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Où sont ceux qui devaient s’opposer à l’hégémonie de Saïed ?
07/02/2022 | 16:31
5 min
Où sont ceux qui devaient s’opposer à l’hégémonie de Saïed ?

 

Après la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), tard dans la nuit depuis le ministère de l’Intérieur, on s’attendait à un tas de réactions. Par exemple qu’une cinquantaine de magistrats avec leurs robes et leurs toques aillent directement vers le siège du CSM affrontant ainsi, au corps à corps, l’imposant cordon policier. Une telle scène, filmée en direct par les médias, ferait le tour du monde en quelques minutes et obtiendrait l’appui immédiat des magistrats du monde entier. Et qui ne défendrait pas des magistrats militant pour leur indépendance ?

On aurait aussi pu imaginer une mobilisation générale des avocats, eux qui ont toujours l’habitude de défendre les nobles causes, les libertés et l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Sauf que voilà, il n’y a rien eu. Même pas une grève générale. Les tribunaux tunisiens fonctionnaient normalement lundi 7 février 2022, 36 heures après la décision du président Kaïs Saïed de dissoudre le symbole même de l’indépendance de la justice. Une décision totalement illégale, contraire à la constitution et aux principes mêmes de la séparation des pouvoirs.

Le président Kaïs Saïed a injurié les magistrats, il a déclaré publiquement que certains parmi eux devaient être derrière les barreaux, il a dissous leur CSM, il a menti ouvertement en déclarant qu’il ne s’est jamais immiscé dans leur travail et il les a considéré comme de simples fonctionnaires et non titulaires d’un pouvoir à part entière.

L’affront est grand, très grand, et les réactions sont quasi-nulles.

Le président du CSM, Youssef Bouzakher s’est suffi de quelques déclarations médiatiques. Alors que son siège est encerclé par la police depuis dimanche matin, il a été dans le déni lundi matin en déclarant que la police était là à son invitation pour le protéger. Ce n’est que plus tard, dans la matinée, qu’il s’est rendu compte que la police était là pour l’empêcher, lui, de s’approcher de son propre siège qu’il préside. Y a-t-il pire humiliation ? En guise de réponse, M. Bouzakher s’est fait accompagner d’un huissier de justice pour faire constater l’interdiction…

 

Ses collègues du syndicat des magistrats et de l’association des magistrats ont également été timides se suffisant de communiqués et de déclarations médiatiques, sans aucune réaction concrète sur le terrain.

 

Autre corporation à accepter l’affront sans réagir, celle des avocats. D’habitude pointilleux et hyper sensibles à tout ce qui touche aux libertés et la séparation des pouvoirs, les avocats se sont montrés complices du président de la République.

Lundi matin, le bâtonnier Brahim Bouderbala a affirmé que son Ordre soutient toute initiative de réforme. Il a fallu que l’avocate Abir Moussi, présidente du PDL, sauve l’honneur des robes noires en rappelant que le président de la République n’a guère le droit de décréter des réformes fondamentales.

La dissolution du CSM est pourtant quelque chose de très grave. « C’est un lundi noir », a affirmé ce matin un haut magistrat. Et il a raison. Ce qu’a fait Kaïs Saïed dans la nuit du samedi au dimanche est aussi grave, sinon plus grave que le gel des travaux de l’assemblée le 25 juillet.

Force est de rappeler que ce jour-là, le président a été fortement applaudi. Et quand certains attiraient l’attention sur le danger de son entreprise, les réponses fusaient de toutes parts dans une seule direction : « nous sommes là pour l’arrêter s’il dérive ».

Où sont toutes ces gens qui assuraient être là le jour où Kaïs Saïed va dériver ?

En s’arrogeant les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, en faisant main basse sur le pouvoir judiciaire le 6 février 2022, le président de la République Kaïs Saïed répond désormais techniquement à la définition littérale et originelle du mot dictateur. L'origine du terme remonte à la Rome antique, où la dictature était un état de la République romaine où un magistrat (le dictateur) se voyait confier de manière temporaire et légale les pleins pouvoirs en cas de troubles graves.

 

Comment affronter ce dictateur ? A l’exception de quelques déclarations médiatiques ici et là, il y a très peu d’enthousiasme pour défendre la justice et la démocratie tunisiennes.

