Remaniera ou remaniera pas sauve qui peut. Le tsunami est à quelques lieux.
G&G
RCDiste et fier
L’ensemble de la scène politique tunisienne spécule actuellement sur un prochain remaniement ministériel. Entre ceux qui n’en voient pas l’utilité, ceux qui veulent que ce soit un remaniement en profondeur, tout le monde y est allé de son commentaire. Mais ce remaniement, au-delà des ministres qu’il concernera, constituera un nouvel épisode de la lutte d’influence dont Youssef Chahed est le personnage principal.
« Avant de remanier, il faudra évaluer le rendement des ministres, corriger les défaillances et remplacer les postes vacants ». C’est ainsi que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a tranché la question du remaniement lors d’une déclaration transmise par Mosaïque FM le 18 juillet 2017. Il est à rappeler que les ministères de l’Education et des Finances sont actuellement dirigés par deux ministres intérimaires, Slim Khalbous et Fadhel Abdelkefi. Au vu des échéances importantes qui attendent ces deux ministères, Loi de finances 2018 pour l’un et rentrée scolaire en septembre pour l’autre, plusieurs observateurs parient sur des nominations rapides à ces deux ministères.
Toutefois, tout le monde ne l’entend pas de cette oreille et certains, parmi les signataires de l’accord de Carthage, estiment que le pays a besoin d’un remaniement bien plus profond que le simple remplacement des ministres évincés. Parmi les tenants d’une telle hypothèse, le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. Le 29 juin, le dirigeant de Nidaa évoquait la nécessité d’un remaniement en profondeur, voire d’une restructuration. En fait, il aimerait voir son parti, Nidaa Tounes, plus représenté au sein du gouvernement pour plus de cohérence dans le travail gouvernemental et plus de représentation du choix des Tunisiens en 2014, selon lui.
Une autre partie, et non des moindres, trouve qu’un remaniement est « nécessaire et important », c’est l’UGTT. Par la voix de son secrétaire général, Noureddine Taboubi le 5 juillet, la centrale syndicale va pousser vers un remaniement qui va plus loin qu’un simple remplacement de ministres, même si les ministres à remplacer sont de première importance pour l’UGTT.
Youssef Chahed n’échappera pas à la nécessité de nommer des ministres aux Finances et à l’Education nationale. D’ailleurs, il se dit que ces nominations se feront fin août prochain. Toutefois, l’opinion publique se pose la question de savoir pourquoi changer une équipe qui gagne, si l’on prend en considération la campagne de lutte contre la corruption du gouvernement de Youssef Chahed.
Pour certains observateurs, Nidaa Tounes, en cherchant à tout prix un remaniement profond qui inclurait plusieurs de ses membres dans le gouvernement, chercherait en fait à s’associer au bilan de Youssef Chahed, plébiscité par l’opinion publique selon tous les sondages. Au début de la campagne de lutte contre la corruption, Nidaa Tounes, et particulièrement Hafedh Caïd Essebsi, avaient nourri des craintes vis-à-vis de cette campagne car ils ont estimé que l’un de ses objectifs était de salir l’image du parti et de ses députés. Ensuite, voyant que le succès de Youssef Chahed se répercutait positivement dans les opinions favorables de Béji Caïd Essebsi et de Nidaa Tounes, ce dernier a changé son fusil d’épaule.
Aujourd’hui, il est question de rétablir les liens avec Youssef Chahed, de rappeler à tout le monde qu’il est issu de Nidaa et ensuite de le pousser à constituer un gouvernement avec une forte empreinte du parti pour ensuite profiter de son bilan en vue des élections municipales, dans un premier temps, et des autres échéances électorales par la suite. Donc, il est fort à parier que Nidaa Tounes négociera de pied ferme les nominations en cas de remaniement qui dépasserait le simple remplacement de postes vacants.
