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Chroniques
La Tunisie en perte de nuance
Par Marouen Achouri
29/09/2021 | 16:59
4 min
La Tunisie en perte de nuance

 

Tant que le peuple et l’opinion publique seront mus par l’émotion, le ressenti et l’impression, le populisme, sous toutes ses formes aura de beaux jours devant lui en Tunisie. L’acte de vote, ou toute participation au débat public à travers les réseaux ou à travers une manifestation, sont régis et motivés par des émotions comme la colère ou la joie, mais bien trop rarement par de l’objectivité ou du pragmatisme.

Ce climat n’est pas du tout propice à la réflexion et surtout à la nuance. S’il y a une constante à retenir depuis la révolution jusqu’à aujourd’hui, c’est bien la bipolarisation. On aura beau expliquer et argumenter, il faudra toujours, aux yeux de cette opinion publique, se placer pour ou contre. Par conséquent, il faut se placer pour ou contre les décisions du président de la République, Kaïs Saïed.

 

D’un côté, il y a des aficionados extrêmement bruyants qui sont dévoués corps et âme au chef de l’Etat et à ses décisions pêle-mêle. Peu importe si beaucoup d’entre eux avaient voté en faveur de son concurrent Nabil Karoui en 2019. Ils ne s’embarrassent pas de cohérence car les mêmes trouvaient que Kaïs Saïed était un danger pour l’Etat tunisien, si jamais il accédait à la magistrature suprême. Ceux-là considèrent aujourd’hui que s’opposer aux décisions de Kaïs Saïed prises le 25 juillet et le 22 septembre, critiquer l’absence de gouvernement ou encore tirer la sonnette d’alarme économique équivaut à soutenir Ennahdha et l’islam politique. Oser la moindre critique envers le président de la République est considéré comme une expression d’appartenance et de sympathie au mouvement Ennahdha. Des personnalités politiques de l’envergure de Hamma Hammami ou de Ahmed Néjib Chebbi ont été logés à cette enseigne. Il est vrai qu’ils ne représentent plus de force politique pesante sur la scène, mais ce sont des hommes de principe qui ont le droit de s’exprimer librement sans être insultés ni diffamés.

De l’autre côté, il y a Ennahdha, principalement. Leurs soutiens et leurs membres tentent d’installer et d’entretenir un amalgame consistant à dire que Ennahdha est la démocratie. Par conséquent, être favorable aux décisions du président de la République signifie être contre le parti islamiste et donc contre la démocratie. Toute personne qui soutiendrait le président de la République est immédiatement délestée de tout élan démocratique et considérée, non plus comme un citoyen, mais comme un sujet de sa majesté le roi Saïed. Il faut dire qu’ils en font des tonnes pour se draper d’une vertu démocratique qui fait d’eux des défenseurs invétérés des libertés et des droits. La réalité est bien différente. Au sein d’Ennahdha, la démocratie n’a jamais été prioritaire, ni dans l’exercice interne ni dans les agissements extérieurs. La gestion par Rached Ghannouchi du bureau de l’assemblée est tout sauf démocratique. La direction des conflits internes au sein du parti islamiste a été tellement fallacieuse, tellement mensongère et si despotique qu’elle a poussé 131 leaders historiques à claquer la porte. Quand on fait la promotion du chef d’un gouvernement censé être composé de compétences indépendantes pour ensuite lui tordre le bras pour en faire un gouvernement politique, on ne peut considérer cela comme un exercice sain de la démocratie. Quand on ment effrontément à ses électeurs, juste pour avoir le pouvoir, cela ne s’appelle pas démocratie.

