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La pression de Abdellatif Mekki sur Rached Ghannouchi pour récupérer le ministère de la Santé
05/08/2016 | 19:59
4 min
La pression de Abdellatif Mekki sur Rached Ghannouchi pour récupérer le ministère de la Santé

Avec les consultations sur la composition du prochain gouvernement, c’est l’heure des grandes manœuvres pour conquérir les postes. Ceci est particulièrement vrai pour Abdellatif Mekki qui multiplie les démarches afin de reconquérir le portefeuille de la santé, aux dépens de Saïd Aïdi.

 

A l’heure où Youssef Chahed, nouveau chef du gouvernement, tente de former son équipe gouvernementale, Ennahdha prépare les noms qu’il va soumettre pour intégrer le gouvernement. Plusieurs bruits de couloir indiquent que le parti islamiste veut obtenir une meilleure représentation au sein du gouvernement version Essid. Ainsi, le mouvement réclamerait 5 ou 6 ministères et souhaiterait être représenté également par un conseiller au sein de la présidence du gouvernement.

Par conséquent, certains membres influents d’Ennahdha tentent de se placer en vue d’occuper des postes au sein du gouvernement en constitution. Parmi ces membres, Abdellatif Mekki, membre du conseil de la Choura et élu à l’ARP. Selon des informations concordantes, M. Mekki se verrait bien revenir à Bab Saâdoun, à la tête du ministère de la Santé. Ça tombe bien puisque la Santé est l’un des portefeuilles réclamés par Ennahdha au sein du nouveau gouvernement. Mais comment Abdellatif Mekki s’y prend-il pour redevenir ministre de la Santé ?

 

C’est au sein d’Ennahdha que le bras de fer se fait. Abdellatif Mekki multiplie les sorties médiatiques pour attaquer, même indirectement, le président du parti, Rached Ghannouchi. Dans une déclaration faite le 3 août 2016 sur Saraha FM, Abdellatif Mekki n’hésite pas à dire que si le bureau exécutif du parti avait été élu, il y aurait eu une audition du président du parti ! L’élu Ennahdha fait ici allusion au fait que Rached Ghannouchi, durant le 10ème congrès d’Ennahdha, avait imposé que le bureau exécutif du parti soit désigné par lui et par le conseil de la Choura. Par ailleurs, Abdellatif Mekki s’étonne du fait qu’une session extraordinaire du conseil de la Choura se tienne le 5 août alors que le parti islamiste a déjà entériné le nom de Youssef Chahed en tant que chef du nouveau gouvernement et a même commencé à négocier avec lui. Abdellatif Mekki ajoute que la décision sera finalement celle de Rached Ghannouchi. Il déclare également que les journalistes avaient déjà été invités, ce qui montre que le choix de Youssef Chahed est déjà bouclé.

 

La volonté de Abdellatif Mekki est de mettre la pression sur Rached Ghannouchi. Etant le leader de l’aile dure du parti, Abdellatif Mekki a son mot à dire et possède un pouvoir de nuisance considérable pour Rached Ghannouchi. Par conséquent, une des solutions possibles pour « neutraliser » Abdellatif Mekki serait de lui accorder le ministère qu’il souhaite ou tout du moins de proposer son nom.

 

Pour marteler cette stratégie, Abdellatif Mekki, qui, hiérarchiquement n’est « que » membre du conseil de la Choura, a multiplié les plateaux. Le 5 août, il était l’invité de Hatem Ben Amara sur la Radio nationale le matin et plus tard celui de Midi Show sur Mosaïque FM. Il a profité de ces tribunes pour exprimer sa désapprobation de la manière dont est conduit le mouvement aujourd’hui et pour répéter que l’élection du bureau exécutif du parti est un choix qui doit être fait tôt ou tard.

Il a expliqué que le système actuel, celui de la désignation des membres du bureau exécutif, ne durera pas. Pour lui, il s’agit en réalité d’un bureau politique, véritable siège du pouvoir dans le parti, que d’un bureau exécutif chargé de mettre en application les décisions d’une autre instance. Il a même évoqué que des « pressions » ont été exercées lors du vote sur cette proposition lors du 10ème congrès du parti islamiste. Concernant les personnes qui seront désignées pour occuper les postes de ministres, Abdellatif Mekki a expliqué que le premier critère de choix doit être celui de la compétence et de l’expérience. Ensuite, si ces deux caractéristiques existent chez plusieurs personnes, on privilégiera alors les jeunes et les femmes. Cette description pourrait coller à sa propre personne : il s’estime compétent, a déjà l’expérience du ministère de la Santé durant la troïka et il n’est pas concerné par la jeunesse.

 

Quant à Saïd Aïdi, il pourra ajouter Abdellatif Mekki à la liste de ses détracteurs après le syndicat et certaines personnalités politiques. En plus du fait que son ministère suscite les convoitises, il est possible que l’UGTT demande à ce qu’il ne soit pas reconduit à son poste. M. Aïdi s’était engagé dans un bras de fer avec la centrale syndicale autour de l’hôpital de Sfax et son action, de manière générale, a dérangé certains lobbies.      

 

En bon politicien qu’il est, Abdellatif Mekki use des leviers dont il dispose pour pouvoir revenir à la tête du ministère de la Santé. Par ses sorties médiatiques notamment, M. Mekki exerce une certaine pression sur le chef du parti Ennahdha en révélant au grand jour certaines dissensions au sein du mouvement. Il faut également rappeler que Abdellatif Mekki n’est pas seul et qu’il conduit un courant au sein d’Ennahdha qui remet en question l’autorité suprême du chef. Ce mouvement avait déjà fait des siennes au 10ème congrès du parti. Sa proposition au poste de ministre de la Santé par Ennahdha pourrait être un « tranquillisant » qui serait administré à ce courant contestataire, pour le bien du parti, avant tout.