Très rares sont les voix qui s’élèvent pour contrer un président jouissant encore d’une popularité très élevée. Quelles sont ces voix ? L’UGTT, principale puissance syndicale, quelques médias, quelques ONG et quelques opposants. Le CSM refusait jusque-là toute opposition frontale, bien qu’il était dans la ligne de mire présidentielle. Maintenant que leur conseil est dissous, unilatéralement et illégalement, les magistrats réagiront-ils pour défendre leur corporation ? Ceux qui juraient leurs grands dieux qu’ils allaient s’opposer aux éventuelles dérives présidentielles, bougeront-ils pour défendre le pouvoir judiciaire et contrer l’hégémonie d’un président tout puissant ?

La semaine qui commence risque d’être décisive dans l’histoire du pays. Si les magistrats abdiquent et si les avocats et les autres composantes de la société ne viennent pas à leur secours, Kaïs Saïed aura les mains totalement libres pour faire ce qu’il veut de l’État tunisien.

Certes, il sera rattrapé par la réalité économique, mais d’ici là, il aura causé beaucoup de casse au pays.  

 

Raouf Ben Hédi

07/02/2022 | 16:31
5 min
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Commentaires
Zend
Pourquoi ce calme
a posté le 08-02-2022 à 19:16
La constatation est juste . Mais pouquoi ?
Le Tunisien en General n'a aucune dignité et fierté.
On peut leur marcher dessus.. ils acceptent . Il suffit qu'ils mangent du pain et de l'huile.
Le Leader de tous est Ghannouchi qui a pousser à la dissolution de son parti par son ego
Tunisino
Déjà vu!
a posté le 08-02-2022 à 19:12
De Bourguiba, à Ben Ali, à Ghannouchi, à Saied, il y a toujours des soutiens qui s'adhèrent d'une manière ou d'une autre aux positions du pouvoir sans aucune vision critique, alors que pour les simples tunisiens, ils attendent qu'ils n'arrivent plus a manger pour se soulever. C'est la règle depuis 65 ans, on le sait, mais on ne peut rien contre elle! Ce sont Bourguiba, Ben Ali, Ghannouchi, et Saied qui sont responsables de la situation actuelle, ils ont eu chacun l'occasion de mettre la Tunisie sur les rails du progrès durable sans le faire. Pourquoi? C'est certainement l'incompétence des littéraires qui est à blâmer! Que le futur soit meilleur!
AN
La retraite appelle !
a posté le 08-02-2022 à 15:52
Je me demande depuis un certain temps comment la Tunisie a pu survivre jusqu'à aujourd'hui sans la "clairvoyance" et le savoir illimité d'un Monsieur Kaiis Saied.
D'un autre côté - le fait que la société tunisienne ait survécu jusqu'à aujourd'hui nous montre en fait que nous n'avons absolument pas besoin d'un Monsieur Kaiis Saied. Peut-être devrions-nous - même si c'est difficile - envisager de le laisser prendre une retraite "bien méritée". Je suis sûr que cela aidera les gens d'ici à survivre aussi la Corona ...
Lol
Bonne question
a posté le 08-02-2022 à 15:46
Où sont ceux qui devraient s'opposer à une telle loi ? Au moins le constat est fait.
Pourquoi on en est là ? C'est une longue et décevante histoire qui a duré 11 ans.
Peu importe la version de l'histoire, le résultat est là et il parle de lui même
BI
Essissi nous passe le bonjour!
a posté le 08-02-2022 à 14:58
Kaiis Saied n'est pas qu'un pion pour le VRAI pouvoir en place en Tunisie. Son cas et son destin sont comparables à ceux du président par intérim de juillet 2013 Adli Mansour, juge en chef et chef de la Haute Cour constitutionnelle d'Egypte. Je parie que lors des prochaines élections, il sera très probablement remplacé rapidement par un Essissi tunisien du Sahel.

