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Les préoccupations des Tunisiens, dernier souci des « élus »
04/12/2011 | 1
min
Les préoccupations des Tunisiens, dernier souci des « élus »
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Un mois et demi après la tenue des élections et presque quinze jours après la tenue de la séance inaugurale de l’Assemblée nationale constituante, un constat s’impose : les élus de la Nation, plus particulièrement ceux des trois partis coalisés, semblent plus mus par le partage du gâteau et pour la distribution des « chaises » que par la situation désastreuse prévalant en Tunisie et des véritables préoccupations des Tunisiens.
Ce qui est curieux, étrange et révoltant, c’est que personne parmi ces « élus » n’a abordé, durant tout ce temps de « chamailleries », des questions d’ordre économique ou social, pourtant revendications principales de la révolution du 14 janvier.

« Moi, je veux le poste de président de la République », « Moi, je veux être ministre de l’Intérieur pour y faire le grand ménage, sinon donnez moi le département de la Justice pour régler leurs comptes à ces juges corrompus », « Moi, je veux le portefeuille de l’Education pour faire passer ma vision de l’enseignement »…
Il y a trop de « moi, je veux », mais aucune mention de ce que le peuple tunisien veut et de ce dont a besoin la Tunisie. Ces membres de la Constituante, élus principalement pour écrire la Constitution et autres code électoral et système politique, veulent plutôt gouverner. Tout en gardant leurs sièges. Un cumul que Mustapha Ben Jaâfar estime normal et conforme aux principes démocratiques. Pourtant le pays démocratique le plus proche de nous, en l’occurrence la France, interdit ce genre de cumul.
Voici ce que disent les textes français : «Les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l'exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle.»

On nous rétorquera, bien sûr, que chaque pays a ses lois. Chez nous, on semble privilégier ce qui arrange les élus avant de regarder l’intérêt des électeurs qui les ont menés là où ils sont. Sans oublier une donne essentielle : Tous les élus du CPR et d’Ettakatol l’ont été grâce aux fameux « restes ». Alors un peu plus d’humilité, messieurs dames et ayez conscience de votre vrai poids chez le peuple !
En effet, le nombre de sièges obtenus ne reflète pas forcément le vrai poids de chaque formation politique.

Or, si Ennahdha demeure incontournable pour la constitution d’une éventuelle alliance, il est impossible pour tous les autres partis réunis, de réussir une coalition sans se jeter dans les bras d’Al Aridha de Hachemi El Hamdi !
Ainsi, même s’il est compréhensible qu’Ennahdha adopte une attitude assez intransigeante dans la défense de ses visions, il est inadmissible de voir les deux autres partenaires s’aplatir et céder à tous les desiderata du parti majoritaire.
En écoutant les Ksila, Zaouia, Ben Amor et Abbou mettre en exergue leur démarcation d’Ennahdha lors de la discussion et du vote, en commission, du projet d’organisation provisoire des pouvoirs, un regain d’espoir et d’optimisme renaît quant au rôle de partenaires critiques d’Ettakatol et du CPR.

Mais grande fut la déception en lisant le projet final où, à l’exception de l’exigence du vote aux deux tiers du texte de la Constitution, rien n’a été changé ou presque. Le même rôle de figurant pour le président de la République et les mêmes pouvoirs trop étendus accordés au chef du gouvernement.
Il faut dire que les deux partis, supposés être modernistes et de gauche, s’étaient bel et bien fait lier les mains en signant ledit projet dans sa globalité et en en paraphant le bas de chaque page. Donc, de deux choses l’une : ou bien, ils ont signé le document en connaissance de cause, puis se sont rétractés ou ont fait semblant de se rétracter pour la galerie.
Ou bien ils l’ont signé à la hâte sans l’avoir lu comme le dit Mohamed Abbou, pourtant juriste et homme de loi. Et là c’est encore pire, car ils prennent, d’entrée, les affaires des Tunisiens et de la Tunisie à la légère. C’est une preuve d’irresponsabilité et d’inconscience, ce qui leur enlève toute crédibilité et leur ôte la confiance des électeurs.
Et dans les deux cas, ils auront fait preuve d’immaturité criarde et de légèreté indignes d’hommes d’Etat. On leur reconnaît certes le mérité d’avoir milité et fait de la prison sous la dictature de Ben Ali, mais ce ne devrait pas être les seuls critères pour prendre les postes de responsabilité qui requièrent, par les temps difficiles qui courent chez nous, des compétences avérées et spécifiques dans les domaines requis.

Or, à entendre de nombreux élus, plus particulièrement, M. Abbou, qui nous rappelle à l’envi et systématiquement ce que faisait Ben Ali pour faire passer ses propos , ce qui lui a valu les remarques pertinentes d’une journaliste de la radio Shems Fm, seuls ceux qui ont fait de la prison sous Ben Ali et ceux qui ont critiqué ou défié Ben Ali ont la priorité de s’approprier les parts du gâteau.
Or, ce dont a besoin la Tunisie aujourd’hui, est justement de faire un trait sur le passé de Ben Ali, d’avoir un regard sur l’avenir et de visions concrètes pour faire sortir le pays du marasme dans lequel il se débat.
Mais de cela, on n’a rien vu ni entendu jusqu’à présent. Pire encore. Nous finissons déjà la première semaine du dernier mois de l’année 2011, et la Tunisie n’a pas encore de budget voté pour 2012 ! Mais cela semble être le dernier des soucis des élus qui n’ont même pas évoqué ce point. Et c’est hautement significatif de leur degré de préoccupations pour les questions vitales touchant de près les citoyens !
Chaque chose en son temps, nous dira t-on. Et comme l’a si bien dit et répété à satiété Mohamed Abbou, « le peuple a bien attendu 23 ans sous ben Ali (décidément), il peut très bien attendre encore quelques jours ». Nous répondrons : le temps qu’on s’occupe d’abord de la distribution des chaises !

On se demande si les élus sont conscients des pertes énormes causées à notre économie suite à chaque jour perdu dans les grèves, les sit-in et autres perturbations entravant la marche du travail ! On aurait bien aimé que ces élus nous exposent leurs solutions pour redresser la situation, à savoir, la croissance, l’emploi, l’instauration de la sécurité et de la stabilité, condition sine qua non pour redonner confiance aux investissements nationaux et étrangers et la relance du tourisme…

Il ne faut pas perdre de vue que la révolution, qui n’a été nullement faite par les partis, a eu lieu et a été réussie grâce au commun des citoyens réclamant, certes la liberté et la démocratie, mais aussi et surtout les droits à l’emploi, à la dignité, aux meilleures conditions de vie et de pouvoir d’achat.
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