alexametrics
samedi 27 avril 2024
Heure de Tunis : 22:01
A la Une
Remaniement ministériel - Jamais sans Ennahdha !
04/11/2018 | 15:59
5 min
Remaniement ministériel - Jamais sans Ennahdha !


Le remaniement ministériel est imminent et devrait être annoncé dans les jours à venir. Les tractations qui accompagnent ce remaniement  s'éternisent depuis des semaines et font ressortir des scénarios aussi improbables que surprenants. Mais qui décidera du prochain gouvernement et qui en fera partie ?


 

La question d’évincer Youssef Chahed de la présidence du gouvernement ne se pose plus aujourd’hui. Elle n’est, du moins, pas prévue pour le remaniement à venir qui devra être annoncé en ce début de semaine. Il s’agit, pour l’instant, de faire un lifting de l’équipe gouvernementale actuelle. Un lifting qui devra traduire les nouveaux équilibres de la scène politique.

« Que celui qui peut former un gouvernement sans Ennahdha le fasse »  a déclaré Rached Ghannouchi vendredi 2 novembre, lors d’une réunion avec les membres du bloc parlementaire de son parti. Le chef du parti islamiste, réuni avec ses députés pour décider entre autres choses du remaniement à venir, est revenu sur les appels à « exclure Ennahdha du prochain gouvernement de Youssef Chahed », affirmant que « la participation au gouvernement n’est pas une obligation » et que « la vie politique se base sur la concurrence ».


Une chose est sure cependant, dans le nouveau gouvernement Chahed, Ennahdha aura grandement son mot à dire. « Là où se trouve l'intérêt national, se trouve Ennahdha », disait Rached Ghannouchi. 

Si Rached Ghannouchi a voulu se montrer pragmatique, misant sur le « respect de la démocratie et des règles du jeu politique », ce que répète souvent le parti islamiste, il s’agit évidemment là d’une pique lancée à Nidaa Tounes.

Le parti de Hafedh Caïd Essebsi avait, en effet, publié un communiqué la semaine dernière, signé par Slim Riahi, nouveau secrétaire général fraîchement nommé, dans lequel il a fait part de « sa disposition à se concerter avec les parties progressistes pour la formation du prochain gouvernement et la nature du remaniement ministériel, mais sans la participation du parti Ennahdha ».

Il n’est évidemment pas question d’évincer Ennahdha du prochain gouvernement. Cela tout le monde l’a compris. Hafedh Caïd Essebsi a en effet affirmé, au micro d’Al Janoubia, il y a deux jours, que  « c’est  Rached Ghannouchi qui s’occupe du remaniement ». « Personne ne nous a consultés. On ne sait même pas si Youssef Chahed sera maintenu », a-t-il déclaré, tentant de cacher son dépit sous une pointe d’ironie.

 

« On ne peut pas former un gouvernement sans inclure Ennahdha », a affirmé Fathi Ayadi sur Shems Fm, le 31 octobre dernier. Le dirigeant islamiste a fait part de « la disposition d’Ennahdha à dialoguer avec tous les partis politiques qui le souhaitent » mais aussi « la volonté du parti d’établir un gouvernement d’union nationale en continuant à inclure Nidaa Tounes au sein de cette équipe ».  

« Nous sommes en train de nous concerter avec le chef du gouvernement autour du prochain remaniement ministériel et nous souhaitons inclure Nidaa Tounes car Ennahdha vise à rassembler toutes les forces politiques. Ainsi, il est impossible de former un gouvernement sans Ennahdha par simple calcul ou en tenant compte des poids politiques », a-t-il précisé. Ennahdha préfère, comme d’habitude, afficher ouvertement « son attachement aux principes démocratiques », mais tout en prenant soin de souligner qui détient l’ascendant.

 

Les guerres politiques autour du gouvernement de Youssef Chahed se multiplient entre les différentes parties, chacun voulant y être et avoir son mot à dire sur « le sort de ses adversaires ». De son côté, le principal intéressé préfère rester vague. L’unique commentaire ayant été fait par Youssef Chahed était de dire que ce remaniement était « loading » - en cours. C’est dire combien les tractations pour établir la liste des noms de  la nouvelle équipe gouvernementale ont pris du temps.