Mais avant cela, il faudra contenter Ennahdha si jamais l’on se dirige vers un remaniement profond. Il ne faut pas oublier que l’ensemble des nouvelles nominations devra être validé par l’ARP au sein de laquelle la première force est désormais le bloc d’Ennahdha. Il faudra, à ce moment là, céder un ministère au parti islamiste, et il est fort à parier qu’il s’agisse de celui de la santé. D’un côté, le rendement du ministère de la Santé aujourd’hui est loin de faire l’unanimité sous la houlette de Samira Meraï. D’un autre côté, l’un des faucons d’Ennahdha, Abdellatif El Mekki, lorgne sur ce portefeuille depuis longtemps déjà. Si un tel scénario se réalisait, cela permettrait de calmer les ardeurs de l’un des principaux opposants du grand patron du parti islamiste, Rached Ghannouchi. Donc, El Mekki finirait par obtenir ce qu’il veut et l’ambiance générale au sein d’Ennahdha se calmerait.
Et Youssef Chahed dans tout ça ? La prudence qu’il applique dans le choix des termes concernant le remaniement indique qu’il n’est pas, lui-même, convaincu de la nécessité d’un remaniement profond de son gouvernement. Tout d’abord, il souhaite donner le maximum possible de stabilité à son gouvernement en évitant de le remanier chaque été, comme lui-même l’a déclaré. Donc, pour lui, il serait plus logique de se contenter de pourvoir les postes vacants uniquement. Ensuite, il ne souhaite pas se mettre en position de « otage » de n’importe laquelle des forces politiques qui vont négocier ce remaniement dans le but de rester seul aux commandes.
Derrière la nécessité de pourvoir les postes vacants au sein du gouvernement, aux Finances et à l’Education nationale, c’est une vraie partie d’échecs qui s’annonce. Entre les calculs de Nidaa Tounes, les pressions de l’UGTT et les volontés de Youssef Chahed, les négociations promettent d’être ardues. Tout cela sans parler des autres intervenants que sont l’UTICA ou, Machrouu Tounes de Mohsen Marzouk. Tout cela sans compter non plus sur les interventions de la présidence de la République qui ne se contentera certainement pas du rôle d’observateur.
Marouen Achouri
L’ensemble de la scène politique tunisienne spécule actuellement sur un prochain remaniement ministériel. Entre ceux qui n’en voient pas l’utilité, ceux qui veulent que ce soit un remaniement en profondeur, tout le monde y est allé de son commentaire. Mais ce remaniement, au-delà des ministres qu’il concernera, constituera un nouvel épisode de la lutte d’influence dont Youssef Chahed est le personnage principal.
« Avant de remanier, il faudra évaluer le rendement des ministres, corriger les défaillances et remplacer les postes vacants ». C’est ainsi que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a tranché la question du remaniement lors d’une déclaration transmise par Mosaïque FM le 18 juillet 2017. Il est à rappeler que les ministères de l’Education et des Finances sont actuellement dirigés par deux ministres intérimaires, Slim Khalbous et Fadhel Abdelkefi. Au vu des échéances importantes qui attendent ces deux ministères, Loi de finances 2018 pour l’un et rentrée scolaire en septembre pour l’autre, plusieurs observateurs parient sur des nominations rapides à ces deux ministères.
Toutefois, tout le monde ne l’entend pas de cette oreille et certains, parmi les signataires de l’accord de Carthage, estiment que le pays a besoin d’un remaniement bien plus profond que le simple remplacement des ministres évincés. Parmi les tenants d’une telle hypothèse, le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. Le 29 juin, le dirigeant de Nidaa évoquait la nécessité d’un remaniement en profondeur, voire d’une restructuration. En fait, il aimerait voir son parti, Nidaa Tounes, plus représenté au sein du gouvernement pour plus de cohérence dans le travail gouvernemental et plus de représentation du choix des Tunisiens en 2014, selon lui.
Une autre partie, et non des moindres, trouve qu’un remaniement est « nécessaire et important », c’est l’UGTT. Par la voix de son secrétaire général, Noureddine Taboubi le 5 juillet, la centrale syndicale va pousser vers un remaniement qui va plus loin qu’un simple remplacement de ministres, même si les ministres à remplacer sont de première importance pour l’UGTT.
