Vous me diriez : "mais que fait-elle Sihem Ben Sedrine dans cette galère?"
Facile, c'est le chaînon manquant entre AQMI et la nébuleuse CPR.
Par Synda Tajine
La brigade de Okba Ibn Nefaa publie un communiqué dans lequel elle défend la présidente de l’instance Vérité et Dignité, Sihem Ben Sedrine. Oui vous êtes bien en train de lire ce qui est écrit. Si vous vous demandez quel rapport il existe entre la branche d’Al Qaïda en Tunisie et l’instance de la justice transitionnelle, c’est que vous mesurez mal l’influence que possède l’organisation terroriste dans le pays de l’islam modéré. Ou l’influence qu’on essaye de lui donner.
L’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) a, en Tunisie, plus d’influence que Daech et elle est responsable de plusieurs assassinats ayant touché les forces armées ces dernières années. Ses activités sont en berne depuis deux ans, mais elle ne compte pas en rester là.
Des messages s’adressant à l’opinion publique, l’organisation terroriste a l’habitude d’en publier. Elle a l’habitude de commenter l’actualité nationale, de faire du prosélytisme et de lancer des menaces. Le mode de vie des Tunisiens n’est pas assez bien pour les nobles principes de l’Aqmi, les gouvernants actuels ne suivent pas assez bien la ligne dictée par Dieu et le Prophète et la Tunisie a été déclarée terre de jihad depuis plusieurs années déjà. Mais que l’Aqmi s’intéresse à l’IVD, grand et tout puissant organe de la justice transitionnelle, il y a de quoi se poser des questions.
Depuis quand, les jihadistes émettent des opinions sur « la spoliation des richesses locales », « les documents liés à l’indépendance de la Tunisie » et remercient une instance pour s’être intéressée à ces dossiers et pour en avoir parlé ? Depuis quand les jihadistes appellent les Tunisiens à sortir manifester en masse « contre tous ceux qui ont spolié leurs richesses et à revendiquer l’ouverture de ce dossier et des contrats qui s’y rapportent, et ce, en mettant en œuvre tous les moyens qui sont à leur disposition ». De quelle voix au juste disposent-ils ? Et qui les écoute ?
Ceux qui les écoutent sont les mêmes auxquels s’adressent le député Imed Daïmi en appelant les Tunisiens à « pendre par les paupières, à démembrer et à disperses les organes du stupide pantin étranger qui aura l’audace d’appeler à un coup d’Etat, afin qu’il serve d’exemple ».
Ceux auxquels s’adressent les gars de l’AQMI sont les mêmes que reprend le député Mabrouk Hrizi en annonçant, le plus naturellement au monde, qu’il est venu au Parlement en « kamikaze afin de se faire exploser » au milieu de ses collègues.
L’un parle de « crime faisant partie d’un complot étranger qui vise la démocratie en Tunisie » et l’autre dit être prêt à « user de tous les moyens pour arrêter cette mascarade putshiste ». Si les appels à un coup d’Etat deviennent de plus en plus banalisés par ceux qui estiment que la démocratie est un luxe que la Tunisie ne peut plus s’offrir, le langage violent et « terroriste » l’est tout autant.
Ce n’est pas Aqmi ou Daech qui confèrent ce champ lexical à la classe politique, c’est plutôt le contraire. L’un se noie dans l’autre et touche le même public. Un public qui vomit une partie de sa classe politique actuelle dans laquelle il ne se reconnait plus, mais reconnait certaines de ses valeurs dans des discours à la violence décomplexée. Les discours démagogiques sur fonds de sauvegarde de la religion, ou de l’honneur du pays trouvent toujours preneurs. Peu importent les moyens employés pour servir ces diatribes.
Tous les moyens sont bons en effet pour que ceux qui ont profité des événements de 2011 ne perdent pas la main. Il en va des députés de partis, aujourd’hui dans l’opposition, comme Irada par exemple. Il en va aussi de membres de l’instance Vérité et Dignité qui s’accroche, bec et ongles, à ce qui lui reste de pouvoir, malgré l’illégalité de son activité et les tentatives d’y mettre fin.