 

La question qui se pose aujourd’hui n’est pas tant de savoir qui fera et qui ne fera pas partie de ce nouveau gouvernement mais plutôt le poids que chaque partie aura. Il est clair que la question des compétences des différents ministres, officiellement annoncée comme étant LE critère de référence, ne sera pas l’unique point de repère pour décider de qui reste et qui devra partir. Youssef Chahed a besoin d’une équipe performante qui veillera à livrer un bilan positif à la fin de sa mission, histoire de prouver que le gouvernement a laissé le pays dans un meilleur état que lorsqu'il avait pris le pouvoir. Ceci dit, les différents calculs politiques et politiciens auront grandement à jouer dans les nouveaux équilibres. Des équilibres qui seront différents de ceux émanant des urnes et qui sont, déjà, qualifiés de « putshistes » par les détracteurs de la Kasbah.  

 

Si la place de Nidaa, pourtant parti vainqueur aux élections de 2014, est de moins en moins garantie, il est fort probable que Youssef Chahed n’en garde que les ministres qui ont clairement manifesté leur loyauté envers la Kasbah, et qui ne font donc pas partie du clan HCE.

Ennahdha devra, par ailleurs, avoir une place de choix dans ce gouvernement, étant donné qu’il est LE grand soutien du gouvernement Chahed face à ses détracteurs. Ennahdha et ses alliés, dont on peut citer par ailleurs Machroûu Tounes, même s’il n’assume pas ouvertement son rapprochement avec le parti islamiste.

Mais quelle attitude devra adopter Youssef Chahed face aux ministres nahdhaouis qui ont prouvé leur incompétence dans l’actuelle équipe gouvernementale ? Le chef du gouvernement devra jouer aux équilibristes, tiraillé entre « récompenser » ceux qui l’ont soutenu, et garantir une équipe compétente qui saura fournir un bilan respectable en vue des prochaines échéances électorale. Un jeu d’équilibriste qui devra aussi valoir pour ceux des ministres Nidaa qui font ouvertement partie de « son clan ».

La finalité étant que la prochaine équipe gouvernementale remporte la guerre de la « légitimité », face à l’épreuve du parlement. Une épreuve qui n’était pas du tout garantie pour l’équipe actuelle.

 

Youssef Chahed est pressé d’en finir avec ce remaniement qui n’a que trop duré et ce afin de s’atteler à d’autres tâches importantes. La loi de finances de 2019, dont le vote est prévu avant la fin de l’année, en fait partie. Les échéances électorales de 2019 sont évidemment le but ultime de tout ce remue-ménage…

 

Synda TAJINE

04/11/2018 | 15:59
5 min
Suivez-nous

Commentaires (10)

Commenter

Tunisino
| 05-11-2018 17:29
1. Avant le système politique vient le projet socioéconomique, chose jamais faite depuis l'indépendance.
2. ZABA peut revenir en Tunisie comme conseiller en gestion à cette classe politique qui ne sait que barboter.

TUNISIE VA MAL
| 05-11-2018 16:17
Ennahdha ne gouvernera jamais seul et si vous dites qu'elle aura le pouvoir total en 2019 a elle seul, vous vous trompez.
La situation socio économique plus le régime politique plus la géopolitique internationale et du monde arabe; Ne donne aucune chance a ce qu'elle gouverne seul. Il ne faut pas oublier que le secte est très dépendant de l'extérieur qui lui dicte tous. Ennahdha sur le plan politique a un avenir en décroissance..Les élections municipales sont la preuve. un parti fondé sur la religion ou autre l'opposition comme nida ont une durée de vie plus courte que tu le pense. Sont tous des partis vides qui n'ont aucun projet nationale pure tunisien..

