
La scène politique nationale est en pleine effervescence depuis des mois. Cela ne fait que s’accentuer à l’approche de la prochaine échéance électorale. Mercato parlementaire, chamboulement de l’échiquier partisan, le tout couronné par un remaniement ministériel tant attendu.
« Le remaniement ministériel loading », dixit le chef du gouvernement Youssef Chahed, le 27 juin 2018. Depuis, tous les observateurs de la scène nationale attendent ce fameux remaniement. Cela aurait été un fait ordinaire en temps normal. Le chef du gouvernement procède à une évaluation objective du rendement de son équipe selon les objectifs fixés. Le diagnostic établi détermine, ainsi, les changements à effectuer. Or, on n’en est pas là. La scène politique divisée, le conflit opposant les deux têtes de l’exécutif, à savoir le chef du gouvernement et le président de la République, ont fait que cette procédure soit aussi fastidieuse et sujette à plusieurs calculs et autres manœuvres, d’une partie comme de l’autre.
C’est dire qu’après avoir mis en place le gouvernement actuel, dit d’union nationale, issu de l’Accord de Carthage I, la donne a changé et certains, dont principalement, Nidaa Tounes ont exprimé leur opposition au gouvernement actuel. Cela s’est traduit par une deuxième initiative sous la dénommée de l’Accord de Carthage II, qui fût justement suspendu à cause d'un désaccord concernant le 64ème point. Ce point concerne, justement, l’éviction de Youssef Chahed ce qui a été refusé par le mouvement Ennahdha, qui, quant à lui, a appelé à un remaniement ministériel profond.
Et c’est de là qu’a commencé le blocage ayant conduit à la suspension de l’Accord de Carthage. Remaniement total, remaniement profond, toutes les composantes s’accordent sur la nécessité d’opérer un changement de la formation actuelle de Youssef Chahed. Il va sans dire que le rendement de certains départements laisse à désirer, et que leur bilan n’est pas des plus avantageux. Cependant, le timing et les enjeux politiques n’ont fait que retarder ce changement. En effet, au milieu de toutes ses pressions, le gouvernement Youssef Chahed se devait d’élaborer le projet de la loi des Finances 2019 avant le 15 octobre et le présenter devant le parlement. Autre point à tenir compte : le soutien politique, puisqu’avant de procéder à un quelconque changement, le chef du gouvernement devait s’assurer une majorité parlementaire lui permettant de faire passer sa nouvelle formation. Bien qu’aucune loi n’exige un passage devant l’Assemblée des représentants du peuple pour obtenir la confiance des 109 députés, la tradition a décidé qu’il en soit ainsi.
Du coup, comme le chef du gouvernement ne peut se contenter du soutien des 68 députés du mouvement islamiste, un nouveau bloc parlementaire, favorable à la stabilité gouvernementale, a vu le jour avant le démarrage de la session parlementaire. Réunissant 51 députés, dont ceux de l’UPL, le nouveau bloc de la coalition nationale s’est positionné deuxième force parlementaire derrière Ennahdha, et devançant Nidaa Tounes, vainqueur des législatives de 2014.
Or, coup de théâtre, quelques jours plus tard, l’UPL de Slim Riahi décide de fusionner avec Nidaa Tounes, reprenant ses 15 députés avec lui au bloc parlementaire du parti. Une décision qui a suscité plusieurs critiques et déceptions dans les rangs des électeurs de Nidaa Tounes. Pourtant, l’alliance précédente de Slim Riahi avec le bloc de la coalition ne semblait pas gêner un grand nombre.
Et c’est au milieu de tous ces tiraillements que les bruits concernant le remaniement ministériel ont repris de plus belle. En effet, le chef du gouvernement devrait annoncer cette semaine ce remaniement et les fuites ont fusé de toutes parts. D’après les informations recueillies par Business News, sept départements sont concernés, à savoir le Tourisme, les Finances, le Commerce, l’Industrie, la Justice, la Santé et l’Equipement. Le secrétariat d’Etat à la diplomatie économique serait également touché par le remaniement. En même temps, on parle de la désignation de la ministre du Tourisme Salma Elloumi en tant que cheffe de cabinet du président de la République. Une sorte d’action anticipative pour récupérer l’égérie de Nidaa Tounes, diront certains.
Selon d’autres échos, et après la multitude de fuites, Ennahdha aurait, quant à lui, émis des réserves sur le remaniement prévu par Youssef Chahed exigeant d’y imposer son empreinte avant de donner son aval.
En tout état de cause, le remaniement ministériel ne peut apporter à ce stade une grande valeur ajoutée, mis à part, le fait de calmer certains esprits et permettre de gérer les affaires courantes du pays en maintenant une certaine stabilité politique, économique et sociale. Entre temps, les différents acteurs de la scène nationale sont penchés sur les prochaines échéances électorales. La course vers 2019 touche à son sprint final, et tous les coups semblent permis dans cette débâcle, quitte à bafouer les règles éthiques les plus élémentaires.
Sarra HLAOUI
Commentaires (5)
CommenterIllustration prémonitaoire
Mais on tourne, on tourne et on revient à la case de départ, car nahdha est tijours là.
Actuellement leur tactique (indécente) de l'ultime chance, c'est de provoquer la perte de temps n'importe comment. Tout cela pour qu'il soit dans la gouvernance et que le pays tunisien soit davantage dans la décadence.
Sans entrer dans les détails!
J'aurais bien voulu soutenir YC, mais...
Alors que j'avais tellement d'espoir à sa nomination.
Encore une frustration !
D'ailleurs ce ' chloun zed'?' dans ce mercato interminable de députés on se dit où on va avec cette soi- disant ARP où le P est censé être Peuple.
et Le pays continue de couler
Qu'ils boivent l'eau de mer. A propos, le gouvernement ne semble guère gêné par l'absence de lait de certains supermarchés. Vraiment superbe .
Sur une note positive, j'invite les tunisiens à ne rien attendre des gouvernements et à compter sur eux même.