Ouè Mabrouk alinè Ouè 5amsè Will 5miss 3linè !
Fehri
Said qui?
a posté le 08-02-2022 à 14:43
KS n'a aucun pouvoir. Il est juste une marionnette jouée par le même pouvoir qui a fait tomber Bourguiba et Ben Ali. Ce même pouvoir rappelez-vous qui mis en prison le ministre de la défense du 14 Janvier 2011. KS ne parle même pas la langue du peuple tunisien . Il est dans un autre monde.
Abidi
'?tat
a posté le 08-02-2022 à 07:54
Logique mr vous préférez la suprématie des lobbies et des spéculateurs et opportunistes choses qui arrangeaient vos affaires d'avant le 25 juillet, et où étaient les soi-disant opposants dans cette époque noire de l'histoire de notre pays
Ntc
La vérité
a posté le 07-02-2022 à 20:09
Le Président KS, ne fait qu'exprimer le souhait de la majorité des tunisiens. Regardez les sondages et vous comprenez tout.
Un tunisien.
Regarde bien les choses en face!
a posté le 07-02-2022 à 19:09
M. le journaliste de Business News, êtes-vous aveugle ?
Pour nous, tunisiens, on en a ras le bol des hommes politiques et de la politique en général en Tunisie ! Pour nous, tout ce qui est politique, Tout ce qui est institution étatique est pourri « jusqu'à l'os » !
Il n'y a plus rien à sauver, tout doit être formaté pour éliminer les virus politiques et compagnie ! C'est ainsi que l'on procède en informatique lorsqu'on a un disque dur infesté de virus !
C'est le meilleur remède et c'est le seul aussi, il n'y en a pas d'autres !!!
Les chaouachi, guanouchi, etc.'?' ne valent rien !!! Ils ne croient pas en un seul dieu mais en deux, et ce ne sont pas les nôtres : le pouvoir et l'argent !!!Aucun principe, aucune valeur !! Ils utilisent même la religion pour nous embobiner !!!
Vous pouvez tout dire sur Saied, il est de loin beaucoup moins mauvais que les autres et surtout propre !!
Et il n'est pas bête ou faible. Loin de là. Si vous le jugez ainsi, c'est que vous n'avez rien compris et vous n'êtes pas fait pour la politique !!!
Remember son parcours !!! Il est parti de rien, sans parti politique, pratiquement sans le sou. Il a été très patient, il a utilisé toutes les lacunes et les faux pas de ses adversaires au moment opportun !etc..
C'est ça un homme politique visionnaire.
M. le journaliste, ce n'est pas moi qui vais vous apprendre votre métier, mais vous avez beaucoup à apprendre encore !!!
Quant à moi, je ne suis qu'un petit tunisien sans lendemain, presque illettré et qui n'attends rien des clochards politiciens actuels à part Saied et Abdelkafi.

Démocrate
Vision un peu étroite
a posté le à 16:32
A mon avis vous avez une vision un peu étroite sur l'avenir de la Tunisie avec KS. Certes, il nous a débarrassé des clochards politiciens, nés de la pseudo révolution de 2011, responsables de l'effondrement de l'économie et des conditions sociales, entre autres.., mais je n'ai pas l'impression qu'il va répondre à nos attentes. Pourriez-vous m'expliquer pourquoi il laisse Ennahdha et les takfiristes agir librement en toute impunité et pourquoi il n'a pas ordonné la fermeture des bureaux et des associations des frères terroristes d'Elkaradhaoui Serait-il pour un califat dont il sera le chef suprême ? L'avenir nous le dira. Personnellement je le remercie pour de nous avoir débarrassé de l'ARP et du CSM, mais je reste prudent et ne lui accorde pas ma confiance. Aujourd'hui, je m'intéresse beaucoup à Abir Moussi comme beaucoup de tunisiens et de personnalités silencieuses.
VRAI
"Où sont ceux qui devaient s'opposer à l'hégémonie de Saïed ?"
a posté le 07-02-2022 à 18:32
Il n´y a que ceux qui sont rattrapés et trainent depuis 1956, des casseroles de toutes sortes !

Flouss La7ram Mè Tthammarch !
Akecoucou
Un cingle a la tète d'une bande de clochards
a posté le 07-02-2022 à 18:18
Car voila la situation politique de la Tunisie de 2022. Ils sont tous, tous ou presque, pourris. C'est une société de clochards qui ont élu un mythomane debilo-narcissique. Bon vent a la nef des fous : de toute façon les récifs sont maintenant trop proches pour espérer sauver le rafiot.

