
Après une visite inopinée au ministère des Finances, le président de la République a décidé, tard la nuit, de limoger Sihem Nemsia pour la remplacer par Mechket Slama. En remplaçant une ministre qui a atteint ses objectifs par une autre néophyte qui n’a pas rempli les siens, il est à craindre que la situation du ministère des Finances et des finances tunisiennes aille de mal en pis.
La ministre des Finances Sihem Nemsia détient, avec son homologue de la Justice Leïla Jaffel, le record de longévité à la tête d’un ministère. Elle a fini par être limogée, à son tour, comme des dizaines d’autres ministres avant elle qui se sont donnés à fond pour satisfaire un Kaïs Saïed jamais satisfait.
Depuis la nomination de Mme Nemsia en octobre 2021, la situation du ministère des Finances et des finances tunisiennes en général s’est bien détériorée. Le climat au sein du département est des plus nauséabonds et plusieurs directeurs ont perdu toute envie de travailler et d’être promus. On ne compte plus le nombre de fois où les directeurs refusent des nominations insidieuses à des postes de responsabilité supérieurs, de crainte d’être exposés à des poursuites judiciaires injustes. Le choc de l’arrestation en février 2024 de Moncef Akremi est encore dans les mémoires. Ce directeur de la Direction des grandes entreprises bénéficie d’une excellente réputation auprès des agents du ministère et est reconnu pour sa grande efficacité, et on ne comprend pas comment il a pu être traîné si injustement, alors qu’il n’a fait que son travail coutumier.
Sihem Nemsia a asphyxié les finances et alourdi la dette
Au-delà de l’ambiance au ministère, ce sont les finances publiques qui ont le plus pâti durant la période de Sihem Nemsia. L’endettement s’est envolé, atteignant des niveaux record, la fiscalité est devenue si lourde que le climat d’investissement est devenu délétère, n’encourageant plus les chefs d’entreprise et les promoteurs à investir. Les banques tunisiennes ont été asséchées par les emprunts de l’État et ne peuvent plus, du coup, financer l’économie, les budgets d’investissement sont au plus bas dans l’ensemble des ministères.
Sous Sihem Nemsia, la Tunisie s’est retrouvée dégradée à plusieurs reprises par les agences de notation internationales, atteignant des niveaux quasi spéculatifs. Conséquence directe de cela, la ministre s’est retrouvée dans l’obligation d’emprunter à des taux d’intérêts élevés, auprès de banques internationales usurières, le tout pour financer le budget et les dépenses faramineuses de l’État. Mme Nemsia a hypothéqué l’avenir de nos enfants, en leur mettant sur le dos des milliards de dinars de dettes, juste pour financer ce train de vie de cigale.
Kaïs Saïed : un chef d'orchestre sans partition économique
Pour l’Histoire, Sihem Nemsia est comptable de tous ces résultats négatifs et de la dégradation des principaux indicateurs du pays. Entièrement responsable de la situation, Mme Nemsia n’est cependant pas coupable. À sa décharge, les objectifs fixés par sa hiérarchie, ou plutôt par le président de la République.
La ministre a conduit les finances du pays avec des œillères n’ayant que deux, et uniquement deux, objectifs, à savoir : payer les salaires des fonctionnaires et honorer les échéances des crédits internationaux. En se limitant à ces deux objectifs, Sihem Nemsia a indéniablement bien réussi sa mission. Kaïs Saïed ne lui a pas demandé autre chose et, comme une soldate disciplinée, elle s’est attelée à satisfaire son chef.
Elle ne peut rien faire quand ce chef mène une politique de cigale qui consomme bien davantage de ce qu’il produit. Le dernier mauvais coup de Kaïs Saïed (ou plutôt l’avant-dernier), c’est lorsqu’il a ordonné d’intégrer d’une traite, en janvier dernier, 14.266 enseignants suppléants, dont le dossier traîne depuis 17 ans.
Un frein aux réformes
Dans sa politique sociale, presque communiste, Kaïs Saïed est à la gauche de la gauche. Il refuse la privatisation des entreprises publiques, il refuse d’entendre parler de licenciement des fonctionnaires, il crée de nouvelles institutions publiques, il refuse l’économie ouverte et le libéralisme, il insuffle un climat de terreur dans le milieu des affaires et il ne cesse d’alourdir la fonction publique par de nouveaux recrutements et les finances publiques par de nouvelles dépenses.
