24 juin 2025 par son comité de défense, Abir Moussi décrit, presque heure par heure, les circonstances de son transfert. Elle y évoque l’intervention soudaine du directeur de la prison :
« Prépare-toi, tu pars tout de suite pour Jendouba », lui aurait-il lancé, sans autre explication ni justification légale.
Refusant d’abord de quitter sa cellule sans pouvoir rassembler ses affaires, elle affirme avoir été encerclée par un groupe d’agentes, prêtes à recourir à la force. Elle raconte avoir été contrainte de monter dans une ambulance, sans aucune de ses affaires personnelles, hormis ses lunettes, et surtout sans avoir reçu de document officiel attestant de cette décision.
« Contrairement à mon transfert arbitraire du centre de la Manouba, aucun document ne m’a été présenté », écrit-elle. « Aucun inventaire de mes biens n’a été réalisé, ni au réfectoire ni au point de ravitaillement. »
À son arrivée, ce qu’elle découvre dépasse l’entendement : une cellule vétuste et surpeuplée, habitée par quinze femmes, dans un espace totalement délabré. « Une chambre pour les agentes, une cellule unique pour les détenues, et une cour de promenade en ruine », décrit-elle.
Mais au-delà de l’état des lieux, c’est l’absence de toute sécurité et de cadre légal qui l’inquiète le plus. Abir Moussi alerte : toutes les mesures de sécurité précédemment en vigueur à la Manouba ou à Belli ont été levées. Elle y voit une volonté manifeste de la mettre en danger. « Je ne me sens pas en sécurité dans ce lieu », affirme-t-elle avec gravité. « Je vous tiendrai au courant, dans la mesure où je resterai en vie. »
Elle insiste : il ne s’agit ni d’un transfert administratif, ni d’une procédure judiciaire normale. À ses yeux, c’est une punition politique, une vengeance personnelle visant à l’humilier, à la briser moralement, et à l’éloigner de ses proches et de ses partisans.
Elle écrit : « C’est une tentative de me réduire au silence, de m’anéantir. Mais, je suis une femme de droit, de convictions, et ma foi en ma cause est inébranlable. »
Appelant son comité de défense à agir pour garantir sa sécurité et ses droits fondamentaux, elle s’adresse enfin à ses concitoyens et aux membres du PDL avec des mots de réconfort et de détermination : « ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis une fille du peuple… Je considère cette étape comme une occasion de découvrir, de près, la réalité amère du système carcéral. »
M.B.Z
Ce système à l'air de vouloir sauter et dégager !!!
C'est un crime planifié et déployé avec la volonté d'assassiner et avec un sadisme abject
Voilà le vrai visage de la Tunisie