 

Pourtant, il existe une minorité, perdue dans le brouhaha que provoquent ces deux clans qui se livrent une véritable guerre. Cette minorité est favorable aux décisions prises par le président de la République le 25 juillet, car il n’était pas envisageable de continuer avec une scène politique totalement fragmentée qui vit de ses propres conflits. Mais en même temps, cette minorité est contre l’hégémonie instituée par le décret 117 du 22 septembre. Cette minorité est hostile à Ennahdha et à l’islam politique, mais estime que remettre injustement ses représentants en prison ou s’attaquer à un parti avec les outils de l’Etat, juste parce qu’il est devenu opposant, n’est pas la bonne manière de faire. Cette minorité a constaté, comme tout le monde, le piètre niveau présenté par le parement et à quel point il est devenu anxiogène et inefficace, mais elle estime qu’il faut faire la part des choses et ne pas mettre la totalité des députés dans le même sac parce qu’il y en a qui travaillent et qui ont dénoncé cela depuis le premier jour. Cette minorité dit que la version du parlement donnée par les élections de 2019 est certainement la pire qu’ait connu la Tunisie, mais cela n’est pas une raison pour qu’il n’y ait plus de parlement du tout.

Ces nuances sont enfoncées sous le flot continu d’injures et d’insultes que s’échangent les représentants des deux camps. Les rangs du président de la République se sont fournis par tous les vendus et les traitres qui lèchent les bottes de celui qui est debout et qui n’ont aucun scrupule à tordre la réalité et à mentir. De l’autre côté, les nahdhaouis pur jus font les saintes nitouches démocratiques et voient des complots partout dans un délire pathétique. Leur point commun est le fait de refuser de réfléchir. L’amalgame, l’idée reçue et le raccourci sont les meilleurs moyens pour éviter de réfléchir et aller au fond des choses. Pourtant, c’est dans le fond que se trouve la nuance, et donc l’équilibre.

Par Marouen Achouri
29/09/2021 | 16:59
4 min
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Commentaires
pit
Article bateau et confus
a posté le 04-10-2021 à 07:55
Hamma Hammami "homme de principe' !?!
Un communiste qui a des relations incestueuses avec un parti islamiste, ne peut, en aucun cas, être un 'homme de principe" M. Achouri ... quant au Chebbi, il ne vaut guère mieux.
Tous ne sont que des POLICARDS OPPORTUNISTES, INCAPABLES ET CUPIDES ! S'ils avaient la moindre envergure nous n'en serions pas là ! Le peuple a tranché, ce ne sera pas pire sans ces guignols qui ont prouvé mille fois leur inaptitude à la politique et à la gestion d'un pays. A bon entendeur!
zozo Zohra
Monsieur Marouen
a posté le 30-09-2021 à 14:38
Bi jahrabi !!! Qui avait donné ce résultat dont vous parliez ce n'est pas ce paysage politique désespérant et pourri, ce n'est pas cet environnement politique pourri.
Et vous reprocher au peuple de s'accrocher à un homme honnête qui a osé mettre un terme a ce paysage archaïque de ces débutés moyenâgeux qui étaient habités par la haine. Ils n'avaient jamais travaillé le peuple.

DONC SVP MESSIEURS LES JOURNALISTES ESSAYIEZ DE TRAVAILLER DANS LE SENS DE L'INT'?R'?T DU PEUPLE. MERCI
bechir
pourquoi les pertes ?
a posté le 29-09-2021 à 19:11
Je félicite l'autre pour ses idées fortes concernant notre manière de pensée.

Toutefois, je pense qu'il est modéré dans sa critique.

En effet, c'est plus qu'une question de nuances. On pourrait passer outre certaines nuances. Mais on ne peut pas se passer de comprendre l'essentiel.

Mais, la façon de penser fort réductrice risque d'oublier des aspects essentiels du problème ou de l'objectif.

Par exemple, la désignation de Mme Bouden Romdhane comme chargée de formation du nouveau gouvernement a presque été réduite à une question de genre et de première dans les pays arabes.

Pour revenir aux pertes, nous somme en perte de vitesse, de raison, de logique, de valeurs, de ressources, d'investissements, d'emplois, de compétences et la liste n'en finit pas.

Je ne manque pas de souligner, la perte de respect , les uns envers les autres et en particulier envers les symboles de l'Etat, ce qui ne peut conduire qu'à l'anarchie et au renforcement de la perte de nuances objet de l'article.

