
L’élection présidentielle s’approche à grands pas et pour la première fois, le mouvement islamiste Ennahdha a décidé de prendre part à cette échéance électorale contrairement aux élections de 2014. C’est ainsi le président par intérim de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Abdelfattah Mourou, qui représentera les couleurs du mouvement islamiste. Une candidature qui ne fait pas l'unanimité auprès des islamistes eux-mêmes.
L’idée qu’un dirigeant nahdhaoui représente le parti à la présidentielle avait été fortement contestée par certains dirigeants phares du mouvement. C’est d’ailleurs le cas du député Mohamed Ben Salem qui avait estimé qu'Ennahdha devrait uniquement se concentrer sur les élections législatives et non sur la présidentielle. Et pour cause! Il y pourrait y avoir un risque de polarisation si deux candidats ayant la même idéologie arrivent au deuxième tour de cette élection.
Petit retour en arrière. Lors des élections de 2014, le mouvement islamiste avait décidé de ne présenter aucun candidat à l’élection présidentielle. Les dirigeants d’Ennahdha ont préféré se tenir à l'écart, du moins officiellement, et laisser les électeurs choisir entre l’ancien président de la République, Moncef Marzouki, et le défunt chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, au deuxième tour du scrutin présidentiel.
Aujourd’hui, le contexte n’est pas le même surtout après le décès de Béji Caïd Essebsi. Les cartes ont été redistribuées après le dépôt de candidature de l'ancien compagnon de route des nahdhaouis et ex-chef du gouvernement de la Troïka, Hamadi Jebali. Etant donné que le mouvement prévoyait initialement d’apporter son soutien au chef du gouvernement, Youssef Chahed.
Et pour contrer la candidature de Hamadi Jebali, le conseil de la Choura a choisi de soutenur celle de Abdelfattah Mourou. Il s'agit, d’une part, de contrecarrer leur ancien compagnon de route et, de l'autre, d'attirer les électeurs islamistes à voter en faveur du candidat officiellement désigné.
Or, cette candidature est loin de faire l'unanimité. Elle a été fortement contestée par Rafik Abdessalem, membre du bureau politique et gendre du président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi. Selon Abdessalem, « cette décision est un mauvais choix et ne répond en aucun aux exigences du parti ».
Réagissant à cette décision, le président du conseil de la choura, Abdelkrim Harouni, a indiqué, lors d’un point de presse tenu aujourd’hui, mercredi 7 août 2019, que le président d’Ennahdha a préféré céder sa place à Abdelfattah Mourou pour la présidentielle. Harouni ajoute : « C’est le président du mouvement qui avait proposé le nom de Abdelfattah Mourou. Ce dernier a obtenu 98 voix pour, 5 abstentions et 0 voix contre ».
Certes, le règlement intérieur d’Ennahdha prévoit que le président du mouvement est le candidat naturel du parti à la présidentielle mais Rached Ghannouchi a préféré au final se présenter aux législatives en tant que tête de liste sur Tunis 1. A travers cette candidature stratégique, le parti vise la présidence du parlement comme l’avait affirmé il y a quelques jours Abdelkrim Harouni dans une déclaration aux médias.
Il faut dire que la position de président de l’Assemblée est nettement plus confortable que celle du président de la République. Les pouvoirs du président du parlement sont, selon la constitution de 2014, bien plus avantageux que celle du chef de l’Etat. Et c’est ce que vise exactement le mouvement islamiste sachant que plusieurs projets de loi - dits révolutionnaire - n’ont toujours pas été examinés par les élus du peuple, notamment celui très épineux concernant l’égalité dans l’héritage.
Ce texte de loi avait, rappelons-le, suscité l’indignation des dirigeants nahdhaouis, notamment la députée Mehrezia Laâbidi, et le parlementaire et ancien ministre de la Justice durant le gouvernement de la Troïka, Noureddine Bhiri. Ces derniers avaient en effet estimé que ce projet de loi est totalement contraire aux préceptes de l’islam. Idem pour le décret autorisant le mariage d’une musulmane à un non-musulman.
Autre point à relever : la popularité de Rached Ghannouchi est, selon les sondages d’opinion, bien inférieure à celle de Abdelfattah Mourou. D’ailleurs, les Tunisiens ont été agréablement surpris de voir le président de l’ARP par intérim marchant derrière le cortège funèbre de feu Béji Caïd Essebsi, le 27 juillet dernier. Cet acte pourrait-il jouer en faveur du candidat d’Ennahdha dans la course à la présidentielle ? Avec sa candidature à la présidentielle, de Abdelfattah Mourou saura-t-il redorer l’image de ce mouvement islamiste auprès des électeurs, sachant que sa personnalité est fortement appréciée par de nombreux Tunisiens?
En tout état de cause, la candidature de Abdelfattah Mourou à cette échéance électorale sera un nouveau test pour le mouvement Ennahdha et principalement pour ses dirigeants. Les élections législatives et la présidentielle seront également une occasion pour découvrir s’il va y avoir une fissure au sein de ce parti ou si cette candidature serait en fin de compte un simple jeu politique.
Emna Ben Abdallah

Commentaires (8)
Commenter@Emna Ben Abdallah
@Professeur de droit
Par contre en 2014, Mourou était en tête d'une liste électorale d'Ennahdha. Ainsi certains Tunisiens ont voté plutôt un parti politique et non pas un nul!
La candidature de Mourou est une honte pour la Tunisie et pour la très grande majorité des Tunisiens.
Je ne peux pas imaginer que cette pièce rouillée du l'ancien millénaire pourrait conquérir un jour Carthage!
Encore un candidat-cactus... et ses épines ne sont pas inermes !!
Assez rigoler !!!
@MH
Les magouilles crapuleuses de la secte du Diable et leurs cabinets étrangers
Lors des élections de 2014 ou 2011, des documents ont fuités sur ces cabinets anglo-saxons ou sionistes rémunérés par quelques millions de dollars, mais aux pays des anes parlants Dieu nous a gratifié par une courte mémoire.
Ces mêmes cabinets qui demandent à la secte de redorer son image par des femmes non voilés sexy si c'est possible comme la petite de Sidi Bousaid aux municipales ou la tête de liste proposée par le gourou aux prochaines législatives et qui a de beaux et gros seins.
Ces choix imposés par ses cabinets et qui ont conduit à l'élection de Souad Abderrahim à la Tête de la ville de Tunis contre la volonté des rétrogrades de la Choura. Pour apaiser ces derniers, on les laisse choisir un caméléon de la secte.
Ce caméléon peut servir, si jamais il gagne aux élections, il cèdera après son poste de président de la République au président du parlement qui sera sans aucun doute le gourou de la secte du Diable. Les anes parlants auront alors pour chef d'Etat-major des armées Tunisiennes un ancien terroriste et membre de la mouvance sectaire diabolique internationale.
C'est un plan crapuleux bien orchestré par la mouvance internationale et ses cabinets d'expertises sionistes et anglo-saxons.
Tunisiens Patriotes ne vous laissez pas conduire par ces anes parlants d'un autre monde et d'une autre époque qui nous envahissent d'outre-mer et qui n'ont aucune allégeance à la patrie et aucun sens de patriotisme ni d'honneur. Soyons prêt à combattre ces plans diaboliques.
NB : Avec le gourou comme chef du parlement, le scenario reste valide même si Mourou ne gagne pas les présidentielle. N'oublions pas que notre président BCE est décédé suite à un étrange empoisonnement. Attention grave DANGER