
Les travaux du 10ème congrès d’Ennahdha vont bon train. Après une cérémonie d’ouverture grandiose où le mouvement nous a gratifiés d’une démonstration de force des plus spectaculaire, les congressistes sont entrés dans le vif du sujet. A Radès, ou s’est tenue l’ouverture, on nous présentait la vitrine d’un parti puissant, respecté et uni. A Hammamet, on passe aux choses sérieuses, avec les discussions et les votes de plusieurs décisions et motions. Certains dirigeants du parti parlent d’un congrès « du tournant, du renouvellement ». Le point et les dessous de ce congrès qui fera sûrement date…
Après l’élection de Ali Laârayedh président du congrès, avec une forte majorité, dans la soirée de vendredi, les travaux ont démarré samedi avec la désignation de son bureau et la discussion, point par point, de l’ordre du jour. Les congressistes se penchent entre autres, sur les rapports moral et financier et un certain nombre de motions : l’évaluation du parcours, le choix stratégique, la vision politique, la motion économique et sociale ou encore la motion structurelle. Au cours des travaux, les participants sont amenés à discuter de propositions d’amendement du règlement intérieur et finalement à élire le bureau exécutif, les membres du Conseil de la Choura et le président du parti.
Tard dans la soirée de samedi, les congressistes ont adopté plusieurs motions. Outre le rapport moral voté à 814 voix pour, 38 contre et 100 abstentions, les visions doctrinale et politique, le choix stratégique et les motions économique et sociales sont approuvées. Ce dimanche, le rapport financier est adopté à son tour et les participants examinent l’amendement de quelques articles du règlement intérieur en prévision de l’élection du président du mouvement.
Sur ce point, il semble qu’il y ait un consensus entre les nahdhaoui pour reconduire à ce poste, leur actuel chef, Rached Ghannouchi. Ajmi Lourimi avait affirmé que cette reconduction était fort probable, insistant sur le rôle joué par Ghannouchi à la tete du parti, mais également sur le plan national. Un rôle d’une importance cruciale. Il va même jusqu’à dire que si Rached Ghannouchi ne manifestait pas sa disposition à présenter sa candidature, les congressistes le pousseront, voire l’obligeront à maintenir sa position. Ghannouchi candidat unique à sa propre succession ? Les bruits de couloirs disent qu’il existe des réticents. La raison, comme l’affirment les propos de Abdellatif Mekki, n’est autre que la proposition de l’adoption d’une nouvelle méthode pour la formation du bureau exécutif.
Ainsi, ce point fait l’objet de litiges au sein du parti. Les congressistes sont divisés quant à la formule de l’élection des membres du bureau exécutif. Certains proposent que les membres soient désignés par le président, alors que d’autres veulent que cela passe par des élections, « dans le but d’installer la pratique démocratique au sein du parti ». D’après Mekki cet état de fait nécessite une élection et non une désignation par le président, en l’occurrence Rached Ghannouchi…
Dans ce contexte, des discussions houleuses ont eu lieu, en cette dernière journée du congrès entre le clan de Ghannouchi, d’un côté, et celui de Abdellatif Mekki et Abdelhamid Jelassi, de l’autre, sur le devenir du Conseil de la Choura. Les derniers insistant sur la nécessité de maintenir le Conseil en tant que structure consultative…
Dans ce même ordre d’idée qui n’a pas remarqué l’absence depuis vendredi, des deux dirigeants Ameur Laârayedh et Samir Dilou. Ennahdha n’a pas la réputation d’un parti qui étale son linge sale au grand public. On essaye donc de tempérer. Oussama Sghaier, porte-parole du congrès nie qu’il y ait boycott des travaux par les deux leaders, mais avoue tout de même qu’ils s’opposent à certains points inclus dans les motions, notamment politique et doctrinale. Cela confirme l’existence de problèmes de taille au sein du parti. Les différends n’ont donc pas tardé à éclater au grand jour. La pomme de discorde, ou les pommes de discorde sont nombreuses, à commencer par le destin du Conseil de la Choura ou le mode d’élection du bureau exécutif. Cependant, n’oublions pas le virage stratégique qu’Ennahdha s’est attelé à opérer ou la question de la séparation de l’action politique de celle de la prédication. Certains ne voient pas d’un bon œil cette nouvelle orientation. Se séparer de l’islam politique, l’identité même sur laquelle est fondé le parti, n’est pas chose facile à accepter. Et c’est là tout l’enjeu de ce congrès. Pourtant, les dirigeants tempèrent cette séparation, en parlant de « spécialisation en politique ». Une séparation qui ne sera pas totale parce qu’Ennahdha « soutiendra des organisations de la société civile pour maintenir la pensée islamique modérée en Tunisie ». Il faut dire que ceux du parti qui choisiront la prédication, ne perdront pas pour autant leur adhésion, mais s’éloigneront de l’activisme politique. Astucieux tour de passe-passe… Cela étant dit la pilule ne passe pas pour certains membres.
Un autre point de discorde a opposé les congressistes d’Ennahdha. Celui de l’ouverture des adhésions. En effet, pas n’importe qui peut adhérer au mouvement. Il existe une condition voulant qu’un nouveau venu se doit d’être parrainé par au moins trois anciens membres, pour voir son adhésion acceptée. Les réserves émises par les congressistes sont la possibilité que le mouvement soit infiltré ou qu’il ne perde peu à peu de son identité.
Pour Habib Ellouze, il s’agit d’une bonne initiative, mais il n’est bien évidemment pas question d’accepter des personnes qui badinent avec la religion, des drogués ou des consommateurs d’alcool. Il faudrait préserver la « pureté » d’Ennahdha.
Des points de discordes, des discussions houleuses, des boycotts, une organisation rigoureuse, des votes effectués dans la transparence et à l’aide des technologies de dernier cri, de la discipline, de l’animation. Tant et tant de termes pourraient marquer ce 10ème congrès d’Ennahdha, lancé vendredi en grande pompe, et qui finira dimanche, probablement tard dans la soirée, par l’élection du président du mouvement.
Ikhlas Latif

Commentaires (9)
Commenter@BN
@A4
On espère que Dieu nous epargnera le plus tôt possible de ces renegats.
@Kameleon78
@A4
Tout ça pour ça. Beaucoup de yoyo et pas de couscous
"préserver la pureté d'Ennahdha "
Mensonges
Agressions par l'acide
Egoisme
Discrimination
Intolerance
et la liste est longue!!!!
GOD BLESS TUNISIA
GOD BLESS TUNISIAN