Sihem Nemsia a beau dire que les caisses sont vides et que l’État ne peut plus supporter autant de dépenses, Kaïs Saïed reste droit dans ses bottes, refusant toute réforme profonde et douloureuse de la machine. Diplômée du cycle supérieur de l’ENA depuis 1991, Mme Nemsia, de son nom complet Sihem Nemsia Boughdiri, a passé plus de 32 ans au ministère des Finances. C’est dire qu’elle connaît très bien son département et son sujet. Elle a beau être qualifiée pour le poste, elle se trouve pieds et mains liés face à un président anachronique qui comprend très peu de choses aux finances et à l’économie. Dès lors, elle ne pouvait que se fixer sur l’essentiel de l’essentiel : payer les salaires et honorer les dettes.
En la limogeant sans ménagement, Kaïs Saïed perd une soldate disciplinée et loyale qui a atteint les objectifs qu’il lui a fixés. Le président a choisi d’humilier sa soldate en s’introduisant dans son bureau avec un caméra qui filme et en mettant en scène sa déroute. La vidéo a été partagée sur la page de la présidence de la République après l’annonce de son limogeage, appuyant encore plus l’aspect humiliant.
Mechket Slama : un pari risqué pour les finances tunisiennes
La situation du ministère des Finances et des finances tunisiennes connaîtrait-elle un souffle nouveau avec sa successeure Mechket Slama, de son nom complet Mechket Slama Khaldi ? Le doute est permis au vu de sa biographie et de sa dernière mission.
Mme Slama est magistrate de troisième grade (le plus élevé) avec une formation littéraire et de droit. Son parcours académique n’a abordé, à aucun moment, les finances et l’économie. C’est un monde qui lui est totalement inconnu et, logiquement, on ne peut d’aucune manière diriger brillamment un département si complexe et si technique. De par sa nature, le poste exige un technocrate et non un politique.
La dernière mission de Mme Slama était de diriger la Commission nationale de conciliation pénale. Poste où elle a été nommée en janvier 2024 et, depuis, cette commission a brillé par son échec. Un an après, la commission (comme sa précédente d’ailleurs) n’a rien ramené à l’État. Pire, les hommes d’affaires supposés trouver un terrain d’entente avec cette commission sont soit en prison, soit en attente.
Sur quelle base et pourquoi Kaïs Saïed nomme-t-il une néophyte qui a échoué ? Seul lui a la réponse.
Finances publiques : un horizon assombri par des choix discutables
Quand il l’a créée en 2022, le président de la République tablait sur quelque 13,5 milliards de dinars de recettes de cette commission. Près de trois ans après, il n’a obtenu que des pacotilles.
Durant sa visite hier au ministère des Finances, au ministère des Domaines de l’État et à la présidence du gouvernement, Kaïs Saïed semblait encore convaincu que le rapport d’Abdelfattah Amor représente la vérité absolue et qu’il est possible d’obtenir encore les milliards de dinars, prétendument dérobés par de méchants voleurs. Il était remonté que les dossiers de confiscation traînent depuis quatorze ans.
Or le rapport sur lequel il s’est basé pour estimer les 13,5 milliards est truffé d’intox, d’approximations et de raccourcis. Kaïs Saïed, hier, était également remonté que les hommes d’affaires concernés par la conciliation ne lui ont proposé que des milliers de dinars, alors qu’il s’attendait (et exigeait) des milliards. Il refuse de comprendre que ces gens sont convaincus de leur bon droit et qu’ils ont prouvé, devant les juges, qu’ils n’ont pas volé tout cet argent dont parle Kaïs Saïed.
Un pari périlleux pour l’avenir
En nommant Mechket Slama aux Finances, Kaïs Saïed croit qu’il va résoudre le problème de confiscation et de restitution de biens prétendument dérobés. Il est convaincu que le droit peut résoudre le problème des finances.
Il n’en sera rien, disons-le tout de suite. En bonne magistrate (CQFD), la nouvelle ministre peut réussir une seule et unique chose : dire au président de la République que les montants dont il parle sont des chimères, que les hommes d’affaires prétendument voleurs ne pèsent pas autant d’argent. Au mieux, elle réussira à le convaincre de réduire les dépenses publiques et de produire plus pour gagner plus.
En termes de finances, faute de formation et d’expérience préalable, Mechket Slama n’apportera aucun souffle nouveau. Elle ne connaît tout simplement pas son sujet.
