Pourparlers, blocage, accusations mutuelles, campagnes orientées sur les réseaux sociaux, re-pourparlers, re-blocage, marches de protestation, sit-in … un bras de fer qui n’en finit pas. C’est ainsi que se présente la situation dans l’enseignement secondaire depuis plusieurs mois. La crise entre le puissant syndicat et le ministère de tutelle n’a au final qu’un seul dommage collatéral : l’élève tunisien.
Le feuilleton s’est transformé en saga, tant les rebondissements à répétition ont captivé l’opinion publique. La confrontation directe entre le syndicat des enseignants, à leur tête leur intransigeant secrétaire général Lassad Yakoubi, et le ministère de l’Education, est arrivée à tel point qu’on évoque désormais une année blanche. La menace se concrétise puisque les élèves n’ont pas passé les examens du premier trimestre et pour le deuxième, il en sera de même.
Les parents ne décolèrent pas. Après tout, il s’agit ni plus, ni moins de l’avenir de leurs enfants qui est aujourd’hui en jeu. C’est ainsi que des marches de protestations ont eu lieu dans tout le pays, condamnant les agissements des enseignants qui font fi de l’intérêt des élèves au profit de considérations purement pécuniaires.
D’ailleurs, une nouvelle manifestation sera organisée vendredi à l’avenue Habib Bourguiba. Les parents estiment, qu’au point où on en est, la crise revêt un caractère national. Membre de la coordination Parents en Colère, Ahmed Ben Hassana, ne mâche pas ses mots. Cette coordination appelle le ministère public à intervenir rapidement pour résoudre la crise de l’enseignement.
« Ce qui se passe est un crime. Lassad Yakoubi aurait dû être en prison depuis 5 ans ! Lassâad Yaâcoubi et sa bande assument la responsabilité de la dégradation du niveau des élèves et de la délinquance de certains d’entre eux ! », s’était-il exclamé en réaction au blocage des négociations.
Pas moins de 1500 plaintes ont été déposées par des parents contre le syndicat des enseignants, et certains d’entre eux sont prêts à tout pour défendre le droit de leurs enfants, quitte à aller jusqu’à internationaliser l’affaire. Ces parents, il faut le dire, ne contestent pas le droit des enseignants à observer une grève. Ils estiment cependant que ce qui se passe actuellement dépasse le stade de grève et ne pourrait être qualifié que de prise d’otage. Un état de faits passible de 8 mois de prison.
Rien ne va plus entre les enseignants et une grande majorité des parents d’élèves. Des parents qui ont misé sur l’enseignement public, fleuron parmi les fleurons de la Tunisie moderne. Un acquis en plein effritement. Tel un château de cartes, le système s’effondre et laisse apparaitre des décennies de négligence, de mauvais choix, de marginalisation. Un système éducatif à bout de souffle et on oublie bien souvent qu’indépendamment de la manière, l’une des premières revendications des enseignants est la réforme profonde du système.
Le ministre de l’Education, Hatem Ben Salem s’est dit sous le choc à l’issue de l’échec des négociations avec Lassad Yakoubi et Cie. Suite à la réunion, on a eu droit à un ministre hébété. Hatem Ben Salem n’en revenait pas de ce qui s’était passé lors de la séance. Il a fait état d’une tentative violente d’intrusion au siège du ministère et de son bureau, un quart d’heure avant le début de la séance. Un fait démenti par Lassaâd Yaâcoubi affirmant que les syndicalistes voulaient juste hisser le drapeau de la Tunisie ! La riposte du département n’a pas attendu, avec la diffusion de la vidéo de l’intrusion.
Après ces nouvelles péripéties, Hatem Ben Salem a haussé le ton, affirmant que si la situation de blocage se poursuivait, il allait recourir à la loi. Une situation inédite qui a fortement retourné une grande partie de l’opinion publique contre les enseignants.
