
Dernière ligne droite pour Elyes Fakhfakh. Sa mission de désigné de la formation du gouvernement prendra fin la semaine prochaine. Les tractations s’accélèrent et chaque parti y met du sien pour décrocher un maximum de portefeuilles. Une chose est sûre, Elyes Fakhfakh n’en sortira pas indemne.
Quoiqu’ait dit Elyes Fakhfakh au début de sa désignation et l’assurance dont il avait fait montre, en s’appuyant sur la légitimité présidentielle, trois semaines après la réalité du terrain est tout autre. L’ancien cadre d’Ettakatol, sorti de la poche de Tahya Tounes, puis de celle de Kaïs Saïed, a dû revoir ses ambitions à la baisse. Il a surtout subi toutes les turpitudes possibles venant de ceux qu’il a choisis comme partenaires.
Au cours de ces dernières 24H, les contours de la composition gouvernementale ont commencé à se préciser. Selon les fuites, Elyes Fakhfakh a finalement cédé aux quotas partisans. Mais les tractations de dernières minutes pourront l’amener à opérer des retouches.
Ses services de communication ont annoncé mercredi, que la composition du gouvernement sera soumise au président de la République ce vendredi 14 février à 18h. D’après les délais constitutionnels, il lui est possible de poursuivre sa mission jusqu’au 20 février. Cependant, Elyes Fakhfakh y tient et l’a promis, il proclamera son équipe dans un délai de trois semaines, ce qui correspond à ce vendredi.
Plus que deux jours donc, et toutes les parties prenante de ce processus expriment leur mécontentement.
Aux dernières nouvelles, Al Karama de Seif Eddine Makhlouf ne fera pas partie du gouvernement. Après avoir proposé Yosri Dali à la tête du ministère de l’Intérieur, leur offre a été rejetée par Elyes Fakhfakh. Cela a contribué en partie à les rebiffer. Les Karama exigeaient également que les ministères de souveraineté ne soient pas neutres, sauf que Fakhfakh n’est pas d’accord et puis Ennahdha ne s’y opposait pas.
Du côté d’Attayar, qui s’est vu gratifié de trois portefeuilles (Domaines de l’Etat, Education, Réforme administrative), il rejette fortement les noms proposés à la Justice et à l’Intérieur. D’ailleurs, le parti de Mohamed Abbou n’a eu de cesse d’exiger le ministère de la Justice quitte à laisser tomber l’un des portefeuilles proposés. Mais face au refus, Attayar, par le biais de son député Ghazi Chaouachi se dit prêt à y renoncer à la Justice à condition que le ministère soit attribué à une partie réellement indépendante. De plus, Ghazi Chaouachi a clairement exprimé la détermination de son parti à obtenir un quatrième ministère à l’instar de la Jeunesse et des Sports ou encore des Technologies.
Pour ce qui est du partenaire d’Attayar au parlement, le mouvement Echaâb, il s’est vu proposer deux portefeuilles à savoir le ministère du Commerce et le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi en plus de postes à la Kasbah. Zouheir Maghzaoui, secrétaire général d’Echaâb a toutefois fait part de points de désaccord avec Elyes Fakhfakh et ceci concerne essentiellement « l’ambiguïté des critères de la constitution du gouvernement au niveau des compétences politiques qui en feront partie ». En outre, Echaâb, comme Attayar, ne voit pas d’un bon œil les nominations à l’Intérieur et à la Justice.
Contenter tout le monde n’est vraiment pas facile. Elyes Fakhfakh en voit des vertes et des pas mûres tous les jours depuis sa désignation. Et ce n’est pas le mouvement Ennahdha, le parti sans qui son gouvernement ne pourrait passer, qui lui faciliterait la tâche. La condition de Rached Ghannouchi était très claire. Ennahdha exige un gouvernement d’union nationale avec la plus large assise politique possible, avec une représentativité optimale des partis au parlement, et surtout il oppose son veto à l’exclusion de Qalb Tounes.
Mardi, Rached Ghannouchi rencontre Elyes Fakhfak puis Nabil Karoui à son bureau à l’Assemblée. A sa sortie, Nabil Karoui exprime son mécontentement qu’on veuille écarter son parti alors qu’il est le second sur l’échiquier politique. Ennahdha, qui continue à faire pression sur Elyes Fakhfakh, n’en démord pas. Fathi Ayadi disait aujourd’hui-même, que le chef du gouvernement désigné « avance d’un pas pour reculer de deux ». Il exprime les réserves du mouvement islamiste dont le bureau exécutif déterminera, dans les 24H, sa position définitive. Pour Fathi Ayadi, Fakhfakh continue à adopter l’ancienne mentalité tout en s’adossant sur une assise politique limitée : « Selon les dernières données dont je dispose, Qalb Tounes ne fera pas partie du gouvernement », s’est-il exclamé fustigeant une telle démarche qui contredit les exigences d’Ennahdha et avançant, surtout, l’éventualité que le mouvement ne participe pas au gouvernement.
Pour Iyadh Elloumi, député Qalb Tounes, la logique voudrait que le gouvernement n’obtienne pas ses 38 voix lors du vote de confiance tant qu’il ne participe pas dans la l’équipe Fakhfakh. Quant à Ossama Khlifi il a été très clair en annonçant que « L’opposition du gouvernement Fakhfakh a été formée avec succès ».
Blocage en vue donc. Les heures à venir s’annoncent déterminantes. Elyes Fakhfakh cédera-t-il aux pressions de crainte d’un désaveu comme celui essuyé par son prédécesseur ? Auquel cas, il risquerait de se mettre à dos Attayar et Echaâb. D’un autre côté, s’il opte pour un passage en force, en ignorant les exigences d’Ennahdha, son gouvernement sera mort-né. Un casse-tête bien tunisien auquel il fait face.
Ikhlas Latif
La morale de l'histoire M. E. Fakhfakh et M. N. Karoui: vous êtes condamnés de laissez toujours votre patron parler et decider en premier.
.. LE RESTE NEST QUE FOUTAISE!!!!

