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Tribunes
La crise du parti Ettakatol et l'absence de la démocratie interne
07/04/2013 | 1
min
La crise du parti Ettakatol et l'absence de la démocratie interne
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Par Mahmoud Bessrour et Abdelbasset Sammari
Membres fondateurs du Courant Démocratique pour la Réforme et l’Initiative Politique (courant réformiste d’Ettakatol)

Le parti Ettakatol traverse depuis deux ans une crise profonde. Et c’est lorsqu’il est arrivé au pouvoir figurant dans le gouvernement Troïka que cette crise fut amplifiée. La déception ressentie par de nombreux militants, puis la démission de quelques milliers d’adhérents, ont causé une véritable hémorragie dans ses rangs.
Il est apparu clairement qu’Ettakatol a dévié, en termes de concept politique social-démocrate, sa ligne politique ne s’est pas adaptée aux réalités socio-économiques, politiques et culturelles surgies de la révolution du peuple.
Son programme politique et ses résolutions adaptés par le congrès national de mai 2009 ont été dénaturés, escamotés par une structure ad hoc parallèle aux organes légitimes, structure illégitime (le groupe du Lac) mise en place en mars 2011 par l’actuel leadership en violation du règlement du parti.
Pendant les mois du printemps 2011 jusqu’au mois de juillet, les commissions centrales permanentes du parti ont durement travaillé, au siège du parti, pour élaborer les programmes politiques : économique, social, culturel et de politique extérieure, grâce à l’apport substantiel de près de deux cents cadres et experts parmi lesquels des universitaires, ingénieurs, juristes, économistes, sociologues, politologues et spécialistes en relations internationales.
Au même moment la dite structure ad hoc du « groupe du Lac » copiait et collait un programme électoral social-libéral en vue de l’échéance du 23 octobre 2011.

En fait, se sont les résultats des élections nationales du 23 octobre 2011 qui ont révélé l’ampleur de la crise d’Ettakatol en considérant l’extrême faiblesse de son implantation politique dans les quartiers populaires et les régions marginalisées du pays.
En effet, de nombreuses sections et fédérations régionales du parti furent injustement gelées puis fermées par décisions du bureau politique en contradiction avec les dispositions de l’article 38p1 du règlement intérieur.
Sur 27 circonscriptions électorales, le parti Ettakatol n’a relativement réussi sa pleine mobilisation que dans quatre circonscriptions seulement et ce, en fonction du nombre de voix obtenues, supérieur à 20.000 voix.
A l’inverse ses maigres performances électorales ont été dans 17 circonscriptions, compte tenu du nombre des voix inférieur à 10 000. Quant aux résultats quasi insignifiants qui révèlent la déroute du parti Ettakatol, ils ont sans doute été enregistrés dans 12 circonscriptions situées géographiquement dans les régions marginalisées du pays parmi lesquelles six circonscriptions où le nombre des voix recueillies fut limité à quelques centaines de voix à Kébili, Tataouine, Médenine, Tozeur, Gafsa, Sidi Bouzid, Kasserine, Gabès, Kairouan, Mahdia, Le Kef et Siliana.

Par ailleurs, le parti Ettakatol et suite à sa participation au gouvernement Troïka 1 se trouva, sur le plan national en 2012, confronté à de mauvais résultats dans tous les sondages.
Selon de nombreux observateurs, le facteur déterminant de la crise d’Ettakatol, de ses divisions et de ses conflits internes fut l’absence de la démocratie dans le parti qui avait pourtant, avant la révolution, souffert de l’autoritarisme et de la dictature depuis sa création le 9 avril 1994.
De graves dérives par rapport aux résolutions et aux décisions du congrès national de 2009 ont été constatées. Elles firent l’objet de multiples violations et de manipulations procédurales commises par le leadership d’Ettakatol à l’encontre des dispositions pertinentes de son règlement intérieur.

Lors des sessions du conseil national en 2012, le Courant Démocratique pour la Réforme et l’Initiative Politique (CDRIP/Ettakatol), à l’instar des représentants de l’organisation de jeunesse du parti, a diagnostiqué un grave déficit de la démocratie interne dans l’organisation et le fonctionnement de parti Ettakatol.
Il en a relevé les principaux aspects suivants dus :
- Au disfonctionnement organisationnel ;
- Au maintien d’une structure ad hoc dans la redéfinition de la plate-forme politique ;
- Aux atteintes aux droits fondamentaux des membres du parti ;
- A la sous-représentativité de ses membres dans les régions ;
- A l’opacité du financement du parti ;
- A la cooptation des candidats électoraux, et
- Aux défaillances du leadership.

Devant une telle situation de crise, la majorité du conseil national et structures légitimes du parti se sont réunies, le 9 mars dernier à Gafsa, en session urgente, s’élevant contre les multiples violations de la Charte et du règlement intérieur du parti Ettakatol.
Quant au fond, le conseil national légitime , les représentants de l’organisation de jeunesse de parti et de CDRIP/Ettakatol, réunis à Gafsa firent appel au leadership actuel d’Ettakatol pour mettre un terme aux pratiques illégales et d’annuler les décisions anti-démocratiques qui violent clairement les dispositions des articles ci-après : 3 , 5 , 21p7 , 22p3 ; 22p4 , 23 , 24p2 25p1 , 25p2 , 35p1 , 38p1 du présent règlement intérieur du parti.
A la suite du conseil national, arbitrairement élargi le 15 avril 2012, le parti Ettakatol compte dans son bureau politique élargi 22 membres qui ont été sélectionnés et cooptés au mépris du principe électoral réglementaire.
Il est tout aussi scandaleux que le parti Ettakatol compte au sein de son « conseil national élargi » plus de 125 membres tous désignés, donc illégitimes en vertu de l’article 21 relatif aux attributions du congrès national du parti.
Ces deux mesures unilatérales, outre le fait qu’elles contreviennent à l’éthique politique, font fi aux règles élémentaires de la démocratie interne alors que l’actuel leadership du parti s’évertue à promouvoir la démocratie dans le pays.
Aucune instance du parti, excepté le congrès national, ne peut déroger aux prescriptions minimales incluses dans ses statuts et son règlement intérieur.

De notre point de vue, la crise du parti Ettakatol se caractérise par quatre dimensions : une crise électorale, une crise de ses militants, une crise de programmation et une crise de management et donc de leadership.
Il n’en demeure pas moins que la crise profonde réside paradoxalement dans l’incapacité du parti Ettakatol, une fois au pouvoir, de construire la démocratie interne dans ses structures, dans ses instances et dans ses rangs, et de rénover son programme. Ce parti donne ainsi l’impression qu’il n’est pas astreint de respecter les fondements et procédures démocratiques en son sein et que, de surcroit, il ne lui est pas nécessaire d’adapter ses orientations socio-économiques et politiques social-démocrates au contexte et aux objectifs de la révolution par une vision scientifique et prospective.
N’est-il pas raisonnablement justifié de demander au leadership actuel du parti Ettakatol d’assumer la responsabilité des violations de son réglement intérieur, violations qui bloquent le développement de la démocratie interne, entachent la transparence, la lisibilité et le respect des règles et des statuts existants.
Il importe donc de savoir si le bureau politique sortant se résout avant qu’il ne soit trop tard, à réunir le conseil national légitime en une session extraordinaire dans la stricte conformité aux dispositions statutaires et réglementaires du parti.
07/04/2013 | 1
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