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Avec une telle assemblée, le pays sera ingouvernable
06/10/2019 | 23:00
3 min
Avec une telle assemblée, le pays sera ingouvernable

 

C’est une vraie mosaïque qui se dégage des résultats des sondages des élections législatives tunisiennes. Ennahdha, qui se proclame vainqueur des élections, n’obtient que 40 sièges. Quelques heures après l’euphorie (ou le choc cela dépend d’où on se place), la question de la composition du gouvernement commence à pointer son nez, avec le spectre de nouvelles élections qui survole la scène politique.

 

Jamais on n’aura vu un parlement aussi divisé. Si l’Isie confirme les résultats avancés par les instituts de sondage, la scène politique tunisienne devra faire face à une équation insoluble. Si le premier parti de Tunisie, gagnant des élections législatives, ne dispose que de 40 sièges, on voit mal quelles sont les coalitions ou les accords possibles pour former un gouvernement qui obtiendrait 109 voix lors du vote de confiance.

La deuxième force de ce futur parlement sera vraisemblablement Qalb Tounes qui tourne autour de 35 sièges. D’après les déclarations des partis Ennahdha et Qalb Tounes, aucune alliance n’est envisageable entre les deux forces, même si cela rappelle les discours d’Ennahdha et de Nidaa Tounes avant les élections de 2014. Mais même si l’on suppose une telle alliance, on n’en sera qu’à 75 députés et l’on reste loin des 109 voulus.

Donc, en toute logique, il existe deux options. La première est celle d’une large coalition qui rassemblerait Ennahdha, Attayar, la coalition Al Karama avec en plus des indépendants et éventuellement le mouvement Echaab. Toutefois, même dans cette optique, la coalition reste chancelante et ne pourra, en aucun cas assurer la stabilité du gouvernement qui pourrait en être issus. La deuxième option est celle d’une dissolution de l’assemblée qui sera confronté à l’impossibilité de former un gouvernement. Cette option, même si elle est tout à fait envisageable, plongerait le pays dans une crise politique profonde. 

 

Cette configuration fait que ceux qui tiennent réellement les clés d’un possible gouvernement ne sont pas les deux partis qui ont gagné les élections, Ennahdha et Qalb Tounes. Les partis Tahya Tounes (17 sièges), coalition Al Karama (17 sièges), mouvement Echaab (15 sièges), parti destourien libre (14 sièges) et Attayar (14 sièges) seront incontournables pour former un gouvernement. Rappelons que le parti destourien libre a fait de l’hostilité envers les islamistes est le fonds de commerce qui lui a fait obtenir des voix, il est peu probable qu’il y ait une quelconque alliance. De son côté, Mohamed Abbou, secrétaire général d’Attayar, a d’ores-et-déjà annoncé qu’il se placerait dans l’opposition. Il reste donc Tahya Tounes, la coalition Al Karama et le mouvement Echaab pour tenter de former un gouvernement. Mais même dans cette configuration, et si l’on suppose l’accord des différents partis, nous n’obtiendrons que 89 sièges. Quelle que soit la coalition obtenue, il faudrait l’adhésion d’une partie des indépendants pour obtenir le graal des 109 voix pour former le gouvernement.

 

Précision importante, ces projections ne prennent pas en considération les sièges gagnés à l’étranger, qui sont au nombre de 18. Toutefois, la répartition de ces 18 sièges ressemblera à celle nationale. Ceci fait que l’équation reste tout aussi difficile à résoudre.

Quelle que soit la pirouette qui sera trouvée pour former un gouvernement. Il est inenvisageable de former un gouvernement qui soit stable et qui pourra, par conséquent, entamer les réformes courageuses dont le pays a besoin. Autre point important qui doit être pris en considération, l’inexpérience des nouveaux députés.

Selon la composition parlementaire qui se profile à la lumière des résultats des sondages, l’assemblée sera largement renouvelée. Donc, les nouveaux élus, en majorité, n’ont aucune expérience du travail parlementaire et pour certains d’entre eux, aucune expérience politique. Par conséquent, trouver des consensus et des arrangements politiques pour former le prochain gouvernement sera extrêmement difficile.   