Ceux qui y voient deux phénomènes distincts et complètement indépendants l’un de l’autre n’ont certes pas une vue globale des choses. Les mêmes discours et la même vision sont aussi bien employés du côté de l’Aqmi que des politiques violents qui usent de grands mots pour justifier leurs penchants pour le chaos. Tous les deux ont aujourd’hui le même objectif. Garder un tant soit peu la main, peu importe s’il faut faire régner la peur pour y parvenir…
Par Synda Tajine
La brigade de Okba Ibn Nefaa publie un communiqué dans lequel elle défend la présidente de l’instance Vérité et Dignité, Sihem Ben Sedrine. Oui vous êtes bien en train de lire ce qui est écrit. Si vous vous demandez quel rapport il existe entre la branche d’Al Qaïda en Tunisie et l’instance de la justice transitionnelle, c’est que vous mesurez mal l’influence que possède l’organisation terroriste dans le pays de l’islam modéré. Ou l’influence qu’on essaye de lui donner.
L’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) a, en Tunisie, plus d’influence que Daech et elle est responsable de plusieurs assassinats ayant touché les forces armées ces dernières années. Ses activités sont en berne depuis deux ans, mais elle ne compte pas en rester là.
Des messages s’adressant à l’opinion publique, l’organisation terroriste a l’habitude d’en publier. Elle a l’habitude de commenter l’actualité nationale, de faire du prosélytisme et de lancer des menaces. Le mode de vie des Tunisiens n’est pas assez bien pour les nobles principes de l’Aqmi, les gouvernants actuels ne suivent pas assez bien la ligne dictée par Dieu et le Prophète et la Tunisie a été déclarée terre de jihad depuis plusieurs années déjà. Mais que l’Aqmi s’intéresse à l’IVD, grand et tout puissant organe de la justice transitionnelle, il y a de quoi se poser des questions.
Depuis quand, les jihadistes émettent des opinions sur « la spoliation des richesses locales », « les documents liés à l’indépendance de la Tunisie » et remercient une instance pour s’être intéressée à ces dossiers et pour en avoir parlé ? Depuis quand les jihadistes appellent les Tunisiens à sortir manifester en masse « contre tous ceux qui ont spolié leurs richesses et à revendiquer l’ouverture de ce dossier et des contrats qui s’y rapportent, et ce, en mettant en œuvre tous les moyens qui sont à leur disposition ». De quelle voix au juste disposent-ils ? Et qui les écoute ?
Ceux qui les écoutent sont les mêmes auxquels s’adressent le député Imed Daïmi en appelant les Tunisiens à « pendre par les paupières, à démembrer et à disperses les organes du stupide pantin étranger qui aura l’audace d’appeler à un coup d’Etat, afin qu’il serve d’exemple ».
Ceux auxquels s’adressent les gars de l’AQMI sont les mêmes que reprend le député Mabrouk Hrizi en annonçant, le plus naturellement au monde, qu’il est venu au Parlement en « kamikaze afin de se faire exploser » au milieu de ses collègues.
L’un parle de « crime faisant partie d’un complot étranger qui vise la démocratie en Tunisie » et l’autre dit être prêt à « user de tous les moyens pour arrêter cette mascarade putshiste ». Si les appels à un coup d’Etat deviennent de plus en plus banalisés par ceux qui estiment que la démocratie est un luxe que la Tunisie ne peut plus s’offrir, le langage violent et « terroriste » l’est tout autant.
Ce n’est pas Aqmi ou Daech qui confèrent ce champ lexical à la classe politique, c’est plutôt le contraire. L’un se noie dans l’autre et touche le même public. Un public qui vomit une partie de sa classe politique actuelle dans laquelle il ne se reconnait plus, mais reconnait certaines de ses valeurs dans des discours à la violence décomplexée. Les discours démagogiques sur fonds de sauvegarde de la religion, ou de l’honneur du pays trouvent toujours preneurs. Peu importent les moyens employés pour servir ces diatribes.
Tous les moyens sont bons en effet pour que ceux qui ont profité des événements de 2011 ne perdent pas la main. Il en va des députés de partis, aujourd’hui dans l’opposition, comme Irada par exemple. Il en va aussi de membres de l’instance Vérité et Dignité qui s’accroche, bec et ongles, à ce qui lui reste de pouvoir, malgré l’illégalité de son activité et les tentatives d’y mettre fin.
Ceux qui y voient deux phénomènes distincts et complètement indépendants l’un de l’autre n’ont certes pas une vue globale des choses. Les mêmes discours et la même vision sont aussi bien employés du côté de l’Aqmi que des politiques violents qui usent de grands mots pour justifier leurs penchants pour le chaos. Tous les deux ont aujourd’hui le même objectif. Garder un tant soit peu la main, peu importe s’il faut faire régner la peur pour y parvenir…