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Chroniques
Quand bien même Slim Tlatli se transformerait en HerculeâEUR¦
12/01/2009 | 1
min
Quand bien même Slim Tlatli se transformerait en HerculeâEUR¦
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Par Nizar BAHLOUL

Le programme destiné à booster l’emploi en Tunisie, expliqué la semaine dernière par Slim Tlatli, est ambitieux. Tellement ambitieux qu’il nous rappelle les 12 travaux d’Hercule ou encore ceux d’Astérix tellement le chantier est vaste et compliqué. Seulement, Hercule est un personnage de fiction, alors que le ministre tunisien de l’Emploi évolue dans le réel et sans la potion magique d’Astérix.
Le réel dans lequel évolue Slim Tlatli est le suivant : 14% de taux de chômage en Tunisie. Mais si on connait le nombre de demandeurs d’emploi, on ignore cependant le nombre d’employeurs qui cherchent depuis belle lurette des candidats compétents et qui n’en trouvent pas.
Exemple, parmi tant d’autres, celui que nous connaissons dans la presse, notamment francophone, où les journalistes qualifiés ayant un minimum de bagage linguistique et culturel sont très rares.

Un extrait de deux demandes, comme nous en recevons régulièrement par dizaines, illustre les propos.
« Je veux bien travailler dans votre entreprise, parceque j’ai besoin de tavaillée.merci de m’accepter dans votre entreprise. »
« veuillez agréé monsieur mes sentiments les plus dévorées. Vous trouvez en joint ma carte de candidature ».
En dépit de nos besoins, nous donnons généralement une suite défavorable à la majorité des demandes que nous recevons, puisqu’elles ne répondent pas aux B.A.Ba de la présentation d’usage.
Voici l’une de ces réponses, adressée à un candidat qui n’a même pas mentionné son nom dans la demande :

« Monsieur ou Madame,
Notre journal électronique ne peut répondre favorablement à votre demande. Par ailleurs, nous nous permettons ce conseil : quand vous envoyez une demande d’emploi, ayez la délicatesse d’utiliser les formules de politesse classiques en l’occurrence "Bonjour" dans ce cas précis. N’oubliez pas, par ailleurs, de signer votre mail en inscrivant votre nom et vos coordonnées. Enfin, faites accompagner toujours vos demandes par un CV et une lettre de motivation. Autrement, vos correspondances iront tout de suite à la corbeille, ce qui est dommage pour vous
».

Voici la réponse que nous avons reçue, 28 jours après, de la part du candidat :
« Bonjour
Merci bien pour vos conseils trés piquants , mais monsieur c'est pas comme ça vous 'adressez au gens il vous mieux savoir les ABC de dialogue . bsp; MERCI
».

Slim Tlatli a beau multiplier les programmes et les mesures d’encouragement pour inciter les entreprises à recruter des diplômés, il y a des candidats qui ne passent pas et qui ne passeront jamais, parce qu’ils ne peuvent pas passer.
C’est à l’université de sensibiliser ces candidats à l’embauche de la nécessité de soigner leur présentation (vestimentaire d’abord) et la présentation de leurs documents et CV. Il s’agit de les convaincre qu’ils sont en train de "se" vendre sur le marché et qu’il leur faudrait, outre le diplôme, un minimum de savoir-faire marketing, linguistique et culturel. Que le diplôme à lui seul ne suffit pas, parce qu’une entreprise n’a pas besoin de diplômés, mais de compétences.

Quand on interroge des enseignants universitaires, ils se défendent et renvoient la balle au lycée qui, à son tour, renvoie la balle aux parents. C’est la tactique de la patate chaude.
Nous croyons cependant que la responsabilité est partagée entre tous les maillons de la chaîne. Pour parer au plus urgent, il est impératif d’agir au plus tôt sur le dernier maillon qu’est l’université.
Demandons à nos enseignants (et ils seront certainement disposés à le faire) de sensibiliser leurs futurs diplômés à l’esprit cartésien du monde de l’emploi, sur les ABC du capitalisme, sur le fait qu’un employeur ne fait pas du social, mais recrute pour qu’on lui génère de la valeur ajoutée.
Dans la foulée, faisons de telle sorte que nos enseignants universitaires enseignent les matières qu’ils maîtrisent le mieux ! Hélas, nous continuons encore à constater (en janvier 2009) que des enseignants (notamment parmi les contractuels) sont affectés pour dispenser des cours dans des matières qu’ils ne maîtrisent pas. Affectation qu’ils ont apprise à une semaine de la date du démarrage des cours. En clair, ces enseignants n’avaient que 7 jours pour maîtriser une matière qu’ils sont censés faire apprendre à leurs étudiants la semaine d’après.
Dans le même temps, on apprend qu’on compte faire reculer l’âge de la retraite des enseignants à 65 ans faute de compétences. Le hic est que les compétences existent. L’Université leur préfère des vacataires qu’elle paie beaucoup moins qu’un universitaire aux compétences confirmées ! La question : est-ce pour des raisons budgétaires ? N’empêche, le résultat est là : on recrute des maîtrisards qui ne maîtrisent pas grand chose !
Du paradoxe et de l’aberration, on n’en sort point. C’est le système. Pourvu que ce ne soit pas une fatalité. Quand bien même Slim Tlatli se transformerait en Hercule, il faudrait la conjonction des efforts de plusieurs parties pour venir à bout : employeurs, ministère de l’emploi, université, lycée, école, famille...
12/01/2009 | 1
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