BORHAN
| 05-11-2018 10:24
Depuis l'avènement de la fameuse " révolution brouette " du 14 janvier 2011, rien ne se fait sans l'aval d'Ennahdha et la gouvernance de notre pays, quoi qu'on dise, dépend du bon vouloir de ce parti.
Il faut que le citoyen collectif, que nous sommes, soit habitué à ce fait accompli et ce, tant que le peuple continue son " hibernation interminable et que nos « dirigeants marionnettes » s'obstinent à prendre le peuple pour un « couillon » (obtus et stipule). ".
Dans notre pays, tout se fait et se défait par ce parti qui, à mon avis, gère intelligemment et le m'en-foutisme, la passivité du citoyen et l'hostilité stérile des démagos (tous ces gauchistes et compagnie confondus). .
Alors que ce parti manipule et gère en arrière plan les affaires du pays (pour le moment !) les gauchistes naïfs et les nostalgiques de la destourie continuent à « aboyer » aveuglement et sans retenue.
Sans l'accord d'Ennahdha, BCS n'aurait jamais pu devenir président pourtant Hamadi JEBALI a bataillé dur (pour être le candidat déclaré de son parti) pour qu'enfin il abandonne et quitte le navire nahdhaoui.
Idem pour si CHAHED, sans l'aval tacite d'Ennahdha, il n'aurait aucune chance d'accéder à la tête du gouvernement...mais c'est aussi la main tendue du donnant-donnant.
ENNAHDHA DICTE SA LOI ET IMPOSE SA FEULLE DE ROUTE A TOUT QUEMANDEUR.

En d'autres termes, les deux têtes de l'exécutif (en plus de leur affrontement flagrant et officiel) sont liés mains et pieds, sont et resteront " otage " d'Ennahdha tant que ce parti demeure fort et puissant.
Ainsi, à ce jeu bien huilé, Ennahdha a de beaux jours devant elle et sa mainmise totale sur le pouvoir et la gouvernance du pays ne sont qu'une qu'une question de temps.
D'ailleurs, à travers ses interventions et ses discours maladroits, le « président » Essebsi ouvre incontestablement un grand boulevard inespéré pour l'avenir d'Ennahdha.
La clé de cette hégémonie nahdhahouie réside indiscutablement dans sa stratégie de conquérir l'assemblée du peuple dans la mesure ou le vrai pouvoir crèche au palais du Bardo.
D'ailleurs, j'estime qu'il est temps de trancher définitivement sur le système politique " batard " accouché de la constitution de 2014.
Soit on choisit le régime présidentiel que je rejette personnellement à cause des deux expériences douloureuses puisqu'elles nous ont imposé à chaque fois un despote incapable de lâcher le pouvoir jusqu'à sa mort.
Soit opter pour un régime parlementaire où le président de la république n'aura qu'un statut honorifique et où la gouvernance et la responsabilité du pays reviennent de facto et de droit au chef de gouvernement (évidemment) sous la tutelle de l'assemblée du peuple.

mansour
| 05-11-2018 00:38
Absence d'opposition politique entre Youssef Chahed et Ennahdha et Nida Tounes et bloc coalition nationale et Machrouu Tounes tous acceptent la politique de compromis opportunistes pour le pouvoir et gouverner

URMAX
| 04-11-2018 20:05
.... Actuellement, meetings politiques de Ennahdha (Ali LAARAYEDH) a Montreal, au Canada, pour preparer les elections de 2019.

Foued
| 04-11-2018 18:12
Je pense que le remaniement n est pas nécessaire , 2019 c demain , sa ne va pas changer grande chose .

Faouzi38
| 04-11-2018 17:53
BEN Ali veux revenir pour expliquer aux peuples Tunisiens la vérité par rapport au coup d'?tat de janvier 2011, sauf que les islamistes TUNISIENS et à leurs têtes le Gourous Rached Gannouchi ont demandé à l'Arabie maudite de le garder jusqu'au élections de 2019 qu'il compte l'emporter même si il faut un bain de sang

Le marseillais
| 04-11-2018 17:25
Mr le Président il faut exorciser le pays du diable ,non par des prières mais disolution de tous le gouvernement et les baratineur de l assemblée de girouettes(désigné monsieur Moncef marzouki premier ministre )ha ha ha hou hou hihihi

Microbio
| 04-11-2018 17:19
Pourquoi ne pas Laisser les tunisiens voter directement leur premier ministre?

L'expérience des 7 dernières années montre à quel point, il serait avantageux, de laisser voter le poste du Premier Ministre par les tunisiens: Notre jeune Démocratie sera plus stable et beaucoup moins compliquée avec un PM ligitimé par la Population ce que nous évitera beaucoup de problèmes...


Changer la Constitution et faire élire le PM par la Population!

Mabrouka
| 04-11-2018 16:45
La Tunisie est devenue une affaire de fauteuils a occuper,....!! la competence..vous dites..?.c est pas tellement important On dit bien qu on apprend la coiffure sur les tetes des orphelins....Nidaa/Nahdha+Caied Essebsi/Ghannouchi ce sont les sources de tous les malheurs de la Tunisie.....