Outre ce déficit académique et professionnel, la nouvelle ministre va devoir composer avec un département très technique composé de professionnels de la finance publique. Les directeurs du ministère sont hautement qualifiés et ils auront du mal à travailler avec quelqu’un qui ne comprend pas leur travail, leur jargon et leurs équilibres. Idem en ce qui concerne la douane, encore plus complexe.
Kaïs Saïed a plombé les finances publiques, déjà plombées par la décennie des islamistes. Avec cette nomination, la situation risque de s’empirer davantage. Parions dès maintenant que la nouvelle ministre sera appelée à d’autres fonctions dans pas longtemps. C’est toujours sur le tard que Kaïs Saïed s’aperçoit de ses mauvais castings. À une exception près, celle de Mme Jaffel, tous les ministres qu’il a nommés depuis 2021 ont été limogés en de courts délais. Il lui est même arrivé de ne garder un chef de gouvernement que douze mois.
Raouf Ben Hédi
Toute une merdolution pour ça?
finalement avec Ben Ali le pays savait où il allait avec des moyens et un climat économique autrement plus reluisant et rassurant personne à part les inconditionnels de ce président pas à sa place et du Gourou et de sa secte maléfique ne pourra dire le contraire
FREEbnn! ABIR MOUSSI
Le ministère des finances par exemple a plus de 5000 personnes compétentes et diplômées, c'est une bureaucratie bien rodée avec des compétences qui possèdent une grande expérience dans le domaine.
Un ministre peut améliorer le rendement d'un ministère comme ce fut le cas de Nizar Yaiche qui a occupé le poste de ministre pour un plus d'un an.
Le ministère est en train de suivre la feuille de route tracée par Nizar, les grandes initiatives sont encore la numerisation, un système de fiscalité plus équitable... D'après le rapport de la banque mondiale, le ministère réalise du progrès dans ce domaine (voir: Tunisia's Economic Growth and Prospects for its Tax System). Donc on n'a pas a s'inquiéter. Les ministres dont la formation est dans la bureaucratie n'aiment pas prendre des initiatives ou proposer de nouveaux programmes. Ils/elles suivent les procédures bien établies. Sihem Nemsia a bien accompli sa tache et elle mérite une retraite bien dorée, une retraite de ministre, c'était une des meilleurs ministres de la dernière décennie. Son plus grand exploit est la reduction de la dette externe et son remplacement par une dette interne. Reussir a financer un pays comme la Tunisie est des taches les plus complexes.
Les grands journaux financiers qui ont commenté l'affaire comme Barron's ont conclu que rien ne va changer puisque la marge de maoeuvre est nulle.
Le futur du pays est excellent si l'on sait saisir les opportunités qui se présentent.
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en effet, il n'y a aucune preuve évidente que certains de nos hommes d'affaires étaient des corrompus /voleurs (même s'ils l'étaient). Par contre, c'est ailleurs que l'on pourrait trouver les 13 milliards de dinars dont a besoin la Tunisie socio-économique en 2025.--> Question: Où trouver les 13 Milliards de dinars dont la survie de la Tunisie socio-économique en dépend en 2025? Réponse: oui, vous l'avez bien deviné--> il est temps de rouvrir les dossiers des créances irrécouvrables / douteuses de notre système bancaire et de prier les débiteurs de rembourser leur dettes envers notre système bancaire. Il s'agit d'au moins 13 milliards de dinars. ET ceci se ne sont pas de faux soupçons ou des accusations vides, non ce sont plutôt des faits: En effet, on sait qui a pris quoi et combien et s'il serait capable de rembourser ses dettes de créances irrécouvrables / douteuses . voir le lien *** de Business News TN du 12 Août 2023
Je m'explique:
- a) un fait: nous avons actuellement un total national autour de 13 milliards de TND de créances douteuses dont approximativement 53% du coté des banques privées et de 47% de ceux des banques publiques. --> voir le lien web *** de Business News TN du 12 Août 2023
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je me demande ainsi, pourquoi ne pas rouvrir les dossiers des créances irrécouvrables / douteuses de notre système bancaire et de prier les débiteurs de rembourser leurs dettes envers notre système bancaire. Il s'agit d'au moins 13 milliards de TND?
- b) un fait: Le secteur touristique tunisien est en particulier à l'origine des créances irrécouvrables / douteuses de notre système bancaire et ceci est entre autres un héritage du temps de la dictature.