 

En attendant, le pays doit composer avec une nouvelle loi de finances 2020 qui n’est pas exemptée de pièges en tous genres. Ceci sans parler des différents défis économiques et sociaux qui attendent la Tunisie. Par ailleurs, les nouveaux élus doivent être conscients qu’ils sont le fruit de la colère populaire envers un système politique qui a échoué. Donc, ils doivent savoir qu’ils sont dans l’obligation morale de satisfaire les revendications qui les ont amenés là où ils sont. Et c’est là, précisément, que le bat va blesser.

 

Marouen Achouri

 

 

06/10/2019 | 23:00
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Commentaires (11)

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ya7bini
| 11-10-2019 14:12
En résumé ces élections législatives nous apporte une poignée de voleur et d'extrémistes.
Sans être dans la démesure le constat est le suivant : voici la compo de la future assemblé :
- Poignée de voleur et ou des futurs condamnés par la justice : ceux qui cherche l'immunité
- Poignée d'extrémiste de tout bord
- Poignée de chômeur qui se croit à pôle emploi et sont à la recherche d'un CDI après tout après toumiya gassass pourquoi pas eux!!
- Et puis une minorité de gens compétents qui veulent du bien à ce pays (ça se compte sur les doigts de main)
Quand je regarde les noms des listes, je m'en veux à mort de ne pas fonder un partie et le nommer « ya7 nindebhom » qui sait j'aurai peut-être quelques sièges à cette loterie ou disons mascarade

Realiste
| 07-10-2019 13:38
Que fait l'ARP, 60% de son temps était consacre a des votes sur des prêts. Une grande partie du 40% restant est consacrée a l'approbation de la loi de finances. Ennahda va rencontrer beaucoup de difficultés pour former un gouvernement, donc on va probablement passer deux mois sans gouvernement et Yousssef Chahed et son équipe seront toujours aux commandes. La loi de finances 2020 sera déjà approuvée avec YC aux commandes. Le budget du gouvernement est rigide, une grande partie est alloue aux salaires et dépenses de fonctionnement, une autre au service de la dette donc le débat est inutile, le gouvernement et le parlement ne peuvent pas changer l'équation sans changer le système et affronter l'UGTT.

Après deux mois et une extension pour la formation d'une coalition, Ennahdha doit déclarer qu'elle est incapable de former un gouvernement et passer le relai a Qalb Tounes.

Qalb Tounes peut former une coalition avec: Tahya (14) + Nidaa (4) + PDL (14) + Tayar (14) + Qalb (35) + 3ich (5) + Autre (12) + Harkat Al Chaab (15) = 113 + indep (12). On va suivre l'exemple de l'Italie.

rz
| 07-10-2019 13:29
Enfin Vous confirmez que ce pays ne pourra être gouverné que par un dictateur comme avant 2010, car depuis 2011 on a essayé la "démocratie" et à 2/3 reprises on a livré le pays à un Parti islamiste que tout un chacun est convaincu de leur limite en matière de gouvernement. Donc le fameux dégage pour ben ali a été vidé de tout son sens avec une majorité de ce pays qui ne comprend même pas le sens de ce mot magique et à chaque occasion font fi aux élections, colonne vertébrale de la démocratie!

yasmina
| 07-10-2019 13:19
Propablement il faut completer l'analyse avec une identification des tendances ideologiques et les programmes semblables parmis les grandes listes et celles des independantes, des coalitions et d'autres petits partis

DHEJ
| 07-10-2019 12:36
Ou QUELLE "S" dans F= 1/2 Ro C V² S

Ou encore à quelle vitesse avancera la création du Gouvernement?

Un parlement non homogène alors quelle "homogénisation" pour choisir la direction du Gouvernement?

Toutefois, le parlement reflète la richesse de la Tunisie une richesse est-elle sous la responsabilité du ministère public?