 

Marouen Achouri

 

05/08/2016 | 19:59
4 min
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Commentaires (59)

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Kattousa
| 03-09-2016 17:03
Mekki veut.REINTEGRER LA SANTÉ POUR ÉCHAPPER À UN ÉVENTUEL JUGEMENT AU SUJET DU CRIME COMMIS SUR CHOKRI BELAID. CAR SUR LES LIEUX DU CRIME SE TROUVAIT LA VOITURE DE LA SANTÉ PUBLIQUE

Tounsi wa noss
| 10-08-2016 07:01
Quelle fonction occupe ce "mec qui?" au sein de l'organisation clandestine de l'ittijah al islami?
Là où il passe, on dirait qu'il péte pas qu'il parle. Ça pue ouffff

Mendes
| 09-08-2016 19:34
Il ose réclamer le poste de la santé publique après son passage désastreux et catastrophique .mesquine et mesquina Tunis .QUE DIEU vienne en AIDE À LA SANTÉ PUBLIQUE pour qu'un CAUCHEMAR n'arrive pas et qu'il n'arrivera JAMAIS .

massinissa
| 09-08-2016 10:20
à battre ces gangrènes de m ces islamiteux qui ont détruit et qui continuent de décomposer ce pays de m

Gg
| 07-08-2016 22:45
Le planning familial est une nécessité absolue. On voit des jeunes femmes faire quatre, cinq... enfants, à raison d'un par an, alors le couple n'a pas les moyens d'en élever un. Que vont ils devenir? La pillule serait la solution, mais c'est haram paraît il.
Ou mieux encore, le préservatif. Il protège aussi des maladies sexuellement transmissibles, qui sont d'effroyables bombes à retardement. Combien d'hommes et de femmes se croient sains, et contaminent des dizaines de partenaires avant de tomber malades à leur tour? Des maladies graves, qui attaquent le foie, le système nerveux, le système immunitaire...
Pourtant, si on regarde le prix des préservatifs, c'est rien du tout!
Et le corps médical fait semblant de ne pas voir les contaminations, les traitements ne sont de toutes façons pas disponibles...
Vraiment cette situation est effroyable, tout cela est complètement incompréhensible!
Le Pape disait un jour : "soyez fidèles!"
Ben oui, mais cela ne suffit pas.

Tunisienne
| 07-08-2016 21:21
Salut dadi!

Oui, c'est effrayant ! La religion s'invite désormais dans tous les espaces...

Les tunisiens avaient certainement besoin de création de sens et les islamistes ont été au rendez-vous pour combler les vides et apporter les réponses toutes faites dans tous les domaines... Et quel meilleur moyen d'accaparer définitivement le pouvoir que de contrôler les esprits, les âmes et les faiblesses humaines ?

Cher ami, j'admire ton enthousiasme et ton optimisme à toute épreuve, et j'espère qu'il y aura toujours des femmes et des hommes pour sauver ce pays de ses propres pesanteurs...

A très bientôt dadi !

Verite
| 07-08-2016 20:47
Ce mekki ancien sinistre ne s'est pas opposé aux essais cliniques menés par l'armée americaines sur nos enfants considérés comme des cobayes bientôt un documentaire révélera tout

Tunisienne
| 07-08-2016 18:43
Effectivement, cher ami !

Autre exemple : depuis l'avènement des islamistes au pouvoir, certaines pratiques de planning familial «haram» sont au point mort. Et tant pis pour la détresse de certaines ou les conditions
économiques et sociales dans lesquelles évolueront certains enfants !

Parlons aussi des réactions virulentes (dont on a vu un échantillon ici-même sur BN, y compris celles de médecins !) à l'annonce par Saïd Aidi des accords trouvés pour fabriquer en Tunisie le nouveau traitement de l'Hépatite C. On a vu fuser les insultes véhémentes et les arguments fallacieux du genre «C'est du gaspillage ! Ça coûte trop cher ! Ça concerne une.petite minorité ! ...».


Oui, mon ami ! La santé, c'est la vie dans son sens le plus élémentaire et le plus crû. Et quand la Santé va mal, mon pays va aller de plus en plus mal...

A très bientôt !

Canalou
| 07-08-2016 17:04
L affaire de l epidemie du virus de l hepatite ne doit se renouveller .mr mekki avait signe un document ou il interdisait l acces aux analyses aux personnes sans couverture sociale alors qu une epidemie doit geree pour eviter la catastrophe meme sans couverture sociale

Tunisienne
| 07-08-2016 16:03
Chère amie,

Merci de votre témoignage, poignant de réalisme comme toujours !

Je crois que les médecins -responsables, habités par leur métier et immunisés contre le populisme- qui ont vu en A. Mekki ce qu'il était vraiment, sont ceux-là mêmes qui ont soutenu (ou, du moins, qui ne se sont pas opposés avec virulence) à S. Aidi dans les chantiers de réforme épineux qu'il a engagés dans le secteur.

Mais force est d'admettre que ce sont aussi des médecins qui ont déclaré la guerre à Aidi, parce qu'il a osé remettre en cause une partie de leur confort et de leurs privilèges (obligation d'exercer dans les régions, rationalisation de l'organisation et du fonctionnement des hôpitaux...).

Comme dans plusieurs autres secteurs (éducation, justice), les professionnels finissent par faire le lit des islamistes (et de la médiocrité et du nivellement par le bas qui vont avec !), non pas forcément par conviction idéologique, mais par minimalisme, égoïsme, opportunisme et arrogance...

Avec mes sincères salutations, chère amie !