Mais faudrait-il le soulever, il est du devoir du gouvernement de trouver une solution le plus rapidement possible à cette crise qui s’éternise. C’est à l’Etat que revient la responsabilité de la dégradation du système éducatif, de la décrépitude de nos écoles publiques et des politiques éducatives mises en place. C’est à l’Etat et à lui seul de garantir un minimum de dignité à des enseignants qui travaillent dans des conditions le plus souvent dramatiques. Les méthodes choc et musclées du syndicat ont jeté le discrédit sur des revendications pour la plupart légitimes. En prenant en otage l’avenir de centaines de milliers d’élèves, ils n’ont fait qu’aggraver la situation et nous détourner de l’essentiel.
« L’élève est le seul à payer le prix de l’échec des négociation qui ne s’arrête pas à la perte de temps ou au fait de ne pas passer d’examen. Nous avons peur et nous refusons une année blanche ou le recours au passage automatique de classe ». Tel est le témoignage d’une élève du lycée El Emtiez de Sidi Hassine. Des témoignages pareils d’élèves exprimant une profonde inquiétude, des élèves complétement déboussolés se multiplient.
Entre temps, les efforts se poursuivent pour tenter de trouver une solution à la crise. Une réunion, qualifiée de celle de la dernière chance, s’est tenue au matin du 31 janvier 2019. Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi y était présent face aux ministres des Affaires sociales, de l’Education et de la Fonction publique ou encore le secrétaire général du gouvernement. Des visages tendus dénotant de la gravité de la situation.
Au point où on en est, le syndicat de l’enseignement secondaire maintient la ligne dure, ne lâche rien en poursuivant le boycott des examens. A coup d’apparitions médiatiques, de campagnes menées sur les réseaux sociaux, il ne cesse d’appeler ses affiliés à resserrer les rangs et à ne pas céder. De l’autre bord, on joue sur la corde sensible. Le département de l’Education se positionnant comme le défenseur des élèves, face à des enseignants irresponsables. La fracture est bien réelle et, en attendant une résolution de la crise, parents et élèves n’ont d’autres choix que d’investir les rues pour exprimer leur colère.
Ikhlas Latif
Commentaires (10)
CommenterPour un licenciement immédiat !!
Pour un licenciement immédiat !!
Tout est permis avec les syndicats
Commentaire
Prêcher dans le désert
On ne voit ceci dans aucune démocratie dans le monde , les dommages causés par ces chiens enragés qui se croient au dessus des lois mériteraient les sanctions les plus sévères .
la destruction de l'enseignement
Rappelons nous de ce qu'a dit Ahmed Chawki.
La Tunisie de l'indépendance a été bâtie sur l'éducation du peuple. D'autres pays tels que la Corée du Sud et Singapore nous ont dépassé grâce à cette approche et ont rejoint les pays développés.
Notre système en nécessité de réforme continue à produire d'un côté une élite qui s'oriente vers l'étranger et du côté opposé une masse de délinquants et de chômeurs.
A quand le réveil, les syndicalistes ne défendent-ils pas l'éducation et le travail?. Avec quel niveau les jeunes vont-ils prétendre à un emploi ?
Quant aux gouvernement, n'est -il pas aussi responsable de la crise et de la situation de notre enseignement. Pourtant, on nous parle de qualité.
L'autosatisfaction est l'ennemi du changement. Les Tunisiens y compris moi même ne changent pas facilement.
Entre yaacoubi et ben Salem la saga n'a que trop duree
Sauvages
Voilà maintenant que des professeurs arrivent à gagner 6000d et plus par mois sans rien déclarer au fisc grâce aux cours particuliers... pourquoi pas : l'Etat est faible et beaucoup de parents s'ave être des pigeons. Disons que l'intégrité n'a jamais été le point fort du Tunisien en général et beaucoup de professeurs suivent cette tendance générale.
Que faire ? Commencer par jeter Yaâcoubi au fond d'une cellule sans fenêtre pour le restant de sa vie et arrêter de payer les grévistes... ça c'est pour l'Etat. En ce qui concerne les parents, aller investir le local de ce syndicat voyou et jeter dehors la bande de malfrats qui y pullulent.
politique
malmenés particulièrement Neji Jalloul et Hatem Ben Salem
ou est la loi
qui a raison et qui a tord dans cette situation intenable
pour les eleves et les parents
la justice doit faire son travail et appliquer la loi et tres vite
le probleme a depasser les negociation