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Tribunes
L'OPEP panique
27/10/2008 | 1
min
L'OPEP panique
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Par Paul Loubière

C’est la panique à l’Opep. Les producteurs de pétrole, qui se réunissent aujourd’hui à Vienne, vont tenter d’enrayer la baisse du prix de l’or noir. Malheureux baril : il a perdu plus de 50% de sa valeur en quelques mois ! Or les pays producteurs de pétrole sont désormais shootés au pétrole cher et imagine difficilement se passer tout d’un coup de cette manne financière. Ils vont donc tenter de stopper la baisse des cours. Du côté des faucons, sans surprise, on retrouve l’Iran et le Venezuela.

Leur position ne résulte pas uniquement d’un choix politique ou idéologique. Certes, Hugo Chavez et Mahmoud Ahmadinejad sont hostiles aux Etats-Unis et à l’Occident. Mais la réalité est plus triviale : le président iranien sait qu’avec un baril à 60$ son budget n’est pas à l’équilibre. Quand au président Vénézuélien, il est bien conscient que les schistes bitumineux de l’Orénoque, dont les coûts de production sont exorbitants, ne sont rentables qu’avec un baril à 60 $. Enfin, la question du prix du baril n’est pas dictée seulement par la loi de l’offre et de la demande. De janvier à juillet, la demande de pétrole a légèrement progressé sans qu’il n’y ait jamais le moindre risque de pénurie, mais le prix a grimpé de 50%. Aujourd’hui, on est loin d’un effondrement de la demande. Elle au contraire relativement stable.

Mais alors, pourquoi le baril baisse-t-il ? D’abord parce que la spéculation a déserté les matières premières qui ont perdu 50% en moyenne au cours des derniers mois. Ensuite parce que le dollar monte. Or, c’est une loi aussi immuable que la troisième loi de Kepler, quand le dollar monte, le baril baisse. Rien de magique dans cette loi : le prix du baril est en dollar. Quand le dollar baisse, les spéculateurs en dollars se couvrent en achetant des trackers pétrole. Inversement, quand le dollar monte, ils désertent le baril.

Or aujourd’hui, le dollar monte, si bien que l’Arabie Saoudite, qui fait véritablement la pluie et le beau temps à l’Opep, ne perd pas trop d’argent bien que le baril baisse. Elle va donc peser le pour et le contre avant de décider de réduire sa production, dans des proportions sans doute modestes. Après tout, elle possède des avoirs un peu partout dans le monde. Si un baril bon marché fait redémarrer l’économie et repartir les places financières, elle gagnera plus d’argent qu’avec un pétrole cher qui se vend mal. Là encore, la logique saoudienne n’est pas celle d’un allié de l’occident. C’est tout simplement du pragmatisme économique.

Paul Loubière est grand reporter au magazine français Challenges
27/10/2008 | 1
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