Youssef Chahed n’échappera pas à la nécessité de nommer des ministres aux Finances et à l’Education nationale. D’ailleurs, il se dit que ces nominations se feront fin août prochain. Toutefois, l’opinion publique se pose la question de savoir pourquoi changer une équipe qui gagne, si l’on prend en considération la campagne de lutte contre la corruption du gouvernement de Youssef Chahed.
Pour certains observateurs, Nidaa Tounes, en cherchant à tout prix un remaniement profond qui inclurait plusieurs de ses membres dans le gouvernement, chercherait en fait à s’associer au bilan de Youssef Chahed, plébiscité par l’opinion publique selon tous les sondages. Au début de la campagne de lutte contre la corruption, Nidaa Tounes, et particulièrement Hafedh Caïd Essebsi, avaient nourri des craintes vis-à-vis de cette campagne car ils ont estimé que l’un de ses objectifs était de salir l’image du parti et de ses députés. Ensuite, voyant que le succès de Youssef Chahed se répercutait positivement dans les opinions favorables de Béji Caïd Essebsi et de Nidaa Tounes, ce dernier a changé son fusil d’épaule.
Aujourd’hui, il est question de rétablir les liens avec Youssef Chahed, de rappeler à tout le monde qu’il est issu de Nidaa et ensuite de le pousser à constituer un gouvernement avec une forte empreinte du parti pour ensuite profiter de son bilan en vue des élections municipales, dans un premier temps, et des autres échéances électorales par la suite. Donc, il est fort à parier que Nidaa Tounes négociera de pied ferme les nominations en cas de remaniement qui dépasserait le simple remplacement de postes vacants.
Mais avant cela, il faudra contenter Ennahdha si jamais l’on se dirige vers un remaniement profond. Il ne faut pas oublier que l’ensemble des nouvelles nominations devra être validé par l’ARP au sein de laquelle la première force est désormais le bloc d’Ennahdha. Il faudra, à ce moment là, céder un ministère au parti islamiste, et il est fort à parier qu’il s’agisse de celui de la santé. D’un côté, le rendement du ministère de la Santé aujourd’hui est loin de faire l’unanimité sous la houlette de Samira Meraï. D’un autre côté, l’un des faucons d’Ennahdha, Abdellatif El Mekki, lorgne sur ce portefeuille depuis longtemps déjà. Si un tel scénario se réalisait, cela permettrait de calmer les ardeurs de l’un des principaux opposants du grand patron du parti islamiste, Rached Ghannouchi. Donc, El Mekki finirait par obtenir ce qu’il veut et l’ambiance générale au sein d’Ennahdha se calmerait.
Et Youssef Chahed dans tout ça ? La prudence qu’il applique dans le choix des termes concernant le remaniement indique qu’il n’est pas, lui-même, convaincu de la nécessité d’un remaniement profond de son gouvernement. Tout d’abord, il souhaite donner le maximum possible de stabilité à son gouvernement en évitant de le remanier chaque été, comme lui-même l’a déclaré. Donc, pour lui, il serait plus logique de se contenter de pourvoir les postes vacants uniquement. Ensuite, il ne souhaite pas se mettre en position de « otage » de n’importe laquelle des forces politiques qui vont négocier ce remaniement dans le but de rester seul aux commandes.
Derrière la nécessité de pourvoir les postes vacants au sein du gouvernement, aux Finances et à l’Education nationale, c’est une vraie partie d’échecs qui s’annonce. Entre les calculs de Nidaa Tounes, les pressions de l’UGTT et les volontés de Youssef Chahed, les négociations promettent d’être ardues. Tout cela sans parler des autres intervenants que sont l’UTICA ou, Machrouu Tounes de Mohsen Marzouk. Tout cela sans compter non plus sur les interventions de la présidence de la République qui ne se contentera certainement pas du rôle d’observateur.
Marouen Achouri