Lecteur
Il avait amplement le temps
a posté le 07-02-2022 à 17:57
Le CSM avait amplement le temps depuis le 25 juillet de faire quelque chose pour se protéger et assurer l'indépendance de la justice. Il ne peut pas le faire parce qu'il n'est pas indépendant. Il ne peut pas le faire parce que cela exige le départ des corrompus et ceux qui sont inféodés aux politiciens. Il ne peut pas le faire parce que chacun va sortir ses dossiers et une mutinerie totale éclatera au grand jour.
Alors, on laisse le président dissoudre le CSM (tous les membres savaient que la dissolution est juste une question de temps) et voilà scandale de scandale, misère de misère la dictature étouffe la justice et la concentre entre un seul individu. Voilà, plus de justice, la vérité sur qui a tué Choukri, Brahmi, Cherni, nos soldats et nos policiers ne sera jamais élucidée !!!!!!!!!!
Et pourtant le CSM pouvait faire beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux. Malheureusement l'occasion est fugitive et le jugement est difficile. Alors, c'est une occasion de changer de métier.
Ainsi la vie, un jour pour toi et un jour contre toi.
Jamal
Que des jérémiades
a posté le 07-02-2022 à 17:51
Cessez de vous lamenter publiquement, vos propos ne passent pas et vos incitations publiques à la révolte ne passent pas. Le peuple n'est pas dupe et comprend très bien que le mal et les passe-droits sont derrière et que le Président ne cherche qu'à remettre les choses dans le droit chemin.
Warrior
parle en ton nom , tu n'est pas le peuple ....
a posté le à 18:48
le peuple a fait une révolution pour se débarrasser de la dictature, pas pour la rétablir.
GROW UP !!
VR
@Jamal: je suis un démocrate mais..
a posté le à 18:06
Je commence à comprendre la situation dans le pays et à comprendre que si nous n´avons pas Kaiis Saied, on devrait en créer un comme Kaiis Saied. Dommage qu'il n'aura pas le plan et la force d'exécution. Malheureusement il n'a pas de parti politique qui peut l'endosser c'est pour cela il va être écrasé par ses ennemis combien nombreux !
Réponse
à RBH
a posté le 07-02-2022 à 17:48
"Où sont ceux qui devaient s'opposer à l'hégémonie de Saïed ?", et bien ils sont tous rattrapés par les affaires, mon ami !
nazou de la chameliere
Les fachos deachiens.
a posté le 07-02-2022 à 17:29
Ont eu 11 ans ,pour piéger, acheter,faire trébucher dans des histoires sordides et de détournement de fric ,pour faire chanter beaucoup de monde !!!
Même L'ugtt est piégé par l'un des siens !!!
L'utica probablement aussi, vu son silence ces derniers mois !!!
D'où la timidité de beaucoup de connards et de connasses !!!

Comme quoi ,dans la vie ,il faut toujours rester droit honnête et juste !!
A4
Explication:
a posté le 07-02-2022 à 17:28
L'absence de réaction ne peut s'expliquer que par le raz-le-bol qu'éprouve le tunisien vis-à-vis de cette corporation de corrompus qui a instauré l'impunité comme système !!!
Qui a tué Chokri BELAID, messieurs les juges *** ?
Tn
l'UGTT dans sa forme actuelle n'est qu'un docile lèche bottes
a posté le 07-02-2022 à 17:24
.....la Tunisie mérite mieux que ce hypocrites...
Sensei
Question/reponse
a posté le 07-02-2022 à 17:15
Vous l avez dit vous meme, le president jouit d une popularite tres elevee ou en verite plutot tres tres elevee aupres du peuple tunisien,, ceux que vous voulez voir sortir et faire appel a des intervention etrangeres, savent que les etrangers
n interviendront pas, tant que le peuple tunisien soutient massivement Kaeies Saeid, quoique ce qu il pensent du president tunisien. Vous avez donc repondu vous meme a votre propre question.. Ceux qui font tous et veulent coute que coute deboulonner Kaeies Saeid devrait patienter jusqu a decembre prochain et se mobiliser pour les prochaines elections, il feraient mieux
d economisez leur ardeur obsessionelle contre le president en attendant... Car qui sait?...
BOUSS KHOUK
ça RAPPELLE L'IMAGE DU ghanouchien DEVANT L'ARP
a posté le 07-02-2022 à 16:52
portes fermées encercler par la police et en s ' y approche pas !!! à bouzakhar ! est ce les frais
du notaire présente ce matin pour constatation du réelle fermeture de LA BOITE , sont ils à la charge du président bouzakhar ou à la charge du contribuable et si c'est le cas , il commet une boulette de plus . en ce moment ils ne doivent pas être beau à voir ni s'en approché avec la diarrhée ( pas conseiller )
BOUSS KHOUK
rectif
a posté le à 17:03
à lire HUISSIER et non notaire