JUSTICE TUNISIENNE!

Bref la Tunisie a bien "CHUTE"!

A4
| 07-10-2019 11:17
NUISANCE
Ecrit par A4 - Tunis, le 23 Janvier 2019

Moi je plains tous ces enfants
Je plains ces pauvres marmots
Qui sautillent insouciants
Les pieds nus dans les flaques d'eau

Je plains ces petits gamins
Qui rigolent tous en ch'?ur
Qui colorient des dessins
Y mettant plein de couleurs

Moi je plains ces petits qui
Par malchance ont des parents
Qui s'inventent des acquis
Archaïques et aberrants

Des parents qui veulent tout
Mais qui n'ont rien dans la tête
Mis à part des désirs fous
Ne laissant que plein de dettes

Je les plains car moi je sais
Que quand finit la récré
Pas de tirelire à casser
Aucun trait n'est à tirer

Moi je sais que c'est à eux
De vider toutes leurs poches
Pour payer les goûts ruineux
De papa, maman et proches

Ils seront bien sûr contraints
De travailler comme des fous
Pour rembourser les emprunts
Des fainéants et des voyous

Ils ne seront qu'obligés
De se griller les méninges
Pour trouver comment payer
Avec cette monnaie de singe

Je suis sûr qu'ils auront honte
De cette lignée de ratés
Qui n'a laissé dans ses comptes
Que des trous à colmater

Je les plains ces pauvres mômes
Qui se font bien arnaquer
Par des ignares, des sous-hommes
Voraces et mal éduqués

Je plains ce maudit pays
Sans ressort et sans déclic
Où chacun nous envahit
Avec ses plans diaboliques

Puis avec délectation
Et en toute insolence
Il met en application
Son pouvoir de nuisance

A4
| 07-10-2019 10:52
Le tableau est sombre.
Mais on peut ajouter une couche: le taux de participation est de 40 % c'est à dire que 6 bipèdes sur 10 n'ont pas voté.
Ces 6 bipèdes, non satisfaits des politicards, non satisfaits de la constitution, non satisfaits de la loi électorale et non satisfaits de leurs situations socio-économiques ne tarderont pas à sortir dans la rue avec à la main autre chose que des bulletins de vote, et qui vivra verra !!!

Gg
| 07-10-2019 10:22
Le parti majoritaire passe de 90 à 40 sièges, le suivant à tout juste le tiers d'une majorité, et tout cela avec 75% d'abstention! La situation est pire qu'avant ces élections.
Les tunisiens n'ont rien à faire de la Tunisie, c'est tout. Advienne que pourra

yasmina
| 07-10-2019 08:59
Une analyse relative au mode du scrutin qui fait que les citoyens perdent tt simplement leurs votes: par example si votre parti n'est pas dominant dans certaines zones rurale ou autres ou il n'ya pas pas un grande agglomeration d'electeurs, votre vote est tt simplement a la poubelle, donc ca revient a dire que de tels electeurs n'ont pas un mot dire meme s'ils se rendent aux urnes. Ce systeme electorale ne nous encourage pas a aller voter ceux qu'on veut.

A.
| 07-10-2019 02:47
Quel beau coup d'échec. Nous avons tous contribué à cette belle neutralisation parlementaire.
60% d'abstension et un 40% fragmenté. Que ce soit une lecon pour ennahdha, tahya et Nidaa. Le peuple ne rigole pas. Soit vous travaillez serieusement soit le peuple vous neutralisera (légalement et démocratiquement). J'espere que Kalb Tounis a bien suivi les choses et a appris la lecon rapidement. Le peuple a donné une chance à kalb Tounis alors sachez en profitez sinon vous aurez le meme sort que Tahya, nidaa et ennahdha.
Le vrai parti gagnant est bien Qalb Tounis. Un nouveau joueur politique qui entre par la grande porte dans la scene politique. Sachez que tous ceux qui se sont alliés à Ennahdha ont laissé leurs plumes... (aucune exception, c'est comme l'araignée la veuve noire)