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je n'ai pas les chiffres récents , 50% des créances douteuses de la STB, le 1/3 des créances douteuses de la BNA et le 1/4 des créances douteuses de la BH sont dans le domaine touristique! Et on n'a absolument rien fait entre 2011-2021 afin de récupérer ces milliards de DNT. C'était même le contraire, on injectait des milliards d'euros dans un système bancaire en faillite alors qu'il aurait fallu confisquer d'abord les hôtels de ceux qui ne voulaient/veulent pas rembourser leurs dettes et de les vendre (les hôtels) à l'internationale. C'est ainsi que ça fonctionne en Allemagne, contrairement à la Tunisie où on a socialisé les pertes et privatisé les gains:)
c) un fait: en Tunisie, le un taux de créances classées par rapport aux engagements de crédit oscille entre 13,5% et 18% avec des taux extrêmes périodiques de plus de 20%, comme en 2014. --> Comment se fait-il qu'après la recapitalisation de nos banques de 2014-2015 (financé par le budget de l'Etat tunisien et l'argent de l'endettement) le niveau de dettes classées revienne à son niveau le plus haut en 4 ans?
d) en 2023, sur un total national d'environ 13 milliards de TND de créances classées 47,5% sont dans le secteur bancaire public, et 53% dans le secteur privé.
Fazit:
f1) au juste, on sait qui a pris quoi et combien... L'examen des étapes de la vie d'une créance irrécouvrable / douteuse détermine sa biographie. --> il faut tout simplement exiger des débiteurs de rembourser leur dettes de créances douteuses envers notre système bancaire, sinon il faudrait confisquer leurs biens (très souvent des hôtels et des biens immobiliers),
f2) si on rouvrait toutes les créances douteuses en sommeil / classées depuis le temps de la dictature de Ben Ali, on serait à une somme cumulative de quelques centaines de milliards de TND.
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
PS:
- notre BCT est / était incapable de mettre en oeuvre une gestion plus rigoureuse de sa politique de prêts: l'étude de la demande et du demandeur, l'analyse des risques, la formulation de garanties, l'octroi et le suivi du crédit, puis le remboursement, le provisionnement, et le recouvrement. --> Le processus d'obtention de crédits en Tunisie ne présente que dans les apparences une certaine conformité mais dont les modalités réelles s'en éloignent.--> Notre système bancaire concentre la prise de risque sur les garanties patrimoniales ou personnelles et non pas sur la viabilité réelle du projet et sa capacité de remboursement (à l'image de nos récentes entreprises communautaires). --> une surestimation des garanties et des hypothèques. Et en cas de difficulté majeure, notre BCT fournit la liquidité afin d'éviter le risque de la mise en faillite de certaines de nos banques'?'
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Et ainsi, on se trouve dans une boucle (loop/répétition) infinie: excès de créances douteuses pour les raisons que j'ai cités ci-dessus, et leur extinction/anéantissement réalisé(e) par une injection d'argent frais (planche à billets ) de notre banque centrale, ou par recapitalisation en injectant de l'argent public ou encore une mise en sommeil'?'
PS : Salamli 3ala sa7bek ChatGpt ; ta3abtou rak !
l'amateurisme en matière de gestion de l'Etat ne peut conduire qu'au désastre.
Le pays est à l'arrêt
Rabbi ykader el khir
A sa place, je me serais inventé une maladie! Et j'aurais décliné l'offre.
Ils sont nombreux, la plupart vivent ailleurs, et malgré leur engagement au boulot ils ne ratent aucun article où Kaissoune est critiquable.
De vrais pro !
Voilà où mène le populisme...toute personne compétente refuse de prendre part à cette mascarade
- qu un president ne comprenne rien a l economie n est pas nouveau dans le monde , mitterand etait nul , les rois de france pareil et pourtant ils ont trouvé leur colbert mazarin Richelieu , du coté americain ce fut pareil et du coté chinois Deng c etait ecarté du mao meme si mao avait raison sur les faits economie argent nourriture ( la course au gaspillage ...ce que KS ne fait pas en bon communiste )... Le pb est de trouver des hommes capables d expliquer aux dirigeants qu ils ont tord ce que Sihem a echoué .
- vous considérez que Sihem a fait du bon boulot au vue d une feuillle de route communiste, moi je considère que si on aime son pays et qu on est incapable d expliquer au president qu il est necessaire de faire le tournant de la rigueur comme mitterznd et bien d autres ont fait , on est coupable . Elle aurait dû démissionner histoire de garder son honneur et de faire prendre conscience que les 2 gestions sont antagonistes.
La nouvelle ne restera pas je suis d accord dessus