Les sfaxiens, disent "lein il khassara" ; pensons comme eux pour redresser la situation.

takilas
Avez-vous remarqué ?
a posté le 29-09-2021 à 17:56
Combien de rapatriés jihadistes venus de Syrie se promènent quotidiennement à Tunis, et ce dans des véhicules neufs ?
Ces jeunes sont bien habillés et regardent les gens avec dédain, quoiqu'ils leurs regards hagards dénotent d'un comportement bizarre et désordonné.
Cependant, comment sont-ils parvenus à obtenir un recrutement ? pour la forme, dans la fonction publique en guise, certainement, de récompense de la part de nahdha leurs envoyées en Syrie.
Zarbout
@Monsieur Achouri: C´est la faute à l´école tunisienne !
a posté le 29-09-2021 à 17:54
La lecture de Ibn Khaldoun (Iâalam !) ou celle de Hegel (thèse, antithèse et synthèse) ont fait toujours défaut.
zozo Zohra
Monsieur Marouen
a posté le 29-09-2021 à 16:51
Soyez honnêtes SVP
Ils ont eu leur chance pendant 10 longues années.
C'est le tour KS, ils étaient des incapables, laissez lui le temps de faire ses preuves, on verra qui gagnerait le pari. SVP arrêtez de parler de populisme.

Le peuple veut des résultats, laissez le temps au temps.

Avez-vous oublié toute l'histoire depuis 10 ans, le peuple nageait dans le bonheur ? C'était donc ça.

Je vous le répète, criez, hurlez, exprimez votre douleur, comme le peuple l'avait fait, mais épargnez nous une guerre civile c'est tout ce qu'on demande.
Fares
@Zohra
a posté le à 19:34
Bonjour Zohra,

Si j'ai bien compris, l'objectif de l'article n'est pas de dénigrer Saïd, mais de déplorer l'attitude et l'étroitesse d'esprit de certains (ou beaucoup) de ses supporters ainsi que l'étroitesse d'esprit des supporters des islamistes. Une étroitesse d'esprit qui se traduit le plus souvent par un recours aux insultes, lorsque les uns, comme les autres sont à court d'arguments. Cette violence verbale n'augure rien de bon.

Personnellement, je fais partie de la troisième catégorie pro 25 juillet et anti 22 septembre. Mais, comme vous dites il le faut laisser KS et sa nouvelle CDG travailler pendant deux ou trois mois et voir ce que ça donne. On n' espère pas résoudre les problèmes du pays en 3 mois, mais au moins on devrait voir du progrès et quelques petites réalisations.

Ce que je déplore aussi c'est ce dbendir qu'on croyait mort un 7 Novembre 1987. Des chaînes YouTube de propagande à deux sous avec des vidéos genre: Grâce à Kais Saïd les agent de la douane ont confisqué..., Grâce à Kais Saïd on a pu retrouver le chat de la mère Michelle...
zozo Zohra
FARES
a posté le à 20:39
Bonsoir,

Merci de m'avoir lu d'abord
Personnellement, je ne suis pas pour l'adoration d'aucune personne. J'ai horreur du culte de la personnalité, c'était la seule chose que je pouvais reprocher à Bourguiba Allah yarhmou.
Parcontre, il faudrait absolument donner sa chance à KS et ce gouvernement, au minimum 1 année pour faire ses preuves, vous savez le chantier colossal. Impossible de faire quoi que ce soit en 2 ou 3 mois. En écartant tous ces charognards et tous arrivistes certaine qu'on aurait un bon résultat. On ne manque pas de compétences mais qu'on leurs foutent la paix plus de tiraillement politiques et le résultat est assurée.

Espérant, qu'ils auront pas des coups fourrés, qu'ils les laissent travailler en paix, j'en doute fort.

On doit penser et positiver très fort à la réussite.
Inchallah

Bonne soirée



MOKNI Taoufik
Article de Marouen Achouri
a posté le à 11:18
Tout à fait d'accord
RASPOUTINE
@MAROUEN ACHOURI
a posté le 29-09-2021 à 16:25
a qui tu parles ? kharref ya eli tekharref :):).

ce peuple ne mérite pas ce que vous avancez'?'?'.. ils méritent HITLER w chouya.

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